Parti communiste du Québec

4/30/2009

NOTRE AVENIR AU CANADA: LE SOCIALISME!

Programme du Parti communiste du Canada et du Parti communiste du Québec

[À propos de ce texte – “Notre avenir au Canada: le socialisme!” est le programme politique adopté par le Parti communiste du Canada (PCC) lors de son 33ème Congrès, tenu à Toronto en février 2001. C’est également le programme du Parti communiste du Québec, qui en tant que section du PCC, adhère au même programme.]

Chapitre 1
Notre but est le socialisme

À travers les siècles, les travailleurs et les travailleuses ont toujours cru à un monde de liberté et d’égalité, ainsi que de la fin de l’exploitation et de la misère. Tout au long du XXe siècle, des millions de personnes à travers le monde ont défendu la cause du socialisme. Aujourd’hui, les grandes entreprises et leurs défenseurs proclament que le socialisme est mort, que le développement humain est achevé et que le capitalisme durera éternellement.

En fait, c’est le système capitaliste, basé sur la propriété privée des moyens de production, qui n’a plus d’avenir. Ayant dépassé la période où il était utile, il est aujourd’hui incapable de répondre aux besoins et aux aspirations des peuples du monde.

De par sa nature, le capitalisme engendre et accentue le chômage et la pauvreté de façon massive, le chauvinisme national ainsi que la marginalisation, le racisme, l’inégalité et l’oppression entre hommes et femmes, la destruction de l’environnement et la guerre.

Sous le capitalisme, les pratiques et les institutions démocratiques sont vidées de la majorité de leurs caractéristiques réelles. La “démocratie” capitaliste assure à la classe des capitalistes le droit de dominer l’économie et la société, et d’exploiter le peuple.

La mondialisation capitaliste, dirigée par l’impérialisme états-unien avec l’appui total de la classe dominante du Canada, menace les derniers vestiges de souveraineté et d’indépendance du pays. Les accords multilatéraux sur les investissements et le commerce enlèvent au peuple le droit démocratique de choisir ses propres politiques et son propre mode de développement.

Aujourd’hui, le capitalisme au Canada et partout à travers le monde est un système constamment secoué par des crises. C’est un système décadent qui porte en lui son contraire : le socialisme.

La Commune de Paris, première grande onde de choc héroïque de la classe ouvrière contre le capitalisme, a surgi et a été écrasée par la force en 1871. La seconde plus grande onde de choc a commencé avec la Révolution russe de 1917, quand, pour la première fois dans l’histoire, les travailleurs et les travailleuses de concert avec leurs alliés, qui formaient ensemble la grande majorité de la population, se sont emparés du pouvoir d’État. Les victoires du socialisme, particulièrement en URSS, en Chine et à Cuba, ont animé les travailleurs et les travailleuses et les peuples, partout à travers le monde, dans leurs luttes pour la libération. Cette onde de choc a cependant été freinée à la fois par la force militaire de l’impérialisme et par les profondes lacunes des pays socialistes.

Le socialisme demeure la prochaine étape incontournable du processus de développement historique de notre pays. Seul le socialisme peut donner aux besoins et aux aspirations du peuple la plus haute priorité. Seul le socialisme pourra favoriser le peuple plutôt que les profits. Et seul le socialisme sera capable d’utiliser les bienfaits de la révolution scientifique et technologique pour promouvoir le bien-être de tous et toutes plutôt qu’en enrichir une poignée d’individus et de groupes et faire la guerre. Il n’y a pas d’autre voie pour remplacer le socialisme. Il n’y a pas de “troisième voie”.

L’établissement du socialisme, fondé sur le pouvoir ouvrier, aussi bien ici qu’au niveau international, constituera une étape cruciale vers la véritable démocratie, c’est-à-dire le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

Dans un Canada socialiste, les principaux moyens de production et de distribution de la richesse appartiendront collectivement à la société dans son ensemble. L’exploitation de la force de travail sera abolie. La dégradation écologique sera stoppée et une approche planifiée en matière de relations entre la vie humaine et l’environnement sera mise en œuvre. La précarité, la misère, l’insécurité et la discrimination, qui font partie intégrante de l’exploitation capitaliste seront éliminées. Le socialisme établira finalement une nouvelle société basée sur la solidarité, l’égalité et l’émancipation.

Au cours de son développement, le socialisme jettera les bases véritables du communisme, c’est-à-dire une société sans classes, au sein de laquelle, pour la première fois dans l’histoire, le développement libre et intégral de chacun et chacune assurera le développement de tous et de toutes.

Le but du Parti communiste du Canada est d’établir une société socialiste, puis finalement, une société communiste au Canada. Le Parti œuvre en vue de la victoire du socialisme partout à travers le monde.


Chapitre 2
Le capitalisme au Canada

Qu’est-ce que le capitalisme?

Le système économique dans lequel nous vivons est le capitalisme. Dans ce système, les moyens de production sont, de façon prédominante, placé sous le régime de la propriété privée ; les capitalistes gèrent leurs industries, leurs banques, leurs sièges sociaux, leurs mines, leurs entreprises forestières, de transports et de services dans le but de faire des profits. Ils tirent leurs profits et accumulent du capital au moyen de l’exploitation de la classe ouvrière, qui comprend toutes les personnes travaillant de leurs mains et de leurs cerveaux pour un salaire. Le travail humain, de pair avec la nature, est la source de toutes les richesses matérielles et culturelles.

Sous le capitalisme, les travailleurs et les travailleuses ne sont pas propriétaires des moyens de production. N’ayant pour source principale de revenu que leur capacité de travailler, ils sont obligés de vendre leur force de travail à un capitaliste en échange d’un salaire pour pouvoir vivre. La classe ouvrière constitue la grande majorité de la population dans des pays capitalistes tels que le Canada; elle comprend les travailleurs et les travailleuses œuvrant dans tous les secteurs de l’économie, syndiqués ou non, chômeurs ou sous-employés. La classe ouvrière comprend également les familles de ces gens.

Aujourd’hui, le système encourage les travailleurs et les travailleuses à investir dans des actions et des obligations d’épargne. Leurs fonds de pensions sont devenus un important bassin de capitaux d’investissements et de spéculation à la Bourse et sur les marchés financiers. Les capitalistes peuvent ainsi compter sur ces fonds additionnels pour leurs investissements, tout en faisant croire aux travailleurs et aux travailleuses qu’ils ont une certaine influence sur les décisions économiques et sur les politiques des entreprises. En vérité, le “capitalisme populaire” n’est qu’un mensonge : il est exclusivement contrôlé par la classe capitaliste.

Le conflit fondamental qui existe entre le capital et le travail est propre au système capitaliste. Les capitalistes, qui contrôlent les principaux moyens de production de la société, n’engagent et ne paient leurs employés que si la force de travail de ces derniers leur rapporte des profits. Ils maintiennent les salaires aussi bas que possible afin d’extraire le plus de profits possible de l’exploitation de leurs employés-es. La classe ouvrière lutte pour maintenir et augmenter les salaires, pour améliorer les conditions de vie et de travail, et pour accroître ses droits économiques, politiques et sociaux. Tel est l’aspect central de la lutte des classes sous le capitalisme. La lutte des classes affecte toute la société, et, parvenue à une certaine étape, elle pousse la classe ouvrière à entreprendre une lutte révolutionnaire afin de changer le système social lui-même.

Sous le capitalisme, le processus du travail est réalisé par les efforts conjoints d’un nombre considérable de personnes, œuvrant dans des fabriques, des usines et des bureaux. Bien que le travail et le processus de production soient organisés de façon sociale (collective), les fruits du travail sont appropriés de façon privée par les propriétaires des moyens de production. Cette contradiction fondamentale entre le caractère social de la production et l’appropriation privée et capitaliste des biens et services produits est à l’origine de tous les maux du capitalisme : le chômage, l’insécurité économique et sociale, la pauvreté généralisée, les crises économiques et les guerres.

En se développant, le capitalisme crée en même temps son propre fossoyeur : la classe ouvrière.

Le développement du capitalisme au Canada

Au Canada, les rapports capitalistes existent depuis le début de la colonisation européenne et de l’oppression des peuples aborigènes. Les structures coloniales se sont développées dans le contexte du capitalisme mercantile, l’une des premières formes de capitalisme. Elles étaient axées à l’origine sur l’exploitation et le commerce du poisson, des fourrures et du bois entre les colonies et la France et l’Angleterre. Avec le développement de la colonisation et l’accumulation de capitaux, les premières petites entreprises ont commencé à se former. Graduellement, des entreprises plus importantes ont vu le jour, surtout forestières et de construction navale.

Au moment de l’établissement de la Confédération, en 1867, l’expansion industrielle était déjà en plein essor, stimulée par le développement des transports maritimes et ferroviaires et par l’introduction de la machine à vapeur et des autres réalisations technologiques.

À cette époque, le Canada était une colonie dominée par des capitaux britanniques. Au début du XXe siècle cependant, la dépendance commerciale et la dette envers la Grande-Bretagne ont graduellement été remplacées par la dépendance, encore plus grande, envers le capital et la technologie des États-Unis. Des capitaux gérés par des entreprises US ont pris le contrôle des secteurs-clés de l’économie canadienne, surtout dans le domaine des industries manufacturières et des ressources naturelles. Le Canada a ainsi accru, plus que tout autre pays capitaliste développé, son intégration et sa dépendance envers l’économie états-unienne. Et cette situation, à son tour, a augmenté le déséquilibre de la structure économique canadienne. La présence grandissante des transnationales des États-Unis et d’autres pays a accru les pressions déjà existantes en vue d’accroître l’exploitation des ressources naturelles canadiennes. Cela a également conduit à une fuite massive et croissante de profits, d’intérêts, de tarifs et autres types de transferts de capitaux, ce qui a, à son tour, entraîné une réduction de la création de nouvelles entreprises, de l’emploi et de la recherche. Cela a aussi facilité la pénétration politique et culturelle de l’impérialisme états-unien.

Le capitalisme au Canada aujourd’hui

Le capitalisme fait en sorte que la richesse et la propriété des moyens de production se concentrent entre les mains d’un nombre toujours plus réduit de personnes. Au Canada, comme partout à travers le monde, les petits producteurs, les commerçants et les cultivateurs sont écrasés par les entreprises capitalistes plus puissantes. C’est dans un tel contexte de compétition acharnée que le capitalisme primitif a donné naissance aux monopoles. La fusion du capital bancaire et du capital industriel, orchestrée par un petit nombre de groupes financiers, a permis à une poignée d’immenses entreprises de dominer toute l’économie. Tel est le stade du capitalisme monopoliste, base économique de l’impérialisme, stade suprême et final du développement capitaliste.

Le capital financier, résultat de la fusion du capital bancaire et du capital industriel, est devenu la forme dominante de capital au Canada. Le capital financier, aussi bien canadien qu’international, contrôle des transnationales et des banques géantes, qui, de façon croissante, exercent leurs activités partout à travers le monde sans tenir compte des intérêts nationaux.
Le capitalisme monopoliste actuel se caractérise principalement par le rôle dominant des entreprises transnationales. Les investissements et la spéculation dûs à des flux toujours croissants de capital financier international déstabilisent les marchés nationaux et régionaux et le système capitaliste mondial dans son ensemble. Une poignée d’entreprises transnationales géantes, dont plusieurs ont plus de pouvoir économique qu’un grand nombre d’États et d’économies nationales, se battent pour parvenir à l’hégémonie mondiale. D’une part, cette lutte accélère la concentration des richesses par la fusion d’entreprises, par de nouvelles acquisitions et par des partenariats. D’autre part, elle accélère aussi l’appauvrissement des populations partout à travers le monde. Avec la mondialisation capitaliste, le développement inégal, caractéristique propre à toutes les étapes du capitalisme, atteint des proportions inégalées.

Mais malgré tout son pouvoir économique et idéologique actuel, le capitalisme monopoliste est plongé dans une profonde crise systémique dont il est incapable de sortir. Il s’agit d’une crise générale, à la fois économique, politique et culturelle. Le capitalisme essaie de résoudre cette crise en intensifiant l’exploitation, les agressions militaires et les guerres.

Le capitalisme monopoliste d’État

Le capital financier soumet toujours plus directement l’État canadien à ses intérêts et à son contrôle. Le stade du capitalisme monopoliste d’État, dans lequel les intérêts du capital financier sont absolument confondus avec ceux de l’État, est une nouvelle étape de l’expansion du contrôle des entreprises sur tous les secteurs de la vie économique et politique. Le gouvernement, bien qu’il donne l’impression d’être indépendant des intérêts de tel ou tel entreprise en particulier, n’en est pas moins devenu, pour l’essentiel, un instrument au service d’une poignée des plus importants capitalistes monopolistes pour contrôler le reste de la société. Le capital financier utilise l’État pour obtenir des contrats, du capital et des subventions, pour conquérir des marchés étrangers et pour placer ses investissements. Le capital monopoliste appuie l’expansion des secteurs d’État, que se soit au niveau des services ou des entreprises, quand cela sert ses intérêts. Autrement, il favorise plutôt les coupures et les privatisations. L’État sert également à redistribuer les revenus et les richesses dans l’intérêt des monopoles au moyen du système fiscal ainsi que des lois qui visent à réduire les salaires et à affaiblir le mouvement syndical.

Le capitalisme monopoliste d’État sape les bases de la démocratie bourgeoise traditionnelle. La soumission de l’État aux intérêts du capital financier mine le rôle déjà réduit des instances élues des gouvernements. Cela se produit à tous les paliers de l’État, que se soit au niveau fédéral, provincial ou municipal. Le grand capital intervient ouvertement dans les processus électoraux en faisant la promotion de ses propres intérêts. Il intervient également de manière indirecte au moyen d’un réseau d’instituts et de comités d’experts (“think tanks”) qui lui sont favorables. Il utilise son contrôle sur les médias pour influencer les idées et les attitudes de la population et pour influencer sans aucun scrupule les résultats des élections. Il corrompt le processus démocratique en achetant politiciens et fonctionnaires. Le grand capital foule aux pieds les droits politiques du peuple en l’empêchant de pouvoir faire des choix vraiment démocratiques. Il augmente ainsi, au sein de la population, le sentiment d’aliénation et le cynisme à l’égard du processus électoral.

Dans les conditions actuelles de mondialisation capitaliste, de manière à défendre et promouvoir ses intérêts, le capital financier international a besoin d’institutions de régulation, reconnues et appuyées par les États impérialistes. Il a accru le rôle des institutions capitalistes internationales existantes telles que l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, afin d’imposer son hégémonie sur le plan international. Il a également favorisé la création et le renforcement des blocs régionaux constitués par les traités tels que l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), l’Union européenne (UE) et la Coopération économique des pays d'Asie-Pacifique (CÉAP ou APEC) afin de défendre les intérêts des centres impérialistes respectifs. Ces puissantes structures internationales minent la souveraineté des pays et des États, favorisant ainsi l’apparition de nouveaux conflits et contradictions au sein du système de régulation du capitalisme monopoliste.

L’État monopoliste capitaliste moderne, quelle que soit sa forme, a pour principaux objectifs la préservation du système capitaliste et l’enrichissement des monopoles. Il doit donc réprimer le mouvement de la classe ouvrière et de son avant-garde révolutionnaire. Il doit aussi écraser les pays qui demeurent socialistes, ainsi que les luttes de libération nationale à travers le monde.

Le capitalisme canadien et les transnationales

Le Canada est un pays impérialiste, c’est-à-dire un État capitaliste monopoliste hautement développé. Le niveau de contrôle étranger au Canada est le plus élevé de tous les pays impérialistes dans le monde; néanmoins, le Canada n’est ni une colonie, ni une semi-colonie. Les transnationales canadiennes participent à l’exploitation des masses laborieuses d’autres pays, et le Canada est soumis à toutes les contradictions propres au capitalisme mondial.

Aujourd’hui, le capital financier canadien est étroitement lié aux transnationales états-uniennes et au capital financier international en général. L’imposition de politiques néolibérales et, particulièrement, des accords dits de "libre-échange", ont intensifié ce processus d’intégration capitaliste sous la domination des États-Unis. Les groupes monopolistes canadiens contrôlent de nombreux secteurs de l’économie ainsi que l’État canadien, mais le capital financier international, principalement celui des transnationales états-uniennes, contrôlent des secteurs considérables dans les domaines de l’extraction des ressources naturelles, de la production de biens manufacturés et des services. Ce niveau élevé de propriétés étrangères a augmenté les déséquilibres structurels et les inégalités régionales au sein de l’économie canadienne. La domination des États-Unis mine la capacité du Canada et des autres pays des Amériques à contrôler leur économie respective. Des décisions importantes en matière d’investissement, de changements technologiques, de fermetures d’usines et de congédiements sont prises hors de nos frontières. Aucun secteur de l’économie canadienne n’échappe à l’influence des transnationales des États-Unis et des autres pays.

Simultanément, il se produit une concentration toujours plus rapide de la richesse entre les mains d’un groupe extrêmement petit de conglomérats et de transnationales. L’économie canadienne est ainsi devenue beaucoup plus monopolisée que plusieurs autres pays impérialistes. Le capital canadien franchit en même temps nos frontières à un rythme croissant. Le monopole canadien est devenu plus qu’un partenaire secondaire de l’impérialisme états-unien : il fait partie intégrante du système impérialiste mondial. Les intérêts des monopoles canadiens sont étroitement liés à ceux du capital états-unien. Des liens se tissent également avec l’Union européenne et le Japon.

La collaboration entre les secteurs les plus réactionnaires des monopoles états-uniens et des monopoles canadiens se reflète clairement dans la politique étrangère. La subordination voulue du Canada à l’impérialisme états-unien force le Canada à suivre la politique belliciste des États-Unis en tant que membre de l’Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et d’un réseau d’autres accords de "défense". Les politiques d’intégration économique et militaire adoptées par la section dominante du capital financier a transformé le Canada en une rampe de décollage militaire pour le complexe militaro-industriel états-unien.

Les monopoles canadiens ont leurs propres intérêts indépendants à protéger et à promouvoir. Mais la tendance dominante au sein des secteurs monopolistes canadiens vise l’intégration économique et la collaboration politique avec l’impérialisme états-unien et avec le capital financier international en général. Pour maximiser leurs profits, les monopoles canadiens sont prêts à sacrifier la souveraineté économique et politique du pays, à condition de recevoir une part raisonnable du pillage des ressources naturelles canadiennes, de conserver un part du marché national et d’accaparer une plus grande part des marchés états-uniens, régionaux et mondiaux.

La dépendance du Canada à l’égard de l’impérialisme états-unien a coûté cher en matière de développement. Cette dépendance a accéléré l’épuisement des ressources naturelles du Canada, diminué notre degré d’autosuffisance en matière de production alimentaire et d’autres produits de base, aggravé les déséquilibres propres au développement inégal dont souffre le Canada, radicalement réduit la recherche et le développement et éliminé des emplois dans presque tous les secteurs de l’économie.

Une plus grande intégration du Canada à l’impérialisme états-unien va carrément à l’encontre de la volonté, exprimée par la grande majorité des Canadiens et des Canadiennes, de défendre la souveraineté et l’indépendance du pays. La lutte contre la domination états-unienne, pour une véritable indépendance canadienne et pour une politique étrangère indépendante fait partie de la lutte qui se développe au niveau international contre la mondialisation capitaliste, l’agression impérialiste et la guerre.

La lutte pour la démocratie et la souveraineté est une composante nécessaire et une partie intégrante du processus révolutionnaire canadien. Elle exige une lutte concertée contre le principal ennemi du peuple canadien : le capital financier aussi bien canadien qu’international. Pour mener avec succès cette lutte, la classe ouvrière devra en assumer le rôle dirigeant.

Le capital financier et le peuple

La concentration, la centralisation et l’internationalisation toujours grandissantes du capital ont créé une effarante division entre les monopoles et la majorité du peuple au Canada.

L’idée que le capitalisme correspond à une société de consommation et d’abondance, et que celui-ci est capable de surmonter toutes les crises et qu’il peut assurer le plein emploi et des conditions de vie toujours meilleures est erronée. L’idée que la croissance économique et la création d’emplois sont possibles si l’on augmente la productivité et la compétitivité internationales est également fausse. Sous toutes ses formes, le capitalisme est opposé aux intérêts de la classe ouvrière. Ce système ne peut véritablement assurer de sécurité pour le peuple travailleur parce qu’il est basé sur l’exploitation du travail par le capital, dans le but de générer le profit. La soif insatiable de profits, l’exploitation croissante et l’accélération constante des cadences de travail tendent à éliminer toutes les augmentations de salaire que les travailleurs et les travailleuses peuvent arracher par leurs luttes. Le capital monopoliste réalise, en surplus, d’immenses profits sur le dos des salariés en manipulant le système monétaire, en se servant du crédit, et en dictant au gouvernement des politiques fiscales qui redistribuent le revenu national à l’avantage des riches.

Le capitalisme canadien confirme la loi générale sur l’accumulation, mise en évidence par Karl Marx : le capitalisme crée partout plus de richesse privée, mais transforme du même souffle toujours plus de personnes en salariés (prolétarisation), en chômeurs et en pauvres.

Le capitalisme monopoliste d’État profite également de la classe ouvrière en la divisant au moyen de l’oppression systématique des femmes, des jeunes, des peuples aborigènes, des personnes de couleur, des handicapés et des défavorisés. C’est un système qui prive les personnes de leur dignité humaine.

Les monopoles et les transnationales perpétuent la surexploitation des femmes en tant que travailleuses, ainsi que l’oppression sexiste des femmes, jeunes et adultes, au sein de la société. L’offensive du capital financier contre les conditions de vie et les droits sociaux affecte encore plus durement les femmes que les hommes. Le principe de salaire égal pour un travail équivalent est refusé aux femmes : leurs salaires et leurs revenus demeurent inférieurs à ceux des hommes. Les taux de chômage des femmes, surtout celui des femmes de couleur et des femmes aborigènes, sont plus élevés. Nombre de femmes n’arrivent pas à sortir du ghetto des emplois mal payés de secteurs tels que les services ou la production industrielle à domicile qui sont quasi impossibles de syndiquer.
Au lieu de faciliter l’avancement des femmes, le capital monopoliste crée plus d’obstacles à l’avancement professionnel des femmes, à l’établissement de garderies, aux congés parentaux entièrement payés, au libre choix en matière de reproduction et à la pleine participation des femmes à la vie politique. Les femmes sont également plus durement touchées par les coupures dans les services sociaux et par les attaques contre les pauvres.

La violence contre les femmes demeure généralisée. Malgré l’ampleur du problème des mauvais traitements physiques et psychologiques et les pratiques déshumanisantes contre les femmes, les fonds publics destinés aux refuges pour femmes, aux centres de crises pour victimes de viols et aux autres installations d’importance cruciale pour les femmes, sont coupés.

Alors qu’aujourd’hui elles constituent presque la moitié de la main-d’œuvre salariée au Canada, les femmes effectuent encore la majorité des travaux ménagers dans notre société. La situation est similaire ailleurs. Bien que ces travaux ne fassent pas directement partie du cycle de l’exploitation capitaliste, ils jouent néanmoins un rôle essentiel dans le processus de reproduction de la force de travail. Le double fardeau est l’une des plus importantes formes d’oppression des femmes sous le capitalisme.

Le capitalisme monopoliste refuse à la jeunesse un avenir prometteur. Un nombre croissant de jeunes sont en chômage ou sont sous-employés. Les coupures effectuées dans l’éducation publique créent un système à deux vitesses, ouvrant la porte à la privatisation en bloc de l’éducation. Les étudiants de collèges et d’universités font face à des frais de scolarité supérieurs et à des dettes écrasantes à mesure que l’éducation post-secondaire devient toujours plus inaccessible aux jeunes de la classe ouvrière et des couches moyennes.

Le capitalisme monopoliste a systématiquement recours au racisme pour tirer des superprofits et créer des boucs émissaires afin de détourner les masses populaires de la lutte pour des emplois, la santé publique, l’éducation et l’accroissement du niveau de vie. Le capitalisme canadien a une longue histoire de racisme; Les théories racistes affirmant la supériorité des blancs furent utilisées pour justifier le pillage brutal perpétré contre les peuples aborigènes. Le racisme, la xénophobie, le régionalisme, le sexisme, l’anti-sémitisme et les autres formes de discrimination, y compris la discrimination contre les gais et les lesbiennes, les bisexuels et les transsexuels, contre les communautés et groupes immigrants, contre les minorités culturelles et religieuses, contre les athées, ainsi que contre les retraités et les handicapés, ont été utilisés pour diviser la classe ouvrière et affaiblir l’unité du peuple au cours de ses luttes.

Le capitalisme, source des crises

Malgré sa capacité de produire d’immenses richesses, le système capitaliste moderne s’enlise au Canada dans une crise grandissante à tous les niveaux. Cette crise est systémique et comporte plusieurs éléments, parmi lesquels une récession économique cyclique, un chômage structurel massif, des crises agricoles, environnementales et sociales. Le capital financier utilise ses nombreuses et abondantes ressources, entre autres l’État canadien, pour essayer de gérer cette crise et maintenir sa domination de classe. Il est cependant incapable de résoudre les contradictions fondamentales qui le caractérisent et qui sont la cause de la crise systémique du capitalisme.

L’économie capitaliste suit un cycle comprenant les phases d’expansion, de stagnation, de crise profonde et de reprise. Habituellement, l’expansion est suivie d’une surabondance de produits sur le marché. Ensuite viennent les fermetures d’entreprises et les mises à pied de travailleurs et de travailleuses, non pas parce que la population n’a plus besoin des produits fabriqués par ces entreprises, mais parce que les marchandises ne se vendent plus dans des quantités et à des prix assurant des taux de profit jugés satisfaisants par les capitalistes. La capacité productive entre alors en contradiction avec le pouvoir d’achat réduit de la population. Une lente reprise commence alors, et le cycle se poursuit jusqu’à la prochaine phase de crise. Ces crises périodiques de surproduction relative sont une caractéristique indissociable du capitalisme. Les capitalistes essaient de rejeter le fardeau de ces crises cycliques sur le dos du peuple travailleur qui est alors obligé et doit riposter.

La régulation de l’économie par l’État est elle-même en crise. Le keynésianisme correspondait aux politiques réformistes bourgeoises basées sur une intervention limitée de l’État qui furent largement mises en œuvre au cours de la longue phase d’expansion économique qui suivit la Deuxième Guerre mondiale, pour stabiliser les économies capitalistes; ce système visait à affaiblir et à détourner le militantisme et l’internationalisme des mouvements de la classe ouvrière. Le keynésianisme cherchait à diminuer au sein de la classe ouvrière la puissante attraction qu’exerçait alors la voie socialiste. Ces politiques permirent, jusqu’à un certain point, et pendant un certain temps, d’atténuer les plus graves effets des crises cycliques, mais ne purent malgré tout empêcher ces crises de se produire. Ces politiques heurtaient en même temps les intérêts du capital financier dans la mesure où elles favorisaient l’accroissement du secteur d’État et une amélioration, bien que limitées, des salaires et des protections sociales pour le peuple travailleur. C’est ce qu’on a par la suite appelé l’“État providence”. Cette amélioration, même partielle, entravait évidemment l’accumulation et la concentration du capital. Avec le temps, les intérêts des transnationales sont entrés en profond conflit avec les politiques keynésiennes de régulation de l’État qui freinaient les flux de capitaux au niveau international et les activités des transnationales en général. De plus, les politiques keynésiennes plongeaient l’État capitaliste dans une dette publique alarmante, dont le montant des intérêts (le “service” de la dette) est surtout payé par les travailleurs et les travailleuses.

Vers le milieu des années 70, l’aggravation de la crise a forcé le capital financier à rejeter les politiques économiques keynésiennes et à s’orienter vers le néolibéralisme. Adoptant le slogan “retournons à la liberté du marché”, les gouvernements capitalistes du Canada et d’ailleurs ont commencé à imposer un programme dévastateur et anti-populaire, mais favorable aux entreprises, de “libéralisation” du commerce (le soi-disant “libre”-échange), de déréglementation et de privatisation.

Le néolibéralisme, politique dominante du capital financier actuel, constitue une violente attaque contre les masses laborieuses. Mais le retour aux politiques keynésiennes, qui ont lamentablement échoué, ne constitue nullement la solution dont la classe ouvrière a besoin. Que se soit sous “la main de fer dans un gant de velours” propre au réformisme de l’“État providence” ou sous la férule du “coup-de-poing dans le bas-ventre” propre au néolibéralisme réactionnaire, les politiques du capital financier et de son État ne peuvent satisfaire les besoins du peuple travailleur.

Aucun des deux types de politiques bourgeoises ne peut débarrasser l’économie capitaliste de ses dérèglements organiques et de ses crises économiques; aucun de ces deux type ne peut assurer un progrès économique rapide et sans inflation, pas plus qu’une situation efficace de plein emploi de la main-d’œuvre. La croissance économique provoque inévitablement la surchauffe de l’économie, des tensions extrêmes, le développement inégal et des crises monétaires et financières. Ces éléments montrent que le capitalisme monopoliste d’État ne peut éliminer l’insécurité économique, les crises cycliques et le chômage chronique massif.

Malgré toutes les réglementations gouvernementales et internationales, le capitalisme monopoliste demeure fondamentalement une économie de marché désordonnée. En effet, les réglementations gouvernementales et la planification du développement économique sont fondamentalement incompatibles avec les relations capitalistes basées sur la propriété privée et le spontanéisme des forces du marché capitaliste.

Seule une alternative démocratique, opposée à l’entreprise capitaliste, mettant les intérêts du peuple avant les profits peut défendre les intérêts de la classe ouvrière au Canada et préparer la voie au véritable pouvoir populaire et au socialisme.

Productivité, chômage et la classe ouvrière

Le rythme accéléré des progrès scientifiques et technologiques et leur rapide application dans toutes les sphères de la vie ont qualitativement transformé les forces productives (c’est-à-dire les outils, les matières premières et la main-d’œuvre elle-même). Le caractère et la substance du travail dans le processus de production sont en train de changer, ce qui affecte à la fois la composition de la classe ouvrière et ses relations avec les autres classes. Le capital financier, dans sa course continuelle au profit, utilise la technologie pour baisser les coûts de production en remplaçant la main-d’œuvre par des machines et par des procédés économisant le travail. Les progrès scientifiques et technologiques ont augmenté le degré d’exploitation et d’aliénation de la classe ouvrière.

L’introduction des nouvelles technologies n’a pas changé l’essence du capitalisme et ne permettra donc pas d’émanciper la classe ouvrière. C’est en fait le capital qui se renforce le plus par l’introduction de moyens de haute technologie et de techniques de production nouvelles, telle que la production “juste à temps”. Plus les progrès technologiques se multiplient et plus le taux de productivité s’accroît, plus le taux d’exploitation augmente, plus l’intensité du travail s’accentue et plus se creuse le fossé qui sépare le capital financier des travailleurs et des travailleuses. L’allongement des heures de travail ainsi que l’augmentation de la tension physique et mentale au travail ont des effets néfastes sur la santé et la sécurité de tous les travailleurs et des travailleuses.

La révolution des sciences et de la technologie a augmenté la dérèglementation de la production et le développement inégal du capitalisme. La compétition acharnée entre les transnationales et les groupes financiers rivaux pousse chaque entreprise à introduire de nouveaux moyens technologiques dans le but de réduire les coûts de production. Mais les innovations technologiques sont extrêmement coûteuses, et l’augmentation constante des dépenses nécessaires à leur implantation dans les lieux de travail font baisser le taux de profit. Le capital financier essaie alors de contrer cette baisse tendancielle du taux de profit de plusieurs façons : (1) par la réduction des dépenses salariales en diminuant les salaires, en augmentant les cadences de production, en allongeant la journée de travail, en sous-contractant, en licenciant, en fermant des installations et en procédant à d’autres formes de restructurations des entreprises ; (2) par l’absorption ou par la fusion d’entreprises rivales ; (3) par la redistribution des revenus au moyen de politiques fiscales qui augmentent les impôts des gens ordinaires tout en allégeant ceux de la classe capitaliste ; (4) par la privatisation de plusieurs sections du secteur public, ce qui permet alors d’obtenir de nouvelles sources de profits ; et (5) par l’accès à de nouveaux marchés au moyen d’accords de commerce et d’investissement, et, si cela est nécessaire, au moyen d’agressions militaires.

Les innovations technologiques dans le contexte du capitalisme monopoliste provoquent de profonds changements structurels, des inégalités entre les différentes sphères de la production et des distorsions généralisées au sein de l’économie, et cela autant au niveau de chaque pays qu’au niveau mondial. Le capital financier international utilise son monopole technologique pour piller les pays en voie de développement.

Les progrès de la technologie de l’information sont une composante essentielle de la mondialisation capitaliste et de la standardisation dans plusieurs domaines de la production. Dans un contexte général où le capital est toujours plus mobile, ces progrès permettent une mobilité encore plus grande de la production. En augmentant le nombre et les types d’industries, le capital peut répondre aux grèves ou aux revendications des travailleurs et des travailleuses en transférant rapidement ailleurs et presque sans interruption des secteurs entiers de production de façon permanente ou provisoire. Comme lors de toutes les révolutions technologiques antérieures, de tels changements de la production exigent de la classe ouvrière l’élaboration de nouvelles tactiques et de nouvelles formes de lutte pour relever les défis, entre autres le développement de la solidarité internationale et des actions conjointes du mouvement ouvrier international.

Bien qu’ils freinent parfois, en fonction de leurs intérêts, les progrès scientifiques et techniques, les monopoles ont surtout tendance à introduire de nouvelles technologies afin d’accroître la productivité et de baisser les coûts de production dans le but d’obtenir plus de profits d’une main-d’œuvre réduite. Les transnationales états-uniennes exercent une mainmise quasi absolue des technologies de pointe. Elles utilisent cette position privilégiée pour rendre le Canada plus dépendant et moins souverain. Cela freine en même temps la recherche et le développement et réduit également le nombre d’emplois qualifiés et de haute technologie existant au Canada.

La modernisation de l’économie par l’implantation des technologies les plus récentes est un processus extrêmement coûteux qui se finance grâce aux profits exorbitants extorqués à la classe ouvrière par les entreprises installées dans les pays capitalistes développés et par les capitaux siphonnés dans les pays en voie de développement. Ces pays sont saignés à blanc par les transnationales et par leurs gouvernements respectifs, qui arrachent des impôts et des taxes aux masses laborieuses et donnent de généreuses subventions à ces entreprises commerciales et industrielles.

L’État dicte les mesures économiques, organisationnelles et administratives nécessaires pour briser la résistance face à l’introduction de nouvelles technologies. L’État, entre autres tactiques, intensifie ses attaques contre les syndicats pour affaiblir leur résistance à la restructuration anti-ouvrière et pour les détruire. Dans ce but, les entreprises et l’État essaient d’atténuer ou d’éliminer les normes protégeant les conditions de travail ainsi que les lois qui permettent la syndicalisation, la négociation des conventions collectives et le droit de grève; ils s’attaquent également aux salaires et aux programmes sociaux.

Parmi les problèmes sociaux causés par l’introduction des sciences et des technologies nouvelles, le plus grave est celui de l’acroissement du chômage. Alors que la révolution scientifique et technologique tend à favoriser les cols blancs plutôt que les cols bleus, le taux de formation professionnelle est inférieur au taux de croissance de la population. Les taux de chômage permanent et de sous-emplois sont devenus des phénomènes de masse qui ne suivent plus les phases de reprise et d’expansion du cycle économique. Le Canada en subit les tragiques conséquences : d’une part, toute une génération de jeunes en est particulièrement affectée, un grand nombre d’entre eux risquant de ne jamais trouver d’emploi à plein temps et même, tout simplement, de ne jamais trouver d’emploi au cours de leur vie ; d’autre part, les chômeurs plus âgés ne sont pas réintégrés dans la main-d’œuvre parce qu’ils manquent de compétences et parce que l’on considère qu’il serait peu rentable de leur donner une nouvelle formation pour la période relativement courte de vie active qu’il leur reste.

Cette tendance se maintiendra et accentuera les conflits sociaux.

Dans ce contexte de taux de chômage élevé et de flexibilité extrême des procédés de production, les emplois à temps partiel, temporaires et à contrat augmentent de façon considérable, surtout pour les femmes et pour les jeunes. Des lois du travail rétrogrades ne garantissent pas, à ces derniers, le salaire minimum, la sécurité d’emploi, l’attribution d’allocations de sécurité sociale ou le droit de se syndiquer. Cette réalité isole un grand nombre de travailleurs et de travailleuses à temps partiel du reste de la main-d’œuvre et surtout du mouvement syndical. Cette tendance est renforcée par la nature et par les conditions mêmes du travail à temps partiel.

La combinaison du chômage et du sous-emploi fait en sorte que la pauvreté atteint maintenant d’autres classes sociales. Si la classe ouvrière et les personnes animées d’un esprit démocratique ne combattent pas les courants réactionnaires et néo-fascistes, ces derniers se renforceront en manipulant les peurs et l’insécurité ressenties par les chômeurs permanents, les personnes marginalisées, les cultivateurs appauvris et les petits entrepreneurs ruinés.

Le chômage structurel accentue les divisions existant entre les personnes qui ont un emploi stable, les chômeurs et les personnes qui sont constamment déplacées en fonction du marché des emplois. Le capital se sert de l’armée de réserve constituée par les chômeurs non seulement pour diminuer les salaires, mais aussi pour jeter les différents secteurs des masses laborieuses les uns contre les autres. Le capitalisme monopoliste d’État utilise cette tendance à la stratification pour attaquer tous les travailleurs et les travailleuses. Ces derniers, constamment forcés de payer toujours plus de taxes et d’impôts directs et indirects, se retournent contre les pauvres et les sans emplois, qui paient eux aussi des taxes directes et indirectes, mais dont le sort est toujours plus désespéré, à mesure que les programmes sociaux qui sont sensés leur venir en aide, sont considérablement coupés.

Malgré le chômage chronique, la classe ouvrière continue sa croissance, aussi bien relative (par rapport aux autres couches sociales) qu’absolue (en terme de nombre). L’exode historique de populations des zones rurales aux zones urbaines ne constitue plus la principale source de croissance de la classe ouvrière. De nos jours, ses effectifs grossissent surtout en raison de la collectivisation et de la prolétarisation des professions et des semi-professions dans les secteurs des emplois de bureau, du commerce et de l’administration, et de l’accroissement du nombre de femmes et de nouveaux immigrants au sein de la main-d’œuvre salariée.

L’immigration, en particulier, est en train de modifier la composition de la classe ouvrière au Canada : de nombreuses communautés ethniques rejoignent ses rangs, créant une main-d’œuvre multi-ethnique, particulièrement dans les principaux centres urbains. Les nouveaux immigrants n’apportent pas seulement de la diversité au niveau ethnique ethnique et culturelle à la classe ouvrière, mais également l’expérience, le militantisme et la conscience de classe que certains d’entre eux ont développés au cours des luttes de classe menées dans leurs pays d’origine.

D’importants changements sont survenus dans la composition des différents secteurs de la classe ouvrière. Dans le passé, la classe ouvrière était surtout composée de travailleurs manuels que l’on retrouvaient principalement dans des fabriques, des mines et des entreprises de grandes dimensions, dont la main-d’œuvre formait u ensemble homogène, discipliné et directement subordonné aux exigences de l’accumulation capitaliste. D’importants et nouveaux secteurs de la classe ouvrière sont en croissance, notamment au sein du secteur public et des industries de service, à forte proportion de femmes. La révolution scientifique, technologique et informatique actuelle crée également de nouvelles activités et fonctions, et en modifie de plus anciennes. Les travailleurs et les travailleuses des nouvelles industries technologiques de masse, des institutions publiques et des services de grande envergure participent toujours plus activement au sein du mouvement syndical, au côté de leurs frères et de leurs sœurs des secteurs plus traditionnels.

Dans plusieurs nouveaux secteurs de l’emploi, de jeunes travailleurs et travailleuses apportent au mouvement ouvrier un nouvel élan de militantisme et de dynamisme. Bien qu’ils manquent d’expérience, leur énergie et leur détermination à lutter ont des conséquences générales positives sur le développement du mouvement syndical.

Malgré ces changements, la classe ouvrière reste une classe composée de travailleurs et de travailleuses salariés, qui ne possèdent pas de moyens de production, de distribution ou d’échange, qui doivent vendre leur force de travail afin de vivre et qui sont directement ou indirectement exploités par les capitalistes. Le conflit irréconciliable entre les travailleurs et les capitalistes demeure l’axe principal de la vie sociale et politique.

Depuis les années 70, le nombre et la proportion des travailleurs et des travailleuses autonomes ont augmenté au Canada. Les médias capitalistes déforment ce fait en affirmant que l’on assiste à une remontée des valeurs bourgeoises et de l’enthousiasme à l’égard du capitalisme au sein de la société. En fait, nombre de ces nouveaux “entrepreneurs” sont la conséquence directe du développement de la sous-traitance, des licenciements et de l’appauvrissement. Ces personnes sont très dépendantes et leurs niveaux de vie est inférieur à celui qu’ils avaient auparavant. Elles ont davantage de choses en commun avec la classe ouvrière qu’avec les capitalistes.

La crise des régions rurales au Canada

Le capitalisme monopoliste d’État est responsable de la crise agricole canadienne. La chute de la population rurale canadienne, évolution manifeste au cours de l’histoire, est une conséquence de la tendance du capitalisme à concentrer la richesse entre de moins en moins de mains et à expulser de leurs terres les petits fermiers qui n’arrivent plus à assumer les coûts toujours plus élevés de la machinerie et des autres intrants qui augmentent la production. Les politiques des gouvernements, favorables aux monopoles, n’ont fait que renforcer cette tendance. Les monopoles financiers et industriels dominent l’agriculture, et les fermiers doivent, d’une part, acheter les semences, l’équipement et les autres intrants aux prix élevés fixés par ces monopoles, et, d’autre part, vendre leurs produits aux prix fixés par les puissants monopoles d’emballage, de mouture et de manutention des grains et de transport ferroviaire. Le capital monopoliste les écorche vifs en contrôlant les marchés, les prix et les crédits. Il étend sa domination sur l’agriculture au moyen du complexe agro-industriel et par l’introduction de biotechnologies, telles que les cultures d’organismes génétiquement modifiés (OGM), strictement contrôlée par les monopoles du complexe agro-industriel.

En augmentation constante, le contrôle et la propriété des terres et des ressources par les monopoles imposent des dettes écrasantes aux fermes familiales, accélèrent les faillites et finissent par expulser leurs habitants de leurs terres, en nombres record. La faillite des fermes familiales et la transformation des membres de ces familles en travailleurs agricoles, c’est-à-dire leur prolétarisation croissante, est une conséquence directe du contrôle grandissant de l’agriculture par les grandes entreprises de transformation alimentaire et de machinerie agricole.

D’autres producteurs du secteur primaire sont confrontés à un problème similaire, tels que les pêcheurs et les propriétaires de terres à exploitation forestière, qui dépendent de la préservation des ressources renouvelables de la terre ou de la mer. La domination de ces industries par le grand capital et l’introduction d’équipements de haute technologie pour la récolte et la transformation des produits entraînent l’épuisement rapide de ces ressources, et préparent, dans certains cas, des désastres environnementaux. Les petits producteurs du secteur primaire sont également à la merci de ces grandes entreprises, auxquelles ils sont obligés de vendre leurs récoltes. Tiraillés par les coûts élevés d’opération, par les dettes, par la baisse du prix de gros de leurs produits, par l’épuisement des ressources, ces producteurs du secteur primaire et leurs familles voient leurs revenus diminuer, et des milliers d’entre eux ont été forcés d’abandonner complètement leur moyen de subsistance.

La restructuration technologique et la diminution des ressources dans les industries forestière et minière entraînent, elles aussi, de lourdes conséquences sur les travailleurs industriels, surtout sur les mineurs et les travailleurs du bois, qui vivent et travaillent dans les communautés rurales ou isolées. L’automation, l’épuisement des ressources ou ces deux éléments combinés ont éliminé plusieurs milliers d’emplois bien rémunérés et syndiqués.

Cette crise est en train de détruire les fondements de l’économie d’un grand nombre de communautés rurales et de petites villes à travers le Canada, ruinant les petites entreprises indépendantes et augmentant le chômage à la campagne.

La crise environnementale

Sous le capitalisme, la main-d’œuvre et l’environnement naturel sont exploités pour satisfaire l’objectif prioritaire des capitalistes, c’est-à-dire la réalisation de profits privés. En tant que système, le capitalisme ne peut exister qu’en augmentant continuellement l’étendue et l’intensité de l’exploitation et de l’appauvrissement de la main-d’œuvre, ainsi que le pillage de l’environnement.

Le système impérialiste est la cause fondamentale de la dégradation de l’environnement et des inégalités en matière d’utilisation des ressources. Le capitalisme, en tant que mode de production et de consommation, a élevé la dégradation de la nature à des niveaux jamais atteints dans l’histoire. Quelques exemples parmi d’autres le montrent clairement au Canada : l’épuisement des stocks de poissons de l’Atlantique et du Pacifique, le risque de disparition de la forêt pluviale tempérée à cause des coupes à blanc, l’aggravation de la pollution du bassin hydrographique des Grands-Lacs et la détérioration avancée de l’environnement urbain d’un grand nombre de villes.

L’expansion du capitalisme sur tous les continents, l’ampleur de la consommation des ressources et de l’énergie, l’effarante production de déchets, l’apparition et la prolifération de nouveaux produits toxiques répandus à des taux de concentration élevés ont causé la destruction et l’extinction, à un degré inégalé, de nombreuses espèces et systèmes écologiques. L’étendue et la gravité des catastrophes environnementales, le réchauffement de la planète et la diminution de la diversité biologique ont atteint des proportions critiques partout à travers le monde. Des régions entières sont affectées par la pollution de l’air, par la toxicité des océans et des systèmes hydrologiques des lacs et des rivières, ainsi que par la détérioration des zones littorales et des sols. Les dernières grandes forêts de la terre sont gravement menacées. Les problèmes dus à l’expansion tentaculaire des villes, au trafic et aux ordures se multiplient, les déchets nucléaires s’accumulent, les nappes phréatiques s’épuisent et les habitats de multitudes d’espèces animales disparaissent. Les transnationales ont déversé certains des déchets les plus dangereux pour l’environnement sur les territoires des pays dépendants et moins développés, mais aucun peuple n’est à l’abri de telles pratiques.

En essayant de rivaliser économiquement et militairement avec les puissances impérialistes, les pays socialistes ont commis de profondes erreurs, causant de graves dégâts environnementaux. Un des facteur qui contribua à aggraver la situation fut l’étouffement de la discussion et des débats au sein d’un certain nombre de partis communistes au pouvoir. En conséquence, ces partis ne purent éviter ces erreurs ou corriger rapidement celles-ci, de manière à construire le socialisme sur la base d’un environnement viable. De tels dégâts n’étaient pourtant pas propres au socialisme, puisque ce système ne vise pas la réalisation de profits privés.

Le Canada dispose de certaines des plus importantes ressources et réserves environnementales encore disponibles au monde. Mais les ravages causés par les entreprises et l’inaction des gouvernements, qui devraient pourtant mettre fin à de telles dévastations et renverser la tendance, menacent nos terres, nos rivières, notre littoral, l’air que nous respirons, la flore et la faune et la santé des habitants du Canada. Le capitalisme, de par sa nature, est incapable de régler cette crise. Les plus petites réformes, telles que des moratoires spécifiques, limitées et relatifs à l’extraction de ressources, suscitent une résistance obstinée. La course à des profits toujours plus élevés se cachent le plus souvent derrière le prétexte de protéger les emplois.

La lutte des travailleurs pour la santé et la sécurité au travail, ainsi que pour la sécurité d’emploi est inséparable de la lutte pour la protection et la restauration de l’environnement dans son ensemble, et pour un changement fondamental des attitudes et des rapports économiques à l’égard de l’environnement. De nos jours, alors que l’exploitation capitaliste et les crises s’aggravent, la question de l’environnement est indissociablement liée à celle des conditions de vie de la classe ouvrière, et cela ici même au Canada. Des secteurs de travailleurs et de travailleuses syndiqués, particulièrement les secteurs de ressources, ont accepté le discours des entreprises qui oppose mesures de protection de l’environnement et protection des emplois. Il est vital que les travailleurs et les organisations écologistes reconnaissent que pour garantir des emplois viables à long terme, il faut protéger l’environnement, et que les communautés doivent s’unir contre leur ennemi commun, le capitalisme monopoliste.

À elles seules, les réformes ne peuvent mettre fin à la tendance générale à la dégradation de l’environnement. Plusieurs des mesures de protection mises en œuvre jusqu’ici sont aujourd’hui affaiblies ou détruites par la déréglementation néolibérale et les coupures de budget. Le capital n’a jamais accepté de bon gré les atteintes à la propriété privée et à son "droit" d’exploiter. Ni les transnationales, ni les capitalistes dans leur ensemble ne sont capables de résoudre la crise environnementale. Les problèmes environnementaux qui s’accumulent sont si vastes, la mise en œuvre de solutions connues est si urgente et l’accroissement de la crise fait tellement partie de la nature du capitalisme qu’un changement révolutionnaire démocratique contre le capitalisme lui-même est nécessaire. Des changements si fondamentaux ne peuvent être réalisés que par l’action politique organisée de la classe ouvrière en unité avec ses alliés de classe.

Seul le socialisme peut mettre l’environnement avant les profits. Seul le socialisme permettra à l’humanité de corriger scientifiquement les graves conséquences sociales et environnementales du capitalisme sur la nature, et de se débarrasser ce système, qui, par son absence de planification et ses méthodes désordonnées, détruit l’environnement naturel. Les connaissances et les ressources de l’humanité doivent être utilisées pour protéger la terre pour les prochaines générations.

La crise des conditions sociales

La domination du capital financier et l’adoption de politiques néolibérales par ses gouvernements ont aggravé les contradictions sociales et les problèmes sociaux de toutes sortes.
Les droits humains et sociaux, c’est-à-dire le droit à un emploi satisfaisant, à l’éducation, à des soins de santé, à un logement adéquat, à la sécurité sociale pour les personnes âgées, à l’égalité sociale et économique à part entière pour les femmes, les immigrants, les membres des minorités et les travailleurs, et à la dissension politique sont continuellement réduits, attaqués ou carrément niés.

La pauvreté, les problèmes de logement, et le désespoir social deviennent chroniques pour des millions de gens. La santé, l’éducation, l’assurance-chômage, les systèmes de pension et de compensation pour les travailleurs et les travailleuses, ainsi que les autres programmes et services publics sont coupés et privatisés. Les logements à loyers modiques et les logements sociaux et coopératifs sont en train de disparaître. Le “filet de sécurité sociale”, pour lequel les travailleurs et les travailleuses se sont battus pendant si longtemps, est dans un état lamentable.

La vie sociale et culturelle du pays continue de se détériorer, et l’aliénation entraîne l’augmentation de la criminalité, du néofascisme, de l’accoutumance aux drogues, des mauvais traitements et de la violence contre les femmes et les enfants, ainsi que d’ autres formes de comportements oppresseurs et antisociaux. Le système encourage la cupidité et l’égoïsme, le culte de la consommation, l’apathie et l’indifférence, ainsi que l’individualisme effréné. Mais les valeurs sociales positives telles que la coopération, la solidarité et l’engagement envers la société sont également présentes et se développent, et personnifient la volonté de lutte du peuple.

Grâce au contrôle qu’il a sur l’économie, l’appareil d’État, les sciences, les médias et les communications, la culture et de l’industrie du spectacle, le capital financier peut exercer une pression psychologique et idéologique constante sur tous les aspects de la vie du peuple. Il transforme tout en marchandise, déforme et étouffe le développement des arts et des sciences, ainsi que la vie culturelle en général. Il ravale un nombre toujours croissant de scientifiques, d’artistes et de professionnels à des rôles de laquais des grandes entreprises. Il soumet la santé de la classe ouvrière et du peuple à des pressions toujours croissantes.

* * * * * *

Le capitalisme s’est transformé, depuis longtemps déjà, en un système parasitaire, incapable de répondre aux besoins grandissants du peuple, et opposé à ceux-ci. Les luttes des masses laborieuses pour la satisfaction de leurs besoins économiques, pour la démocratie et pour l’indépendance sont, par conséquent, des luttes contre le capital financier, aussi bien canadien qu’international.

Chapitre 3
Le Canada dans un monde en changement

Au cours du dernier siècle, la révolution scientifique et technologique a créé des moyens considérables permettant d’améliorer les conditions de vie. Jamais auparavant l’humanité n’avait disposé d’un tel ensemble de possibilités lui permettant de développer autant la productivité que la créativité, tout en réduisant la quantité de travail physique et la durée du travail nécessaires. Il est aujourd’hui possible d’enrayer la faim, les maladies et la misère au niveau mondial, de garantir à tous les peuples de la terre une vie digne, et de léguer aux générations futures un monde sain et viable, avec tous les écosystèmes variés dont il dispose.

Or la réalité est tout autre. La croissance considérable des forces productives et de la richesse s’est réalisée dans un contexte de rapports de production capitalistes. Il est, par conséquent, de la plus haute importance d’identifier les caractéristiques actuelles du système capitaliste mondial pour pouvoir déterminer les tâches qui incombent aux communistes et aux forces révolutionnaires et progressistes aujourd’hui.

La société capitaliste a connu d’importants changements au cours du dernier siècle. Nous vivons à l’époque de l’impérialisme, c’est-à-dire le stade suprême du capitalisme. Le monde dans lequel nous vivons peut être caractérisé comme suit. Les monopoles sont nés et ont fini par jouer un rôle décisif dans la vie économique, sociale et politique. Le capital bancaire et le capital industriel ont fusionné pour former le capital financier et donner naissance à l’oligarchie financière. L’exportation des capitaux a pris plus d’importance que l’exportation des marchandises. Les groupes de capitalistes monopolistes ont vu le jour au niveau international, conduisant à une nouvelle étape de l’internationalisation du capital et de la production. Le capitalisme monopoliste d’État, fusion des plus puissants monopoles, du capital financier et de l’appareil d’État bourgeois, est apparu.

Le développement de l’impérialisme et la lutte entre les principales puissances capitalistes pour la redivision du monde ont conduit aux guerres inter-impérialistes au niveau mondial, à la montée du fascisme, au pillage colonial et néo-colonial, et aux agressions impérialistes contre les peuples de plusieurs pays.

Le siècle passé a également été marqué par d’importants progrès scientifiques, politiques et sociaux. L’événement politique le plus important du siècle a été la Révolution socialiste d’octobre 1917 survenue en Russie, au cours de laquelle la classe ouvrière a pris le pouvoir, a instauré le premier État socialiste et a inauguré une nouvelle ère en matière de développement des relations sociales humaines. Cette révolution (événement précurseur de notre époque) le rôle décisif joué par l’URSS dans la lutte contre le fascisme, et la naissance subséquente de nouveaux États socialistes, qui allaient comprendre, ensemble, le tiers de la population mondiale, sont autant d’événements qui ont eu des conséquences profondes sur l’évolution de l’humanité.

La tendance révolutionnaire au sein de la classe ouvrière a grandi et mûri, et d’autres révolutions socialistes ont éclaté. Les luttes de libération nationale ont réussi à briser les chaînes de la servitude coloniale partout à travers le “Tiers Monde”. Des luttes de classe et des luttes démocratiques acharnées, menées au Canada, aux États-Unis et dans d’autres pays capitalistes, ont permis d’obtenir un grand nombre de conquêtes sociales et économiques cruciales pour les masses laborieuses, et d’importants droits de la personne pour les travailleurs, les femmes et les jeunes dans un grand nombre de pays.

Au cours des années 70, cependant, le capitalisme mondial est entré dans une nouvelle phase. L’accumulation du capital financier devenait difficile pour les pays impérialistes, qui devaient faire face à l’intensification de la compétition internationale, à l’essor de la révolution technique des communications et des transports, à l’augmentation astronomique des dépenses en armements, et aux crises de l’énergie. Pour pallier la baisse du taux de profit, les représentants du capital financier ont adopté la voie néo-libérale, qui se caractérise par l’intensification brutale de l’exploitation de la main-d’œuvre et de l’environnement, et par l’accélération de la mondialisation capitaliste. Un “Nouvel ordre mondial” a pris forme, basé sur l’accroissement de l’exportation de capitaux, sur la mobilité des capitaux internationaux, sur le pillage de la main-d’œuvre et des ressources naturelles étrangères, ainsi que sur l’internationalisation de la production et des marchés dominés par des monopoles impérialistes.

Discrètement au début, puis toujours plus ouvertement, l’État a adopté des politiques visant la privatisation, la déréglementation, la sous-traitance, les attaques contre les syndicats et contre les normes de protection de l’environnement, le démantèlement des programmes sociaux. Il ne s’agissait pas d’un simple changement de “politiques”, mais d’un des éléments essentiels des nouvelles conditions internationales d’accumulation capitaliste. Tous les partis capitalistes - conservateurs, libéraux et sociaux-démocrates - ont adopté les mêmes orientations générales, bien qu’à des vitesses de mise en œuvre différentes.

Ce changement mondial a entraîné un plus grand appauvrissement, à la fois absolu et relatif. Les normes de santé et d’éducation ont chuté. Dans les pays sous-développés, la stagnation et l’effondrement de l’agriculture ont provoqué un exode massif de paysans vers les villes, surchargeant les infrastructures urbaines sous-financées et déclenchant des crises environnementales. Partout à travers le monde, l’armée de réserve, au niveau de la main d’oeuvre, que constitue l’ensemble des chômeurs et des chômeuses, a augmenté considérablement.

La nouvelle phase néo-libérale du capitalisme a révélé encore plus clairement la nature prédatrice, parasitaire et agonisante de l’impérialisme. Le système capitalisme et sa classe dirigeante ne se maintiennent en place qu’au dépens de la vaste majorité des travailleurs, des travailleuses, et de l’environnement. Les politiques anti-ouvrières et anti-populaires des gouvernements capitalistes n’ont pas entraîné le progrès mais, au contraire, la régression des conditions sociales et l’aggravation des immenses problèmes auxquels l’humanité se trouve confrontée.

Alors que l’humanité entre dans le XXIe siècle, les événements internationaux sont marqués par les politiques barbares et inhumaines de l’impérialisme. L’humanité vit des temps extrêmement difficiles en raison des objectifs agressifs de l’impérialisme visant à dominer et à soumettre la planète entière. Ces objectifs se manifestent encore plus ouvertement depuis l’effondrement de l’Union soviétique et des autres pays socialistes d’Europe.

Les revers dramatiques subis par le socialisme au cours de la dernière décennie du XXe siècle ont profondément modifié l’équilibre des forces sociales et de classe dans le monde en faveur de l’impérialisme, plaçant les mouvements de la classe ouvrière, progressistes et anti-impérialistes sur la défensive.

L’impérialisme profite au maximum de la nouvelle situation née de cet échec historique mais temporaire. Les puissances impérialistes, les États-Unis d’Amérique en particulier, intensifient leurs efforts pour étendre leur hégémonie économique, politique et militaire aux quatre coins de la planète. L’impérialisme US a adopté une stratégie mondiale qui consiste à étendre encore plus sa sphère d’influence, à conquérir de nouveaux marchés et à contrôler de nouvelles sources de matières premières.

Loin de disparaître, les contradictions fondamentales qui ont façonné le monde au cours du siècle passé s’accentuent sans cesse. Cette situation crée les conditions objectives nécessaires pour le renforcement des luttes de la clase ouvrière et des peuples, indispensable pour le développement d’une alternative progressiste.

Ces contradictions opposent, entre autres : le travail et le capital, autant au niveau international qu’à l’intérieur de chaque pays; l’impérialisme et les forces du socialisme mondial; l’impérialisme et les peuples des pays en voie de développement ; et les principaux pays impérialistes entre eux. Une importante contradiction se développe, d’autre part, entre le mode de production capitaliste et l’environnement global.

Dans un monde dominé par les relations de production capitalistes, la contradiction la plus importante demeure actuellement celle qui existe entre le travail et le capital. Les activités des organisations capitalistes internationales et des transnationales accentuent la contradiction entre le caractère social de la production et l’appropriation capitaliste des produits. L’une ou l’autre des autres contradictions pourrait, à un moment donné, s’intensifier et occuper le premier rang.

L’énorme potentiel de développement des forces productives créé par la révolution scientifique et technologique est dévié et bloqué par la logique des relations de production capitaliste et par la course aux profits maximums. Des secteurs entiers d’emplois et de métiers sont dévalorisés, mis au rancart et éliminés. Le chômage, le sous-emploi et le manque d’éducation constituent un énorme gaspillage de potentiel économique ainsi qu’une tragédie humaine. D’autre part, la tendance à la privatisation et aux coupures dans les dépenses sociales étouffe toute recherche qui n’est pas directement relié à l’augmentation des profits pour les entreprises, peu importe le niveau d’amélioration des conditions humaines et environnementales que cette recherche permettrait d’atteindre.

Le rythme d’accumulation et de concentration du capital est effarant. Stimulées par la féroce compétition pour le contrôle du marché mondial, les acquisitions et les fusions d’entreprises, y compris celles des plus grandes transnationales, sont en train de concentrer un pouvoir économique et politique monstrueux entre les mains d’une super-élite toujours plus réduite de capitalistes. La restructuration radicale de l’industrie et du commerce, ainsi que les rationalisations et les réductions massives de main-d’œuvre qui en découlent, ont des conséquences dévastatrices sur la classe ouvrière, les fermiers, les professionnels, ainsi que sur les autres membres des couches moyennes, et même sur les petites entreprises non-monopolistes.

Les profonds changements intervenus dans les lieux de travail ainsi que dans les taux d’exploitation, combinés à l’impact des politiques néo-libérales dictées par les entreprises, sont en train de modifier la répartition de la richesse et des revenus dans tous les pays capitalistes.

L’accroissement du capital parasitaire constitue une autre tendance alarmante. Alors qu’autrefois une part considérable de capitaux était investie dans des activités productives, de nos jours d’importantes sommes sont détournées vers la spéculation, dans le secteur des devises, des opérations à termes et de la bourse, où d’importants profits sont siphonnés sans accroître la production. Cette spéculation empire le caractère anarchique propre à la production capitaliste, aggravant les crises cycliques et structurelles des économies locales, régionales et mondiale.

Le modèle économique néo-libéral du capital financier international, qui comprend, entre autres, les politiques d’ajustement structurel, a des effets particulièrement dévastateurs sur les femmes partout à travers le monde. Avec l’apparition de la société de classe, le patriarcat est devenu un processus complexe plaçant les femmes en position d’infériorité économique, sociale, culturelle et politique. Pendant des siècles, le patriarcat s’est développé conjointement avec le capitalisme jusqu’à devenir aujourd’hui une caractéristique institutionnalisée du développement capitaliste, forçant les femmes à porter le double fardeau de l’exploitation et de l’oppression. L’accroissement du chômage, les catastrophes environnementales, et les conflits régionaux accélèrent le processus d’appauvrissement et d’inégalité des femmes à travers le monde. De plus, les agents du néolibéralisme cherchent à identifier et à renforcer les institutions du patriarcat dans tous les pays, essayant de préserver les profondes inégalités sociales, et de s’en servir afin d’étendre l’impérialisme.

L’écart entre les niveaux de développement des pays capitalistes avancés et des pays en voie de développement augmente. Les échanges commerciaux injustes, les taux d’intérêt usuraires imposés par les banques et les institutions financières internationales pour le remboursement de la dette, ainsi que le monopole impérialiste sur la haute technologie se combinent pour transférer des richesses de plusieurs trillions de dollars des pays plus pauvres vers les centres impérialistes, causant l’aggravation des disparités en matière de division internationale du travail et de développement. Ces rapports de développement inégal engendrent une instabilité croissante au sein des économies locales et régionales. Les épisodes de crise deviennent toujours plus violents et prolongés, et l’impérialisme est de moins en moins capable de les contenir.

Sous la bannière de la “mondialisation”, l’impérialisme lutte pour restructurer toutes les relations internationales selon des orientations profondément antidémocratiques. Les organismes multilatéraux tels que l’Organisation du commerce, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale travaillent de concert avec les transnationales, les grandes banques internationales et les États impérialistes. Les pays qui résistent aux diktats impérialistes sont sévèrement punis par des désinvestissements, des fuites de capitaux, des attaques spéculatives contre les monnaies nationales, des interruptions de l’aide étrangère et de transferts technologiques, des amendes commerciales, des embargos économiques et des blocus. Les conséquences de ces mesures sont particulièrement dures pour les peuples des pays en voie de développement.

Et si, malgré de telles mesures, un pays continue à résister, l’impérialisme n’hésite pas à recourir à la force militaire brutale pour parvenir à ses fins. La fréquence des agressions unilatérales déclenchées par les États-Unis, seuls ou avec l’appui d’autres États impérialistes, est alarmante. La capacité des puissances impérialistes de recourir à des menaces militaires et à des agressions ouvertes a augmenté considérablement depuis l’effondrement de l’Union soviétique et de la communauté socialiste, qui constituaient un important contrepoids à l’impérialisme US.

L’un des principaux objectifs de cette offensive généralisée de l’impérialisme est d’anéantir les derniers États socialistes ou à orientation socialiste. En ayant recours au chantage économique, aux pressions militaires, à la pénétration idéologique, et en tirant profit des difficultés et des contradictions internes, l’impérialisme essaie d’affaiblir et finalement de démanteler le socialisme et de restaurer les rapports capitalistes dans ces pays. La période de “guerre froide” a beau être officiellement terminée, la lutte entre les forces de l’impérialisme et les forces du socialisme continue de plus belle. L’une des composantes de l’offensive impérialiste est la campagne idéologique visant à discréditer le socialisme et à décourager les travailleurs et les travailleuses de se joindre à la lutte en vue d’une nouvelle vague de transformations socialistes.

L’impérialisme essaie également de consolider la restauration capitaliste dans les ex-pays socialistes, de piller les richesses sociales de ces pays et de maintenir ces derniers dans un état de soumission et de dépendance.

Les contradictions au sein du camp impérialiste s’exacerbent également. Bien qu’il soit de leur intérêt commun d'imposer un seul marché mondial qu’ils pourraient dominer et contrôler, les trois principaux centres impérialistes mondiaux, les États-Unis, la Communauté européenne (CE) et le bloc asiatique naissant, dirigé par le Japon, mènent chacun une lutte acharnée pour s’arracher une plus grande part du butin résultant de la domination mondiale. À mesure que le climat économique capitaliste devient toujours plus effervescent, chaque centre impérialiste essaie de protéger sa position privilégiée au sein des marchés qu’il contrôle déjà, c’est-à-dire au sein de sa “sphère d’influence”, tout en essayant de supplanter ses rivaux sur d’autres marchés nationaux et régionaux.

L’impérialisme, surtout l’impérialisme US, envenime les conflits ethniques, religieux et frontaliers, cultive les nationalismes et le chauvinisme, instigue des conflits régionaux et les guerres d’extermination, fait naître des forces extrêmement réactionnaires et obscurantistes, et appuie des régimes répressifs et même fascistes.

Les aspects les plus dangereux de cette situation sont la militarisation des relations internationales, la continuelle course aux armements et la campagne impérialiste visant à affaiblir le rôle et l’autorité des Nations Unies en faveur de l’“unilatéralisme” représenté par l’impérialisme US et ses alliés de OTAN.

L’impérialisme est le principal facteur de la prolifération des armements et le principal instigateur de conflits régionaux, de guerres plus généralisées et même d’une guerre mondiale. Aussi longtemps que l’impérialisme existera, subsistera le danger de guerre impérialiste. L’impérialisme constitue la principale menace qui pèse sur le monde aujourd’hui, sur l’avenir de l’humanité et sur toute vie existant sur la planète.

Finalement, notre planète souffre des conséquences de siècles de soumission de la nature au jeu aveugle des forces du marché capitaliste. Sous le capitalisme, autant la main-d’œuvre que l’environnement sont soumis et exploités pour satisfaire le but principal des capitalistes, celui d’extorquer de la plus-value, c’est-à-dire des profits. En tant que mode de production et de consommation, le capitalisme a dégradé la nature à un niveau sans précédent dans l’histoire. Ce n’est qu’en se libérant du capitalisme que l’humanité sera en mesure d’établir de nouvelles conditions permettant un changement fondamental de ses relations avec la nature. Friedrich Engels affirmait: “À chaque étape, les faits nous rappellent que nous régnons sur la nature tels des conquérants sur des peuples étrangers, comme quelqu’un soumettant la nature de l’extérieur, mais aussi que nous, avec notre chair, notre sang et notre cerveau, faisons partie de la nature et que nous existons en son sein”.

Tous ces éléments constituent la réalité du processus de mondialisation. Ce processus, qui représente l’intensification de la tendance à concentrer et à centraliser les richesses naturelles et productives du monde entre les mains d’une élite extrêmement réduite de capitalistes financiers mondiaux, cause l’appauvrissement et le chômage généralisé des masses laborieuses et des peuples opprimés partout à travers le monde.

La maturation de ces contradictions approfondit la crise du système capitaliste au niveau mondial et suscite inévitablement la résistance et les luttes que mènent la classe ouvrière et les opprimés dans tous les pays. Selon le rapport des forces existant dans chaque pays, ces luttes prennent différentes formes, entre autres les luttes électorales, les manifestations et les grèves de masse et, dans certains cas, la lutte armée. Pour contrôler cette opposition croissante, l’impérialisme a toujours plus recours à la réaction politique, à la restriction des droits individuels et collectifs, à l’utilisation des services secrets de renseignements et de la machine de répression de l’État impérialiste.

La réalité sociale contemporaine montre le besoin, pour la classe ouvrière, de lutter pour apporter une solution révolutionnaire au capitalisme. La classe ouvrière doit renforcer la résistance au capital financier international, aux gouvernements qui défendent les intérêts de classe de celui-ci, et à l’idéologie bourgeoise qui justifie les politiques et les actions du capital financier. Seulement une lutte guidée par une conscience de classe et anti-impérialiste claire peut affaiblir la position dominante du capital financier monopoliste au Canada et au niveau international, créer les conditions nécessaires pour renverser son pouvoir, et bâtir le socialisme.

Au cours de son expansion internationale, le capital transforme le rôle des États nationaux : en réduisant leur fonction économique régulatrice et en transférant celle-ci à des institutions telles que l’OMC, le FMI et la Banque mondiale. En même temps, le capital monopoliste maintient la fonction coercitive des États en tant qu’instruments vitaux de défense de ses intérêts et de répression des formes d’opposition. La lutte pour des réformes démocratiques et anti-monopolistes majeures et, finalement, pour le pouvoir politique de la classe ouvrière est un combat qui se mène d’abord et avant tout au niveau de l’État national, dans chaque pays.

Mais, et en raison du caractère mondial du capitalisme contemporain, la résistance démocratique et de classe au niveau du pays ne suffit plus à elle seule. Les luttes menées dans chaque pays doivent être associées et coordonnées davantage aux autres luttes régionales et mondiales. Il est nécessaire, de toute urgence, de réunir la classe ouvrière et les forces démocratiques et progressistes en un front international démocratique et anti-impérialiste, afin d’affronter le pouvoir déchaîné du capital. Un tel front ou alliance pourrait être bâti à partir d’un programme en vue d’une véritable internationalisation basée sur les principes suivants: paix, non-agression et désarmement mondial ; souveraineté de tous les États, de l’égalité et des droits de toutes les nations, petites ou grandes; coexistence pacifique des différents systèmes sociaux; application de la Déclaration universelle des droits de l’homme; commerce juste et équilibré associé à une coopération économique; respect et promotion de la diversité culturelle; et protection de l’environnement mondial.

Le mouvement communiste international peut et doit jouer un rôle central dans la construction d’un large front de lutte anti-impérialiste au niveau international. Il est, par conséquent, d’une importance décisive d’accroître la coopération, la cohésion politique et l’unité d’action entre les différents partis communistes et ouvriers.

Les récents revers subis par le socialisme n’ont pas modifié l’orientation de l’histoire de notre époque. La phase actuelle de reflux de la classe ouvrière et du mouvement révolutionnaire est temporaire. La conscience anti-impérialiste et le militantisme se développent, et une nouvelle phase de luttes se prépare. Au cours du XXIe siècle, les forces révolutionnaires pourront se regrouper, bloquer l’offensive du capital international et lancer une contre-attaque décisive afin de protéger l’humanité, la paix mondiale et l’environnement. Il n’y a pas d’autre choix.


Chapitre 4
L’État canadien, les peuples et nations au Canada et la crise de la démocratie

Un fait domine la vie politique au Canada : le pouvoir d’État est contrôlé par le capital financier canadien. Dans la société capitaliste, les propriétaires des moyens de production de grande envergure, du commerce et de la finance contrôlent la machine d’État : les forces armées, la police, le système judiciaire et la fonction publique. L’État capitaliste est, par conséquent, un instrument de direction de classe. Une minorité très réduite, la classe qui exploite, étend sa mainmise sur la grande majorité de la population, c’est à dire ceux et celles qui produisent toutes les richesses et dispensent tous les services.

Au cours de l’histoire, le peuple canadien a mené une lutte révolutionnaire pour la démocratie : pour des institutions représentatives, pour le suffrage universel et pour les droits du peuple. En 1873, des soulèvements populaires anti-colonialistes, dirigés par les forces démocratiques du Canada français et anglais, se sont produits contre l’administration coloniale et les couches réactionnaires et privilégiés (le “Family Compact” du Haut-Canada et la “clique du Château” du Bas-Canada). Il y a ensuite eu l’insurrection révolutionnaire des Métis et des peuples aborigènes dans l’Ouest canadien. Ces luttes se sont développées avant et pendant la naissance du capitalisme industriel au Canada. Elles ont pavé la voie au développement de l’industrie et à la domination politique de la classe capitaliste canadienne.

L’État canadien garde l’empreinte de son origine coloniale : le chef de l’État canadien est encore la reine d’un autre pays et celle-ci peut se servir de ce qu’on appelle la “ prérogative royale ” et qui demeure mal définie. Les membres du Sénat sont toujours nommés parmi l’élite de la société.

Au moment de la Confédération, le gouvernement britannique a accordé la souveraineté législative aux capitalistes canadiens, qui, en échange, ont maintenu le Dominion du Canada au sein de l’Empire. Le Canada s’engageait alors à appuyer les politiques étrangères et les guerres de la Grande-Bretagne, et acceptait son rôle de fournisseur de matières premières.

Avec la croissance du monopole capitaliste, le nationalisme bourgeois canadien a commencé à s’affirmer. En 1931, le Statut de Westminster déclarait l’“égalité de statut” entre les membres du Commonwealth. Cette période correspondait en même temps à la montée des États-Unis en tant que force dominante à l’échelle du monde; la bourgeoisie canadienne, plus étroitement liée que jamais aux intérêts des monopoles états-uniens, rendait le Canada dépendant de l’impérialisme US. Depuis la Seconde Guerre mondiale, cette évolution a conduit le Canada à l’adoption de mesures d’intégration économique, politique et militaire de grande portée avec les États-Unis.

La classe capitaliste a réussi à maintenir son pouvoir de classe en offrant aux citoyens la prétendue “liberté de choix”, c’est-à-dire la possibilité de voter pour des partis politiques qui défendent les intérêts capitalistes, tout en contrôlant les organismes qui façonnent l’opinion publique. De plus, l’État finance les dépenses électorales des plus grands partis politiques. Ceux-ci se ressemblent toujours davantage pour ce qui est des principales questions d’importance pour le peuple. En même temps, les partis progressistes et révolutionnaires, plus petits, sont mis de côté ou même éliminés de la scène électorale. De façon croissante, d’importantes questions relatives aux politiques et à l’État sont retirées des débats parlementaires et tranchées en coulisse par des membres du gouvernement fédéral, par des fonctionnaires de l’appareil d’État qui n’ont pas été élus et par des juges qui ont été nommés, ou selon les clauses d’accords bilatéraux et multilatéraux imposés au peuple canadien. Une tendance antidémocratique similaire existe au niveau des gouvernements provinciaux et municipaux. Déjà sévèrement limité, le processus de prise de décisions qui est permis dans le cadre de la “démocratie parlementaire” bourgeoise, se détériore rapidement. Pour toutes ces raisons, les travailleurs et les travailleuses sont de plus en plus aliénés par la politique bourgeoise.

À mesure que la crise économique s’aggrave, le capital financier utilise le pouvoir coercitif de l’État pour briser les luttes légitimes du peuple. Perdant ainsi leur masque de neutralité, l’État et ses institutions se révèlent tels qu’ils sont. L’État n’est pas au-dessus des conflits sociaux : il constitue une force avec un parti pris. L’État joue un rôle actif et de plus en plus autoritaire au service du capital financier.

L’État intervient toujours plus directement pour bloquer et détruire le libre processus de négociation collective et restreindre le droit de grève, de piquetage et de syndicalisation. L’État utilise chaque jours davantage la police, les tribunaux et les briseurs de grève contre les grèves et les manifestations. L’État bloque et élimine systématiquement les réformes démocratiques qui seraient vitales pour protéger et étendre les droits des travailleurs, des femmes et des immigrants, et pour combattre le racisme et la discrimination. Les éléments centraux de cette offensive sont les dérèglementations, les privatisations et l’élimination de lois et d’acquis sociaux qui avaient été obtenus au cours de décennies de luttes.

Cette offensive contre la démocratie se manifeste en partie par la monopolisation croissante des médias et par la diminution de l’appui de l’État dans le domaine de la culture démocratique canadienne. Elle est combinée à la pénétration massive d’une culture de masse commerciale provenant surtout des États-Unis et souvent violente. La presse écrite et les autres médias de masse constituent la voix du capital financier et des forces de droite. Les médias commerciaux deviennent des instruments toujours plus sophistiqués et puissants de manipulation de l’opinion publique, répétant comme des perroquets la propagande favorable aux monopoles, filtrant les nouvelles et les analyses pour éliminer et étouffer toute expression d’opposition au capitalisme. Le développement des nouvelles technologies de l’information telles que l’Internet permettent la diffusion d’un nombre sans précédent d’informations. La libre circulation d’informations constitue une menace pour le capitalisme monopoliste d’État, et c’est pour cela que les informations utiles sont souvent noyées par un déluge de publicité commerciale. Le capital financier essaie de renforcer sa domination et son contrôle efficace sur l’Internet.

Les porte-parole de la bourgeoisie louent la "suprématie du droit". Ils affirment que le Canada est une démocratie exemplaire au sein de laquelle tous les citoyens et les citoyennes sont égaux devant la loi, et que ces derniers sont protégés par la déclaration des droits et des libertés. Cette "égalité" capitaliste ne garantit cependant ni les droits économiques minimaux et encore moins un partage plus équitable de la production dans la société.

Les bourgeois, qui se prétendent être de grands défenseurs de la démocratie, imposent à la vaste majorité de la population une dictature économique. La bourgeoisie canadienne prétend avec fierté que le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Or le pouvoir judiciaire est nommé par le pouvoir exécutif et reflète son caractère de classe.

Des syndicalistes sont arrêtés et emprisonnés parce qu’ils placent les droits collectifs de leurs membres au-dessus des droits du patron. La police fait de moins en moins preuve de tolérance à l’égard des manifestations pacifistes. Les mesures d’exception sont de moins en moins exceptionnelles et de plus en plus répressives.

Une attitude de classe prédomine en matière de crime et de punition. Il s’agit d’un système à deux vitesses : les lois et les punitions sont très sévères pour les contrevenants qui commettent de petits délits, mais sont légères à l’égard de ceux et celles qui sont coupables de crimes importants.

Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) est un élément particulièrement dangereux de l’appareil d’État. Travaillant de concert avec la CIA et avec d’autres agences de surveillance impérialistes, le SCRS constitue un instrument d’attaque contre les droits démocratiques et civils du peuple. Fonctionnant au-dessus de la loi et hors de portée du Parlement, cet organisme a été créé pour empêcher toute opposition politique et constitue un moyen potentiel de transformation du Canada en un État policier.

Les Forces armées canadiennes sont un instrument d’agression impérialiste placé sous le commandement des États-Unis et de l’OTAN. Elles ont également pour fonction d’intervenir pour écraser les luttes démocratiques, les luttes de classe et les luttes nationales.

Les organisations racistes et néo-fascistes agissent en bénéficiant d’une relative liberté accordée par l’État. Elles reçoivent en fait l’appui des éléments les plus réactionnaires de la classe dirigeante. Profitant de la peur, de l’insécurité, des conditions économiques et du faible niveau de conscience de classe de certains secteurs du peuple, particulièrement la jeunesse et la petite-bourgeoisie, ces groupes propagent les préjugés, la haine raciale et l’idéologie fasciste afin de diviser la classe ouvrière.

En résumé, le rôle répressif de l’État canadien, instrument de la classe dominante, est toujours plus évident à mesure que les droits des plus puissantes entreprises l’emportent sur les droits des travailleurs et des travailleuses, ainsi que sur les droits démocratiques du peuple en général. Les moyens déjà limités d’expression démocratique et de participation sont constamment et gravement attaqués. La lutte pour unir les forces ouvrières et populaires à la défense de la démocratie est, par conséquent, devenue une tâche urgente et centrale.

Le Canada, un pays multinational

Le Canada est constitué de petites et de grandes nations, chacune d’elles étant historiquement constituée de personnes ayant en commun une langue, un territoire, une vie économique, et une conscience nationale qui se manifeste sous la forme d’une culture commune. Les nations naissent et disparaissent au cours de processus historiques qui peuvent être violents, pacifiques, ou se caractérisés par une combinaison de ces deux formes d’évolution. Il s’agit d’un phénomène dynamique au cours duquel, dans chaque cas, la création et le développement de nations se fait selon une voie spécifique et différente. La lutte pour une solution démocratique à la question nationale exige, par conséquent, de la compréhension et du respect à l’égard de ces différences objectives.

Certaines des plus petites nations au Canada, les nations aborigènes par exemple, exercent leurs droits à la souveraineté et demandent l’autonomie et une forme de “self-goverment”. Parmi elles, il y a les Cris, dans le Nord du Québec, le territoire nouvellement créé du Nunavut, les Nisga’a de la Côte Ouest ainsi que plusieurs autres nations. Les Acadiens, dans les provinces maritimes, constituent un autre exemple de nations plus petites. Les deux plus grandes nations au Canada sont formés, d’un côté par le peuple canadien anglais et, de l’autre, par le peuple québécois.

La crise de la Confédération réside d’abord et avant dans le refus de reconnaître le droit de chaque nation à l’autodétermination, jusqu’à et y compris le droit à la séparation, c’est-à-dire le droit de choisir la forme de souveraineté que la majorité du peuple, au sein de chaque nation, désire.

La souveraineté peut s’exprimer par un choix national libre autour d’un des trois choix suivants : un État indépendant et séparé, une Confédération de nations ou d’États égaux, ou l’autonomie.

Le Parti communiste propose, depuis de nombreuses années, l’élaboration d’une nouvelle Constitution basée sur un partenariat égal et volontaire du Québec et du Canada anglophone. Un tel arrangement constitutionnel nouveau doit aussi garantir la pleine participation des peuples aborigènes. Un tel arrangement doit également protéger et accroître leurs droits nationaux ancestraux, y compris le droit au “self-goverment” véritable, un droit de veto face à tout changement qui affecterait leur statut constitutionnel, et le droit à un développement économique, social et national accéléré.

Le Parti communiste propose une république confédérée des différentes nations. Cette république disposerait, au niveau central, de deux chambres. La première de ces deux chambres serait similaire à la Chambre des Communes actuelle mais les députés, hommes et femmes, qui la composeraient, seraient élus au moyen d’un nouveau système de représentation proportionnelle. L’autre chambre, qui remplacerait l’actuel Sénat, serait une Chambre des Nationalités, constituée d’un nombre égal d’élus, hommes et femmes, provenant du Québec et du Canada anglophone, et d’un nombre garanti et important pour les peuples aborigènes, acadien et métis. Chaque chambre aurait le droit de proposer des projets de lois, qui ne deviendraient lois que si les deux chambres les adoptent. De plus, les peuples aborigènes auraient le droit de veto sur toute question concernant leur développement national. Cette structure protégerait ainsi les deux principes démocratiques fondamentaux que sont l’égalité des droits des nations, quelle que soit leur taille, et la règle de la majorité.

Des changements structurels similaires, reflétant un la nature confédérale du nouvel État, devraient également être réalisés à travers l’ensemble de l’appareil d’État, y compris le système judiciaire.

Une Constitution vraiment démocratique devrait corriger les injustices historiques subies par les peuples aborigènes. Cela implique la reconnaissance de la pleine égalité de leurs droits économiques, sociaux, nationaux et politiques, ainsi que le règlement juste de leurs revendications territoriales sur la base des droits découlant des traités et des revendications des peuples autochtones. Les droits et les revendications des femmes aborigènes devraient aussi être respectées. Le droit des nations à l’autodétermination doit être enchâssé dans la Constitution canadienne.

Cette lutte pour un changement constitutionnel est cruciale dans le cadre de la lutte générale pour la démocratie, le progrès social et le socialisme. L’unité de la classe ouvrière à travers le pays sera impossible si l’on ne mène pas une lutte contre l’oppression nationale et pour la réalisation d’un partenariat nouveau, égal et volontaire des nations du Canada.

La manifestation la plus aiguë de la crise constitutionnelle concerne le statut national du Québec et consiste dans le refus, par l’État canadien, de reconnaître le droit du Québec à l’autodétermination, jusqu’à et y compris la sécession. La non-reconnaissance des droits du Québec est, elle-même, l’expression de l’oppression nationale sur les plans politique, économique et social subie par le Québec depuis la conquête de la Nouvelle-France en 1763. L’oppression nationale a, en réponse, soulevé l’indignation nationale du peuple québécois et engendré un mouvement nationaliste et séparatiste dirigé par la bourgeoisie et la petite-bourgeoisie.

La lutte pour défendre les droits nationaux et la souveraineté du Québec est une lutte sociale et démocratique cruciale. La solution du PQ ne résoudrait pas la crise de façon à répondre aux intérêts des travailleurs et des travailleuses. Le Québec a atteint le stade avancé du capitalisme monopoliste : ses relations économiques avec le Canada anglophone ne sont plus de type colonial. Les solutions prônées par les nationalistes étroits entraîneraient de graves difficultés additionnelles aux travailleurs et aux travailleuses deux nations, affaibliraient leur unité politique face à l’ennemi commun, le capital financier canadien et international, et affecteraient également leur lutte commune pour des changements fondamentaux.

Les récentes modifications de la Constitution canadienne ont maintenu les faiblesses structurelles et les inégalités inhérentes au texte original de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique (AANB) de 1867. Bien que la nouvelle Constitution canadienne et la Charte canadienne des droits et libertés, adoptées en 1982, constituent, sur le plan formel, un pas en avant par rapport à un acte colonial émis par un autre pays, elles n’ont pas éliminé les causes sous-jacentes à la crise de la Confédération. La Constitution actuelle maintient les injustices et les inégalités découlant de l’ancien AANB. Au lieu de droits nationaux authentiques, ce sont de prétendus “droits provinciaux” qui ont été adoptés, accentuant la tendance à la décentralisation sans permettre la défense de l’indépendance du Canada et sans reconnaître les droits nationaux du Québec et des peuples aborigènes.

Les Acadiens, qui de nos jours sont surtout établis dans les Maritimes, sont également une nation. Étant à l’origine une communauté de colons venus de France au XVIème siècle, les Acadiens ont été expulsés de Nouvelle-Écosse par les Britanniques, qui ont saisi leurs terres après la défaite des Français en 1755. Bien qu’ils soient en grande partie dispersés géographiquement, les Acadiens constituent, dans les Maritimes, une communauté numériquement importante, stable et qui conserve sa langue, sa culture, son histoire et sa conscience nationale collective, lesquelles demeurent uniques.

Le droit des Acadiens de défendre et de maintenir leur identité nationale, y compris le droit à l’autonomie, doit être garanti et doit recevoir l’appui total de l’État canadien.

La nation métis est née au XVIIIème siècle, au cours de la période du capitalisme mercantile, surtout le long des rivières se jetant dans la Baie d’Hudson dans le cadre du commerce de la fourrure. L’affirmation des droits nationaux des Métis, lors des rébellions de 1869-70 et 1885, a été brutalement écrasée par la classe dominante anglophone, appuyée par le capitalisme industriel de l’Ontario et du Québec en expansion à l’époque. La résistance des Métis a cependant eu comme effet la création de la province du Manitoba et a contribué à maintenir vivant l’esprit de résistance contre tous les privilèges nationaux existant au Canada aujourd’hui.
Les Peuples aborigènes se trouvaient déjà sur l’actuel territoire canadien depuis des milliers d’années lorsque les premiers colons blancs sont arrivés. Avant la colonisation européenne, l’organisation sociale d’un grand nombre de communautés aborigènes avait déjà progressé, chacune différemment selon ses capacités productives. Les communautés variaient quant à leurs caractéristiques, allant des tribus plus petites, dispersées et relativement isolées, aux sociétés plus complexes, organisées et techniquement avancées. Mais la colonisation européenne et l’oppression des peuples aborigènes ont interrompu et mis fin à ce processus de construction de nations.

La colonisation et l’industrialisation capitaliste au Canada se sont développées au dépens des Premières Nations. La résistance des peuples aborigènes face à l’invasion coloniale a été brutalement écrasée. L’État a adopté une politique génocidaire, qui se poursuit jusqu’à nos jours. Parmi les crimes perpétrés contre eux, mentionnons l’extermination des Beothuks à Terre-Neuve, les primes offertes aux chasseurs de scalps de Mi’kmaqs dans les Maritimes, l’asservissement de certaines tribus, l’anéantissement d’autres tribus par divers moyens, entre autres en les privant de nourriture et en les abandonnant à la famine, l’inoculation de maladies mortelles, la déportation vers des réserves lointaines et désolées, les rapts d’enfants pour les placer dans des écoles où plusieurs étaient agressés sexuellement et brutalisés s’ils parlaient leur langue, la destruction systématique de leur culture (en interdisant par exemple de célébrer des rituels communautaires tels que le potlatch). Ces atrocités font partie de l’histoire du Canada.

Aujourd’hui les peuples aborigènes présentent les taux de suicide, de mortalité infantile, d’appauvrissement et d’incarcération les plus élevés au Canada, et leur espérance de vie est inférieure à 50 ans. Privés de leurs droits humains, de leur droit à l’égalité et de leurs droits inhérents à la propriété et à l’autodétermination, les peuples aborigènes continuent d’être les victimes de politiques génocidaires appuyées par l’État.

Même aujourd’hui, afin de servir les intérêts du capital financier, l’État canadien refuse de reconnaître le statut et les droits nationaux des peuples aborigènes. Il est responsable du niveau effarant de pauvreté et d’oppression affectant les réserves et les autres régions habitées par les peuples aborigènes. Privés de territoires adéquats, de conditions de vie acceptables, de moyens de vivre selon leurs coutumes ancestrales, de ressources pour organiser des opérations coopératives viables ou commerciales rentables dans les régions où ils vivaient, les peuples aborigènes ont émigré vers les zones urbaines où ils font face à un taux de chômage chronique, à la discrimination et à une plus grande destruction de leur identité culturelle.

Le Parti communiste lutte pour l’adoption et la mise en œuvre immédiates de mesures de rectification et de compensation relativement aux injustices commises contre les peuples aborigènes au cours de l’histoire. Ces mesures doivent comprendre, prioritairement, le traitement préférentiel en matière de logement, de soins de santé, d’éducation et de création d’emploi. De plus, la reconnaissance immédiate des droits nationaux, ainsi que le règlement juste et rapide des revendications territoriales et des questions relatives à l’autonomie favoriseraient le renaissance de plusieurs de ces peuples aborigènes en nations pleines et entières. C’est un processus que le Parti communiste appuie entièrement.

Le Parti communiste appuie également la lutte de nations, tels les Cris du Nord du Québec, en faveur de la pleine reconnaissance de leur droit à l’autodétermination.

De nos jours, les peuples aborigènes sont animés d’un nouvel esprit insurrectionnel. Une unité grandissante se développe entre les différents peuples aborigènes relativement à leurs luttes individuelles et particulières contre l’État capitaliste. Le Parti communiste appuie l’unité grandissante entre les peuples aborigènes dans leur juste lutte.

Sur chaque espace national vivent également des minorités nationales provenant d’autres espaces nationaux situés au Canada. Les minorités francophones vivant au Canada anglophone, la minorité anglophone vivant au Québec, les membres des nations aborigènes et les Acadiens vivant hors de leur foyer national sont des minorités nationales ayant le droit d’éduquer leurs enfants et de recevoir des services dispensés par l’État dans leur langue, si leur nombre le permet.

Le Canada, si l’on considère sa population non-aborigènes, est un pays d’anciens et de nouveaux immigrants. Ces derniers comprennent des centaines de groupes ethniques différents, qui pourraient fusionner un jour avec la nation québécoise ou avec la nation canadienne anglophone. Ces groupes ethniques ont le droit de conserver leur langue et leur héritage et de les transmettre aux générations suivantes au moyen de programmes de langues et de cultures appuyés par l’État, et d’activités culturelles et communautaires appuyées par l’État. Le Parti communiste considère que ce double processus de fusion et de préservation des langues, des cultures et des héritages devrait être de longue durée et devrait influencer et enrichir la culture canadienne dans son ensemble.

Les travailleurs et les travailleuses, qui ont immigré d’un grand nombre de pays, ont joué un rôle vital dans la construction des industries, des chemins de fer et de l’agriculture canadiennes. Les nouveaux immigrants constituent une partie importante de la main-d’œuvre du Canada. Ils continuent d’être l’objet d’attitudes hautement discriminatoires crées surtout pour accroître l’exploitation capitaliste et le chauvinisme national. Depuis sa fondation, le Parti communiste ne cesse de lutter pour mettre fin à la discrimination contre les immigrants. Il explique, dans son travail politique, que le capitalisme engendre le racisme et le chauvinisme. Le capitalisme cherche à profiter au maximum de ces travailleurs et de ces travailleuses qui œuvrent dans des secteurs mal-payés de la société. Il cherche à diviser la classe ouvrière afin de l’empêcher de s’unir et pour retarder ainsi la lutte commune de tous les travailleurs et travailleuses.

La plupart des politiques d’immigration vers le Canada ont été conçues dans le but de favoriser l’expansion coloniale et l’exploitation capitaliste. Pendant la période coloniale, les classes dirigeantes anglophone et francophone, en plus d’administrer la colonisation blanche qui opprimait et déportait les peuples aborigènes, exploitaient également la majorité des immigrants comme main-d’œuvre à bon marché dans les premières formes de production. À son tour, l’État canadien a maintenu, dans les types d’immigration qu’il a adoptés, des politiques racistes, chauvines et anti-ouvrières pour développer la colonisation et l’industrie capitaliste. Le traitement brutal réservé aux travailleurs chinois qui ont construit le chemin de fer du Canadien Pacifique ainsi que le sort des immigrants œuvrant dans les entreprises textiles et agricoles sont tristement célèbres mais sont aussi caractéristiques des méthodes discriminatoires utilisées par les capitalistes canadiens pour isoler et surexploiter les différents groupes d’immigrants.

Les politiques d’immigration de l’État canadien sont conçues en fonction des intérêts de la classe dominante. L’immigration de travailleurs et de travailleuses permet aux capitalistes de constituer une réserve de main-d’œuvre prête à accepter des salaires et des conditions de travail inférieurs à la moyenne. Ces politiques donnent la priorité aux immigrants investisseurs tout en défavorisant les victimes des agressions impérialistes, les militants et les militantes ouvrières et les progressistes.

Des millions de personnes sont déracinées en raison de l’appauvrissement croissant des pays sous-développés, des guerres déstabilisatrices provoquées par l’impérialisme, des catastrophes environnementales et de la croissance du trafic criminel d’immigrants et d’immigrantes. Si l’on veut vraiment réduire les mouvements internationaux de populations dépossédées et de réfugiés politiques, il faut mettre en œuvre des politiques progressistes favorisant le développement économique et la paix au niveau mondial et non des politiques de répression contre les immigrants et d’élimination de leurs droits démocratiques. Les communistes exigent que l’État accorde la priorité à l’immigration de réfugiés, élimine les privilèges d’entrée des capitalistes investisseurs, supprime graduellement les clauses de travail sous invitation, sauf dans les cas de véritables échanges éducatifs, scientifiques ou culturels, et adopte une déclaration des droits des immigrants et des immigrantes leur assurant une protection complète.

La Charte canadienne des droits et libertés contient actuellement de graves vices de forme. Alors qu’elle reconnaît certains droits fondamentaux, comme les droits d’association, d’assemblée, de religion, de presse, les droits à la liberté et à la sécurité, à l’égalité sans discrimination de race, de sexe, de religion ou d’origine nationale, elle permet également aux assemblées législatives, fédérale et provinciales d’invoquer tout simplement la clause “nonobstant” pour nier, dans la pratique, ces droits fondamentaux de la personne. Une déclaration des droits des travailleurs et des travailleuses a été refusée de sorte que le mouvement syndical n’a pas de droit garanti par la Constitution.

La Constitution rapatriée continue de nier des droits aux municipalités. Bien que la majorité de la population habite aujourd’hui dans des zones urbaines, les administrations municipales, dans les villes, peuvent être créés et dissoutes selon le bon vouloir des gouvernements provinciaux.

Une nouvelle Constitution devra interdire toute violation des libertés civiles des immigrants, rendre illégale le racisme et la discrimination, garantir les droits démocratiques, culturels et linguistiques des groupes ethniques non-francophones et non-anglophones du Canada. Une nouvelle Constitution devra incorporer une déclaration générale des droits, ainsi qu’une déclaration spécifique des droits des travailleurs et des travailleuses pour garantir les droits des syndicats. Les droits démocratiques doivent s’appliquer à toutes les nations du Canada. Ces garanties doivent assurer l’égalité économique, sociale, culturelle et linguistique, le droit d’assemblée, le droit de syndicalisation et de grève, le droit d’habeas corpus (droit de ne pas être détenu sans accusation et sans jugement), le droit à un emploi, à la santé, à l’éducation, au logement. Elles doivent également garantir les droits des femmes, des jeunes et des enfants.

Une Constitution véritablement démocratique doit être accompagnée d’une réforme structurelle fondamentale. Pour venir à bout des inégalités régionales, ces réformes doivent répondre à la nécessité d’un développement économique dans tous les domaines et dans toutes les régions du Canada. Ces réformes doivent être combinées avec la nationalisation de toutes les ressources naturelles, principalement celle des ressources énergétiques. Au moyen d’entreprises dont la propriété sera publique, les bénéfices rapportés par le développement des ressources naturelles et des ressources énergétiques doivent servir le peuple dans son ensemble, ainsi que le développement industriel et social des provinces où se trouvent ces ressources.

La détérioration de la démocratie urbaine est due à l’absence de statut, de juridiction et de droits constitutionnels pour les municipalités. Une Constitution démocratique devra reconnaîtrait aux municipalités leur droit à l’autonomie locale. Elle doit favoriser de meilleurs conditions pour un contrôle démocratique local.

Une nouvelle Constitution doit garantir l’unification des lois sociales, l’égalité de toutes les personnes, des normes élevées pour l’ensemble du Canada, ainsi que le respect de la souveraineté du Québec et le droit des peuples aborigènes à l’autonomie. Les entreprises ne peuvent pas échapper à leur responsabilité de fournir leur contribution en matière d’éducation, de niveau de vie, de santé et de bien-être social pour toute la population.

L’un des aspects les plus importants de la nouvelle Constitution sera l’élimination des inégalités régionales et de l’oppression nationale, qui sont la cause de la désunion, des frictions et du ressentiment qui ont longtemps envenimé les relations entre le Canada anglophone, le Québec et les peuples aborigènes.

Le Parti communiste considère que la lutte pour une solution démocratique de la crise constitutionnelle fait partie intégrante de la lutte contre le régime capitaliste. Le Parti communiste soutient l’unité de la classe ouvrière dans la lutte contre cet ennemi commun : le capital financier canadien et international. La victoire de la lutte pour la démocratie et contre la réaction politique, pour l’indépendance du Canada et pour le socialisme exige une alliance puissante de la classe ouvrière du Canada anglophone et du Québec, de la classe ouvrière dans les communautés aborigènes, ainsi que dans les différentes minorités nationales et ethniques.

Ces luttes favorisent l’établissement d’un État socialiste, qui donnerait le pouvoir à la grande majorité de la population, et vont dans le sens d’une forme supérieure de démocratie.

Chapitre 5
La lutte de la classe ouvrière et du peuple

La lutte du peuple canadien pour la démocratie, la paix et le progrès social est essentiellement une lutte politique contre les grandes entreprises et leur emprise sur l’État canadien. Les intérêts de la grande majorité de la population au Canada est en conflit avec les politiques antidémocratiques et néolibérales des transnationales et des banques.

De par l’importance de son nombre et de son rôle stratégique dans la production de marchandises et de services, la classe ouvrière constitue le leader naturel de toutes les forces démocratiques et progressistes. Compte tenu des exigences de la production moderne, la classe ouvrière doit s’organiser et devenir une force unie, toujours croissante afin de riposter aux attaques. Les travailleurs et les travailleuses ne possèdent aucun moyen de production. Leurs intérêts de classe sont diamétralement opposés au capital financier en raison de leur position dans l’économie.

Mais la classe ouvrière a besoin d’alliés pour mener la lutte et vaincre le pouvoir immense et ramifié du capital financier. Par conséquent, le mouvement syndical, qui est le contingent organisé de la classe ouvrière, doit développer l’unité avec d’autres secteurs et d’autres mouvements populaires, aux prises avec la domination du capital financier, et qui ont objectivement intérêt à s’engager dans une nouvelle voie démocratique pour le Canada. Pour que la lutte contre le capital financier soit efficace et victorieuse, elle doit avoir comme noyau la classe ouvrière, sa force motrice et dirigeante.

Le Parti communiste travaille activement au développement d’une alliance démocratique populaire, anti-monopoliste et anti-impérialiste, unissant les mouvements de travailleurs et de travailleuses et les autres mouvements démocratiques et qui serait dirigée par la classe ouvrière. Une telle alliance peut obtenir l’appui de larges secteurs de la population. Un des objectifs de cette alliance serait de faire la promotion de politiques différentes, opposées au pouvoir monopoliste, comprenant entre autres la propriété publique, le contrôle de secteurs industriels et des ressources naturelles vitales, la création d’emplois, l’amélioration des normes de vie et des conditions sociales, la protection de l’environnement et la défense des libertés démocratiques.

L’unité de la classe ouvrière

Le rôle dirigeant de la classe ouvrière est un facteur indispensable pour l’action unitaire et efficace du peuple contre le capital monopoliste. L’unité de la classe ouvrière est, en même temps, essentielle pour qu’elle soit capable de jouer son rôle dirigeant.

Pour avancer, le mouvement ouvrier ne peut se limiter à la lutte économique. Il doit s’opposer et vaincre le pouvoir politique de la classe dirigeante capitaliste. Pour y parvenir, il est nécessaire que la classe ouvrière ait son propre parti. Le Parti communiste lutte pour être ce parti politique qui dirigera la classe ouvrière.

Un mouvement syndical puissant et uni est vital pour la défense et le progrès de la classe ouvrière dans son ensemble. Les travailleurs et les travailleuses ont construit leurs propres syndicats et organisations de masse pour se protéger et étendre leurs intérêts économiques en tant que salariés. Les syndicats sont les organisations de base de la classe ouvrière pour la lutte de classe. Les gains réalisés par le mouvement syndical servent les intérêts de tous / toutes, qu’ils soient syndiqués/ées ou non. Les gains sociaux et économiques obtenus par les syndicats aident à élever le niveau de vie et les conditions sociales de toute la classe ouvrière. C’est pour cela que le capital financier mène une campagne idéologique systématique pour dresser les travailleurs et les travailleuses contre le mouvement syndical.

La lutte entre la classe ouvrière et le capital s’est exacerbée. La classe capitaliste et son État ont déclenché une offensive sur tous les fronts pour affaiblir et détruire le mouvement syndical. Ces attaques reflètent une volonté ferme du capital dans sa campagne pour abaisser les salaires et les conditions de vie. En se servant de l’augmentation massive du chômage et en utilisant l’intervention directe de l’État, le capital monopoliste essaie de réduire le pouvoir de négociation de la classe ouvrière et d’obtenir de celle-ci le plus de concessions possibles. La résistance contre les concessions et pour l’extension des domaines couverts par la convention collective fait partie intégrante de la lutte contre le capital financier.

La tâche la plus urgente du mouvement syndical consiste à rassembler ses membres autour des politiques de lutte de classe et d’actions militantes pour contrecarrer l’offensive des entreprises, obtenir une transformation démocratique et anti-monopoliste de la société et modifier l’équilibre des forces en faveur de la classe ouvrière et de ses alliés.

Un mouvement syndical autonome, uni et indépendant

Pour combattre le pouvoir des grandes entreprises et des transnationales, le mouvement syndical doit devenir autonome, uni et indépendant, et atteindre le niveau le plus élevé possible de coordination en matière de stratégies et d’actions. Il doit adopter le principe “Une attaque contre un est une attaque contre tous”, considérer en tout temps les intérêts du mouvement dans son ensemble au-dessus des intérêts sectoriels ou particuliers de ses membres. Le mouvement syndical doit s’opposer au maraudage syndical et résoudre les conflits de juridiction dans l’intérêt de la classe ouvrière et du mouvement dans son ensemble.

Face à la restructuration capitaliste, le monde du travail et les syndicats doivent exiger un plus grand contrôle sur l’introduction de changements technologiques, le déménagement ou la fermeture d’usines, la durée du temps de travail, les politiques d’investissement des entreprises, le recyclage professionnel, la santé et la sécurité au travail et l’équité salariale. Pour obtenir une plus grande part des avantages engendrés par la nouvelle technologie, la classe ouvrière doit lutter pour réduire le nombre de jours de travail par semaine sans perte de salaire. Elle doit également s’opposer à la privatisation et, au contraire, lutter pour l’expansion du secteur public. Ces revendications s’attaquent au pouvoir des entreprises sur les lieux de travail.

Le mouvement syndical doit défendre les intérêts de tous les travailleurs et travailleuses, autant les syndiqués que les non-syndiqués. Il doit prêter une attention particulière à ceux et celles qui sont les plus exploités et sous-payés.

Suite à la syndicalisation du secteur public, la majorité des syndiqués, hommes et femmes, sont membres de syndicats canadiens ou québécois. Mais un grand nombre sont toujours dans des syndicats internationaux, dont le siège social se trouve aux États-Unis. La lutte pour l’autonomie canadienne et pour l’indépendance des sections canadiennes des syndicats internationaux n’est pas terminée. Il en va de même de la nécessité de préserver l’unité au sein du mouvement syndical. Nous devons en même temps veiller à ce que les travailleurs et les travailleuses aient le droit de prendre, dans leurs syndicats respectifs et dans le mouvement syndical dans son ensemble, toutes les décisions qui les concernent.

Le mouvement syndical doit combattre avec détermination toutes les formes de discrimination et d’intolérance pouvant diviser la classe ouvrière, autant dans ses propres rangs que dans la société dans son ensemble. Il doit lutter contre le racisme, le sexisme, l’homophobie ainsi que la discrimination contre les jeunes, de même qu’envers les personnes âgées et les personnes handicapées.

Le mouvement syndical doit se faire le ferme défenseur des droits des femmes, de leurs droits au travail et de leurs droits sociaux, et promouvoir leur entière participation au sein des structures syndicales, à tous les niveaux de responsabilité et de direction.

Le mouvement syndical doit également être le ciment entre les travailleurs et les travailleuses du Québec d’une part, et ceux et celles du reste du Canada, entre les aborigènes et les non aborigènes. Le mouvement syndical doit combattre les manifestations de chauvinisme national et respecter la diversité nationale et culturelle au sein de la classe ouvrière dans son ensemble.

Le mouvement syndical doit également renforcer la solidarité internationale avec les travailleurs et les travailleuses du monde entier, et appuyer leurs luttes pour garantir leurs propres objectifs.

Le mouvement syndical doit rechercher et établir des alliances stables et durables avec d’autres mouvements démocratiques et sociaux afin de défendre et de promouvoir les droits démocratiques, la souveraineté et le bien-être socio-économique de la classe ouvrière en général. Il doit combattre le néolibéralisme, la mondialisation capitaliste, l’impérialisme et la guerre.

Non moins urgente est la tâche consistant à syndiquer les non-syndiqués. Ceux-ci constituent la majorité de la classe ouvrière. Il faut les aider à améliorer leur niveau de vie et à participer aux activités et aux luttes politiques contre le capital financier. Cette tâche comprend la syndicalisation d’un nombre croissant de techniciens, de scientifiques, de spécialistes et de personnes œuvrant dans les industries des services, qui emploient un grand nombre de femmes, de jeunes, d’immigrants et d’immigrantes. Cette tâche implique également des efforts particuliers pour syndiquer les temps partiel, temporaires et à contrat; elle sous-entend aussi une lutte active contre la discrimination dans les lieux de travail et pour l’égalité.

Les droits des sans-emploi doivent également être défendus, et tous les efforts doivent être faits pour les aider à se syndiquer et à lutter pour qu’ils reçoivent leurs pleines prestations d’assurance chômage et pour qu’ils aient des emplois décents.

Le mouvement syndical doit protéger les droits syndicaux de tous ses membres au sein même des syndicats, particulièrement les membres de la base, et les encourager à participer aux activités syndicales. Il doit défendre le principe de la démocratie syndicale et s’opposer aux pratiques bureaucratiques et aux autres pratiques non-démocratiques, qui nuisent à la participation des membres et au contrôle du syndicat par ces derniers.

Pour faire progresser la lutte générale de la classe ouvrière, le mouvement syndical doit se donner et mettre en œuvre un programme d’action politique indépendante, détaillé et complet, qui mobilise celle-ci dans la lutte démocratique et politique, en plus des luttes économiques sur les lieux de travail contre leurs employeurs.

Pour convaincre le mouvement syndical qu’un tel programme de lutte est nécessaire, il importe de démasquer et de combattre les politiques de droite qui prônent la collaboration de classe et la trahison de la classe ouvrière, et de les remplacer par des politiques axées sur la lutte de classe. Au sein du mouvement syndical, les communistes luttent pour l’application des meilleurs principes du militantisme syndical et pour la participation démocratique la plus large en matière de prise de décision.

Politiques et perspectives de la classe ouvrière

Pour obtenir l’unité de la classe ouvrière et du peuple et, ultimement, la conquête du pouvoir politique, il est nécessaire de développer une idéologie indépendante et répondant aux intérêts de la classe ouvrière. Cela exige une longue lutte pour la promotion des politiques vraiment favorables à la classe ouvrière, forgées dans le combat contre l’idéologie capitaliste au sein du mouvement ouvrier et contre les défenseurs de cette idéologie.

L’exploitation impérialiste des peuples des colonies et des semi-colonies a servi de base économique au réformisme et à l’opportunisme au sein du mouvement ouvrier, permettant aux impérialistes des pays exploiteurs de céder une petite partie de leurs superprofits à une section de la classe ouvrière sous la forme de salaires plus élevés. Telle est la base de la politique de coopération avec la classe capitaliste, c’est-à-dire de la collaboration de classe et du renforcement des idées capitalistes. Dans la mesure où les monopolistes canadiens ont cédé une partie de leurs superprofits coloniaux, ce processus a pu avoir ses effets sur le mouvement ouvrier canadien.

Après la Seconde Guerre mondiale, la croissance considérable des forces productives dans les pays capitalistes ainsi que la hausse de la productivité du travail, de l’exploitation et du taux d’accumulation du capital a permis au capital financier d’entreprendre une politique de concessions face aux demandes de la classe ouvrière. Cela a encouragé la pensée réformiste au sein de la classe ouvrière, particulièrement (comme dans le passé) auprès des secteurs privilégiés parce qu’ayant accès à des avantages matériaux spéciaux. La pensée réformiste était également encouragée, comme toujours, par la propagande idéologique de la classe dominante et par les salaires et les styles de vie relativement privilégiés d’une partie importante des directions syndicales. La classe capitaliste et la droite ont profité de cette période étendue de développement capitaliste relativement soutenu pour cultiver, au sein du mouvement ouvrier, l’illusion que le capitalisme est capable d’engendrer un progrès social continuel et de satisfaire les exigences toujours croissantes de la population. La diffusion massive de cette propagande tendait à rendre le capitalisme acceptable à une couche importante de travailleurs et de travailleuses.

Mais la base économique du réformisme et de la collaboration s’effrite constamment. Avec l’accentuation de la crise systémique du capitalisme monopoliste, le grand capital exige et arrache toujours plus de concessions à la classe ouvrière. Les travailleurs et les travailleuses accroissent, à leur tour, leur résistance. Il devient de plus en plus difficile de parvenir à des accommodements généraux, c’est-à-dire à un “contrat social” entre le travail et le capital.

Ce changement objectif de la part des monopoles, qui, maintenant, attaquent plus ouvertement les travailleurs et les travailleuses, n’élève pas automatiquement et immédiatement le niveau de conscience de ces derniers. C’est ainsi que le réformisme bourgeois et social demeure la tendance dominante au sein du mouvement ouvrier. Le niveau de militantisme s’accroît, mais le militantisme, à lui seul, n’est pas encore la conscience de classe, la conscience politique.

Sous le capitalisme, les conditions de vie actuelles des travailleurs et des travailleuses créent les conditions permettant de combattre et de vaincre l’illusion qui consiste à croire que le capitalisme est toujours capable de livrer la marchandise. L’exploitation de la classe ouvrière devient toujours plus intense. Celle-ci mène des luttes toujours plus étendues, plus militantes et plus unifiés pour satisfaire ses besoins. Les illusions créées par le réformisme social sont constamment démenties par les réalités de la lutte de classe.

La lutte pour promouvoir les politiques et l’unité de la classe ouvrière implique une lutte idéologique contre les illusions capitalistes qui circulent au sein du mouvement ouvrier.

Le Parti communiste mène une lutte constante contre l’idéologie réformiste, c’est à dire ce système d’idées identifiant les intérêts de la classe ouvrière à ceux du capitalisme. Les réformistes croient que l’État capitaliste est une autorité impartiale, s’élevant au-dessus des classes. Le réformisme au sein de la classe ouvrière conduit à la collaboration de classe ou au partenariat de classe entre le monde du travail et les capitalistes. Les idées réformistes limitent les activités du peuple aux buts du parlementarisme étroit et à des réformes partielles. Certains réformistes considèrent que le but du socialisme est une “société juste” ou l’“État providence”, croyant que le socialisme est le résultat d’une série interminable d’améliorations ou d’étapes sous le capitalisme. Ils désarment ainsi la classe ouvrière et adaptent le mouvement ouvrier au capitalisme pour préserver celui-ci.

Les communistes affirment que, dans le contexte des lois générales du capitalisme, la classe ouvrière n’a pas d’autre choix que de riposter aux effets de la crise systémique de ce dernier, de lutter et de briser le pouvoir du capital financier pour enfin renverser le système capitaliste et le remplacer par le socialisme.

Tout en s’opposant au réformisme, le Parti communiste appuie la lutte pour les réformes qui protègent les masses laborieuses des effets de l’exploitation capitaliste. La lutte pour les réformes aident la classe ouvrière à acquérir de la confiance et de l’expérience, à renforcer son unité et son organisation, à élever le niveau de sa conscience de classe et à renverser le rapport de force entre les classes au sein de la société en sa faveur. Le Parti communiste considère que la lutte pour des réformes est liée à la transformation révolutionnaire de la société.

La social-démocratie

Au Canada, le principal représentant de l’idéologie réformiste et de la collaboration de classe au sein du mouvement ouvrier est la social-démocratie.

La social-démocratie n’est, cependant, pas le seul propagateur de l’idéologie bourgeoise au sein des mouvements syndical, ouvrier et populaire. Les partis bourgeois essaient d’agir au sein des mouvements syndicats et des autres mouvements de masse démocratiques et d’y exercer leur influence. L’appareil d’État et son infrastructure, y compris les institutions éducatives et culturelles, les médias appartenant à des capitalistes et les autres institutions de la classe dirigeante, mènent chaque jour leurs attaques idéologiques contre les masses laborieuses.

Le principal obstacle à l’unité du mouvement ouvrier et des forces progressistes, et à l’établissement d’une unité anti-monopoliste est la social-démocratie de droite et les tendances anticommunistes.

Le Parti communiste s’est toujours efforcé d’unir les secteurs réformistes et révolutionnaires du mouvement ouvrier dans la lutte pour la paix, la démocratie et l’indépendance du Canada, et contre la domination des grandes entreprises.

La crise grandissante du capitalisme et l’intense lutte entre le capital et le travail qui en résulte, ont provoqué une confrontation idéologique et politique profonde dans les rangs de la social démocratie. Au Canada et au niveau international, les dirigeants du mouvement social-démocrate de droite ont complètement abandonné les buts du “socialisme” et adopté ceux du capitalisme à l’étape de la mondialisation. Ils ont réorienté les buts des partis sociaux-démocrates et prônent maintenant l’illusion que l’on peut établir un capitalisme “au visage humain”.

La nouvelle orientation de la social-démocratie est un reflet d’un changement au niveau de sa base de classe. Constituée principalement, à l’origine, de membres de la classe ouvrière, elle regroupe aujourd’hui de plus en plus de professionnels, de membres de la petite-bourgeoisie, ainsi que d’autres secteurs des couches moyennes. Ces changements, aux conséquences multiples, ont provoqué de profondes divisions au sein du Nouveau parti démocratique (NPD), principal représentant de la social-démocratie au Canada anglophone, entre sa direction de droite et un secteur toujours plus marginalisé de ses membres, qui gardent leurs convictions socialistes ou, dans certains cas, social-démocrates traditionnelles. Ce débat acerbe s’est propagé au sein du mouvement ouvrier, et a conduit à remettre en question le maintien des liens politiques et organisationnels entre le NPD et le Congrès du travail du Canada et ses affiliés. Le Parti communiste croit que le mouvement syndical n’est pas avantagé par l’affiliation automatique de ses membres ou par des liens organisationnels permanents avec le NPD ou avec quelque autre parti politique, mais qu’il doit plutôt mener une action politique indépendante dans les luttes extraparlementaires de masse, tout en appuyant les candidats et les candidates, le programme et les politiques de partis politiques ou de coalitions qui reflètent ses propres politiques.

Ces développements montrent le fossé grandissant qui se creuse entre les intérêts de la classe ouvrière et ceux de la social-démocratie de droite.

Dans les luttes quotidiennes, les communistes travaillent étroitement avec les sociaux-démocrates de gauche et avec les autres militants des mouvements ouvrier et progressistes, et luttent pour développer des actions unifiées et maintenir la coopération. Le Parti communiste continue de travailler pour une coopération avec le NPD sur des questions spécifiques et en vue de réformes communes, malgré l’écart croissant qui sépare les principes et les allégeances de classe des deux partis.

Plus le Parti communiste pourra travailler efficacement pour l’unité de la gauche et des forces démocratiques, tout en renforçant son activité politique indépendante en appliquant son programme et ses politiques marxistes-léninistes, et plus les forces de gauche présentes au sein du NPD et ailleurs pourront être rassemblées dans la lutte unie pour des politiques véritablement socialistes.

La construction d’alliances au sein des forces populaires

À mesure que le capital monopoliste intensifie ses attaques contre le niveau de vie et contre les intérêts de la classe ouvrière et des autres couches du peuple, de larges secteurs de la population canadienne doivent, pour défendre leurs propres intérêts économiques et politiques, lutter contre le pouvoir du capital financier et de son État. Tel est le processus croissant qui caractérise notre époque.

Les mouvements populaires conduisent un nombre croissant de gens à participer à des activités politiques extraparlementaires. L’unité entre ces forces et la classe ouvrière au sein de larges coalitions pour résister à l’offensive du capital financier jettera les bases permettant de réaliser des progrès démocratiques et sociaux et de bâtir une alliance démocratique populaire, anti-monopoliste et anti-impérialiste pleinement développée.

Ces forces, constituées d’éléments issus de différentes classes et couches sociales, entrent souvent, et à des degrés divers, en conflit avec les intérêts du grand capital. Les agriculteurs et les autres producteurs du secteur primaire, les professionnels, les intellectuels et les capitalistes non-monopolistes de la petite entreprise ou indépendants ont un intérêt commun à s’opposer aux politiques réactionnaires du capital financier et de ses gouvernements.

Ces forces comprennent également des courants progressistes au sein du mouvement national québécois. Bien que ce dernier soit principalement dirigé par des forces bourgeoises et petites-bourgeoises, il attire dans ses rangs des personnes aux tendances démocratiques et progressives.

De même, les peuples aborigènes constituent une importante force dans la lutte pour la démocratie et contre la domination monopoliste de par leurs luttes grandissantes pour la justice sociale ainsi que pour la reconnaissance de leurs droits ancestraux, incluant leur droit au “self-goverment”.

À travers le Canada, une multitude de mouvements populaires à caractère multiclasse, unis autour de luttes démocratiques et sociales, jouent aussi un rôle particulièrement important. Ils comprennent les mouvements de lutte pour l’égalité de la femme, pour la protection de l’environnement, pour la paix et la solidarité, pour la justice sociale, contre le racisme, la discrimination et le fascisme, le mouvement des jeunes, le mouvement étudiant, les communautés lesbiennes, gaies, bisexuelles et transsexuelles, les forces progressistes au sein des communautés religieuses ainsi divers autres organisations œuvrant au sein de la communauté artistique, auprès des personnes âgées, et pour des réformes dans les domaines communautaires et du développement urbains.

Le mouvement des femmes est devenu une force efficace et importante au sein du mouvement du peuple contre la réaction et le néolibéralisme. Les luttes en faveur d’un salaire égal pour un travail équivalent, de programmes d’“action positive” pour éliminer la discrimination, de congés de maternité et de paternité entièrement payés, du choix en matière de reproduction, et de soins aux enfants, universellement accessibles, financés publiquement et de qualité ont suscité un large appui au sein du mouvement ouvrier et des autres mouvement populaires.

Pour unir les femmes et les hommes en une lutte commune contre l’ennemi commun, il est nécessaire de combattre les idées et les pratiques sexistes, qui sont renforcées par les médias et par la culture dominés par les monopoles. Il est également nécessaire de s’opposer aux campagnes idéologiques toujours croissantes organisées par les forces néolibérales et par les autres forces de droite, pour diffuser des idées rétrogrades.

La crise du capitalisme frappe directement les jeunes. Ceux-ci répondent par un militantisme et une résistance grandissantes. Étant donné que le capitalisme détruit les aspirations des jeunes à une vie meilleure, ceux-ci désirent toujours plus de changements. Les luttes des jeunes sont axées sur le chômage et l’éducation. Un grand nombre de jeunes s’opposent également à la mondialisation capitaliste et aux agressions impérialistes.

Les attaques néolibérales contre l’éducation post-secondaire transforment toujours plus l’éducation en un privilège de riches. Le mouvement étudiant riposte à ces attaques et exige des programmes éducatifs accessibles, de qualité et adéquatement financés, et la fin des frais de scolarité et de la dette étudiante. Les jeunes dénoncent le fait que le système d’éducation soit orienté de façon à satisfaire les besoins du capital financier.

Les jeunes font face à des taux de chômage supérieurs à la moyenne, à des conditions de travail dangereuses et au manque de formation. Les familles de jeunes couples représentent une grande proportion des personnes vivant dans la pauvreté. Pour combattre ces conditions, le mouvement syndical doit syndiquer les non-syndiqués qui sont souvent des jeunes.

Quoique l’aliénation engendrée par le capitalisme monopoliste est grandement répandue et démoralise nombre de jeunes, ces derniers luttent pour y mettre fin. Leur combat en est un pour un changement social fondamental.

Une lutte se développe également contre la domination de notre vie économique, politique et culturelle par les États-Unis, rendue possible par la trahison de la classe dirigeante canadienne. Aujourd’hui la lutte pour la souveraineté et l’indépendance du Canada est une lutte pour l’avenir du Canada. Elle constitue une condition essentielle pour nos avancées vers le socialisme.

Un nombre croissant de gens s’unissent afin de lutter pour des revendications démocratiques, anti-monopolistes et progressistes portant sur une multitude de questions de classe et sociales. Ces mouvements visent, entre autres, les objectifs suivants :

• défendre l’assurance-maladie, l’éducation publique, les pensions et les autres programmes sociaux ; lutter contre la déréglementation et empêcher la privatisation et le démantèlement du secteur public par les gouvernement néolibéraux ;

• lutter contre la mondialisation capitaliste et le pillage des peuples du tiers-monde par les transnationales, et défendre la souveraineté du Canada et empêcher l’aliénation des richesses et des ressources naturelles de notre pays ;

• protéger et préserver l’environnement de la dévastation insensée perpétrée par les entreprises ;
• s’opposer à la guerre, aux agressions impérialistes, à la continuelle course aux armements et à la participation du Canada à l’OTAN ; exiger l’élimination des armes de destruction massive et promouvoir l’adoption d’une politique étrangère canadienne indépendante de paix et d’amitié envers tous les peuples et toutes les nations.

• combattre le racisme, la discrimination et l’intolérance, et s’opposer à toute renaissance du fascisme au Canada ;

• défendre les droits des gais, des lesbiennes, des bisexuels et des transsexuels, et garantir leur pleine égalité ;

• défendre et accroître les droits des handicapés;

• lutter contre la culture de masse étasunienne réactionnaire, et garantir le développement d’une culture démocratique; et

• défendre les droits de la personne et les droits individuels, sociaux et démocratiques du peuple canadien, et empêcher leur détérioration par les grandes entreprises et les gouvernements.

Dans leur lutte pour atteindre leurs objectifs, ces mouvements entrent inévitablement en conflit avec le capitalisme monopoliste. Leurs efforts pour changer les politiques gouvernementales et pour obtenir les plus petites réformes progressistes s’opposent avec plus ou moins de force aux intérêts acquis du capital financier et suscitent la résistance conjointe des capitalistes et de leur État. C’est dans ce sens que ces mouvements ont un caractère objectivement anti-monopoliste et constituent ainsi d’importantes forces luttant pour un changement démocratique et social fondamental en alliance avec la classe ouvrière.

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Pour gagner la majorité de la population au Canada à l’idée de se soustraire à l’influence capitaliste, il faudra mener une lutte inlassable et complexe et adopter des tactiques politiques flexibles.

L’action politique indépendante que mènent les syndicats, les mouvements populaires et les mouvements démocratiques peut être le moyen de gagner les masses à l’idée de rejeter les partis capitalistes et de s’engager dans la voie de l’indépendance politique et de changements fondamentaux. Le Parti communiste fera tout en son pouvoir pour convaincre toutes les personnes qui participent à des activités politiques indépendantes de lutter pour des mesures progressistes et anti-monopolistes conséquentes.

Le Parti communiste considère que les luttes du peuple pour réaliser ses aspirations économiques, sociales et politiques constituent le facteur décisif qui déterminera le cours des développements sociaux.

Le Parti communiste combine le travail de masse à la base à l’appui et la participation aux mouvements de masse, à la lutte incessante pour gagner une majorité de députés-ées de gauche au Parlement, en tant que partie intégrante de la voie vers le socialisme. Aucun progrès important de la lutte parlementaire n’est possible sans actions de masse du peuple.

Dans le cadre de sa lutte sans relâche pour l’unité de la classe ouvrière et des mouvements démocratiques, le Parti communiste détermine sa propre tactique électorale en fonction des circonstances et du rapport des forces en présence à chaque élection. Le Parti communiste nomme des candidats sur la base du programme du Parti. Cela est une partie intégrante de notre lutte générale pour l’unité des forces démocratiques, de gauche et anti-monopolistes.

Les gouvernements locaux sont plus accessibles et plus proches des communautés et de la population, mais leurs pouvoirs et leur rôle sont réduits par les législations des niveaux supérieurs. Au niveau municipal, le Parti travaille à établir des alliances civiques larges et progressistes pour résoudre les difficultés grandissantes de nos villes, de nos municipalités et de nos régions rurales, qui affectent également les vies du peuple travailleur, des propriétaires de logements et des locataires.

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Dans tous les aspects de son travail politique de masse, le Parti communiste lutte pour bâtir une alliance démocratique populaire, anti-monopoliste et anti-impérialiste. Une telle alliance, d’un type nouveau, inclurait le Parti communiste et les autres partis et organisations politiques, les organisations populaires démocratiques du Québec et du Canada anglophone, les syndicats, les organisations d’agriculteurs, de jeunes et d’étudiants, d’intellectuels et de professionnels, de femmes, d’aînés et les coopératives.

Le Parti communiste travaille à unir toutes ces forces populaires pour constituer la base d’un gouvernement populaire démocratique, anti-monopoliste et anti-impérialiste, dirigé par la classe ouvrière et dans lequel le Parti communiste aspire à jouer un rôle dirigeant.

Chapitre 6
Pour un gouvernement populaire

Une alliance démocratique populaire, anti-monopoliste et anti-impérialiste aura comme objectif la restructuration démocratique de la société canadienne afin de donner la priorité aux intérêts de la majorité des gens et à briser la domination du capital financier sur tous les aspects de la vie. Elle essaiera de promouvoir les intérêts des travailleurs et des travailleuses par tous les moyens de lutte disponibles, en se basant sur les activités de masse extra-parlementaires et unitaires.

L’alliance luttera pour remporter des victoires électorales et pour parvenir à l’accession au pouvoir d’un gouvernement populaire déterminé à mettre en œuvre des mesures radicales pour démocratiser la société et transformer les rapports économiques en fonction des intérêts de la classe ouvrière et du peuple dans son ensemble.

Une telle percée sera difficile à réaliser étant donné les moyens sophistiqués dont dispose la classe dirigeante pour manipuler l’opinion publique, décourager le militantisme politique et influencer les résultats des élections bourgeoises. L’une des tâches cruciales de l’alliance consistera à défendre et à accroître la démocratie, et à empêcher les attaques du grand capital et des gouvernements contre le processus électoral.

Un gouvernement démocratique, anti-monopoliste, basé sur une majorité parlementaire et agissant de concert avec les mouvements extraparlementaires populaires, unis et militants, marquerait le début d’un changement qualitatif du rapport des forces de classe au sein de la société canadienne, et ouvrirait la porte à une transformation révolutionnaire vers le socialisme. Le peuple s’y impliquerait de façon vraiment importante.

Le gouvernement populaire s’engagerait à mettre en œuvre un programme d’action visant à servir le peuple et non à accroître les profits. Un tel programme s’élaborerait au cours des luttes sociales, économiques et politiques de la classe ouvrière et de ses alliés démocratiques et devrait être discuté largement et approuvé par toutes les forces de l’alliance.

Les communistes lutteront pour obtenir l’appui au programme de transformations politiques, économiques et sociales le plus avancé possible selon l’analyse de l’évolution de la situation. Le programme doit viser les objectifs suivants : (1) s’opposer et restreindre le pouvoir du capital financier (aussi bien étranger que local), et étendre la propriété publique aux secteurs clés de l’économie ; (2) redistribuer la richesse et élever les conditions de vie de la grande majorité du peuple ; et (3) introduire des réformes démocratiques radicales pour renforcer le contrôle et la gestion populaire de l’État canadien et des gouvernements à tous les niveaux.

Pour que les travailleurs et les travailleuses puissent exercer un contrôle démocratique et souverain de l’économie canadienne, il sera nécessaire de combattre et de briser la domination de celle-ci par le capital financier international. Les communistes proposent un programme populaire visant à réduire le pouvoir des monopoles par des réformes fiscales radicales, qui augmenteraient considérablement les impôts sur les revenus des grandes entreprises et sur les revenus personnels importants, par l’établissement de contrôles sur les investissements, sur les échanges et les activités spéculatives, par l’expansion des droits de la classe ouvrière en matière de réglementations concernant les lieux de travail, la gestion et les investissements. Le programme populaire comprendrait également l’arrêt de la politique de privatisations et le passage à une politique de nationalisation et de mise sous contrôle démocratique populaire des monopoles existant dans les secteurs vitaux de l’économie, particulièrement dans le secteur financier (banques et institutions financières), dans le secteur de l’énergie et des ressources naturelles (extraction, production, etc.), et dans le secteur des transports et des communications. Des mesures seraient également nécessaires pour obtenir le contrôle démocratique public du commerce extérieur et pour retirer le Canada de l’ALÉNA, de la ZLÉA, de l’OMC et des autres accords et blocs commerciaux injustes et favorables au grand capital.

La lutte pour la souveraineté économique, politique et culturelle a une importance cruciale au sein du programme populaire. Le contrôle de la souveraineté est vital pour assurer que la classe ouvrière et ses alliés puissent mener à bien le reste du programme de transformations sociales et progresser vers un Canada socialiste.

Les mesures visant à redistribuer la richesse et à élever le niveau et les conditions de vie de la grande majorité du peuple devront inclure, entre autres, les réformes suivantes :

1. une réduction importante de la journée et de la semaine de travail, sans réduction de salaire pour les salariés / ées ou de perte de service pour le public;
2. des hausses importantes du salaire minimum, des pensions et des autres avantages liés à l’emploi pour tous les travailleurs et les travailleuses à temps plein et à temps partiel ;
3. des programmes de création d’emplois de grande envergure pour donner du travail à des millions de sans emploi et de travailleurs et de travailleuses sous-employés, pour réduire le chômage de façon importante et pour que tous et toutes aient droit à des prestations de chômage pendant toute la durée de manque d’emploi ;
4. l’application de lois assurant l’entière équité salariale pour les travailleuses, l’adoption de droits complets liés à la reproduction humaine (congés de maternité, avortement,etc), la fourniture de soins universels et gratuits pour les enfants et d’autres services vitaux garantissant aux femmes un rôle entier et égal dans tous les aspects de la vie économique, politique et sociale ;
5. la fourniture de services complets, gratuits et universellement accessibles pour tous et toutes, incluant des services de soins de santé, d’enseignement secondaire et post-secondaire, des pensions, des logements et d’autres services de base garantissant de bonnes conditions de vie ; et
6. l’extension et la protection des droits de tous les travailleurs et travailleuses à la syndicalisation, à la négociation libre de conventions collectives et au droit de grève.

Le gouvernement populaire, avec l’appui actif et la mobilisation de la classe ouvrière et de ses alliés, introduirait également des réformes radicales pour renforcer le contrôle et la gestion par le peuple de l’État canadien et des gouvernements à tous les niveaux. La démocratisation de la vie politique et sociale permettrait à la classe ouvrière et au peuple l’exercice d’un plus grand pouvoir politique et une participation entière à la mise en œuvre du programme populaire.

Le gouvernement populaire instaurerait également une nouvelle politique étrangère, indépendante, basée sur la paix et le désarmement, et développerait des relations économiques, culturelles et diplomatiques avec tous les pays, basées sur la pleine égalité et sur le respect mutuel. Il retirerait le Canada de l’OTAN et du commandement intégré de NORAD (North American Air Defence / Défense aérienne du continent nord-américain), s’opposerait à tous les pactes militaires et aux actes d’agression, et œuvrerait à l’adoption de solutions politiques pacifiques pour résoudre les conflits régionaux et internationaux. Le Canada militerait pour l’établissement, entre tous les États, de rapports économiques équitables plutôt que basés sur l’exploitation, pour l’avancement des pays en voie de développement et pour la solidarité internationale envers les peuples du monde qui luttent pour l’indépendance, la paix et le progrès social. Le Canada s’efforcerait d’éliminer le contrôle impérialiste qu’exerce le Conseil de Sécurité des Nations Unies.

L’État canadien, particulièrement son appareil répressif constitué par l’armée, les forces policières, les tribunaux et le système carcéral, serait placé sous un contrôle et une supervision véritablement démocratique, et le Service canadien du renseignement et de la sécurité (SCRS), réactionnaire et anti-démocratique, serait éliminé. Une réorganisation aussi fondamentale contribuerait à empêcher l’utilisation par des forces de classe hostiles de cette partie de l’appareil d’État pour perturber et léser les intérêts de la classe ouvrière et du gouvernement populaire.

Pour démocratiser les lois et les structures électorales afin de garantir l’impartialité et la liberté des élections, des mesures telles que l’introduction de la représentation proportionnelle, le droit de suspendre des représentants élus et la fin de la monopolisation des médias par le grand capital seront également prises.

Le programme populaire devrait également inclure un appel pour que la Constitution canadienne soit réécrite par une Assemblée constituante puis soumise, en vue de son approbation, aux diverses composantes nationales du Canada. Les droits démocratiques, les droits sociaux et les droits de la personne seraient enchâssées dans la Loi fondamentale du pays. Une nouvelle Constitution devrait également garantir à toutes les nations du Canada des droits pleins et égaux et affirmer clairement le caractère volontaire de leur association. Des mesures permettant de réduire les inégalités nationales seront un facteur décisif pour forger l’unité de la classe ouvrière et de ses alliés à travers le pays.

* * * * * * *

Bien que les mesures précédentes ne constitueraient pas le socialisme, la victoire d’un gouvernement populaire déterminé à exécuter un programme aussi audacieux représenterait un important pas en avant vers l’établissement d’un État socialiste.

Pour y arriver, un gouvernement populaire devra pouvoir compter sur la mobilisation générale et consciente de la classe ouvrière et de ses alliés extraparlementaires. Chaque fois que le gouvernement décrétera une réforme importante, mettra en œuvre une mesure démocratique, empiétera sur un pouvoir ou un privilège du Capital, la classe dirigeante et ses partenaires impérialistes internationaux accroîtront leur intransigeance et leur résistance par tous les moyens qu’ils auront à leur disposition. Mais leurs agissements soulèveront en même temps les masses et déclencheront des actions de classe en appui au gouvernement populaire.

Ce sera une période d’intensification de la lutte de classe sur tous les fronts : politique, économique et idéologique.

L’exécution adéquate du programme populaire et son rythme de mise en œuvre dépendront du degré d’unité et de militantisme de la classe ouvrière et de son avant-garde révolutionnaire, ainsi que de la stabilité de l’unité de l’alliance démocratique populaire et anti-monopoliste dans son ensemble. Les conditions nationales et internationales qui régneront alors auront également une influence sur le rythme des transformations sociales.

Tout au long de ce processus, la classe ouvrière et les forces populaires se mobiliseront pour appuyer et exécuter le programme du gouvernement populaire à l’occasion des campagnes électorales, des luttes dans les lieux de travail, des manifestations de rue et d’autres activités. La classe dirigeante menacée essaiera en même temps d’ébranler la confiance des forces populaires, leur unité et leur capacité de mettre en œuvre le programme populaire.

Pour préserver ses privilèges de classe et rétablir sa domination, la classe capitaliste tendra à recourir au chantage économique et au sabotage, à la subversion au sein des secteurs de l’appareil d’État qu’elle sera encore en mesure d’influencer et de contrôler, à la violence politique et au terrorisme et même à la rébellion ouverte et à l’intervention étrangère. Le gouvernement populaire, jouissant du plein appui de la classe ouvrière, sera pleinement justifié d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour se protéger contre de telles attaques anti-démocratiques et illégales.

La classe ouvrière, agissant de concert avec ses alliés, par l’intermédiaire de son gouvernement élu, mais aussi plus directement dans les lieux de production (usines et bureaux) et dans les communautés, étendra et approfondira graduellement le contenu du programme populaire. Des réformes plus radicales seront appliquées, réduisant le pouvoir du Capital par des mesures progressistes telles que la nationalisation d’entreprises ou le contrôle des investissements et des devises.

Les conditions révolutionnaires augmenteront dans la mesure où la classe ouvrière et ses forces politiques auront acquis plus d’expérience et de confiance, et où les changements sociaux et économiques modifieront le rapport de forces de classe en présence au sein même de la société. L’option socialiste défendue par le Parti communiste gagnera un appui plus généralisé.

La transformation révolutionnaire vers le socialisme consistera dans le transfert absolu du pouvoir de la classe capitaliste à la classe ouvrière et à ses alliés. Ce processus subira l’influence des conditions et des événements nationaux et internationaux. Le rythme et les caractéristiques de cette transformation dépendront du degré d’unité et de détermination de la classe ouvrière et de ses alliés les plus proches aux moments décisifs, et de la capacité des forces progressistes et révolutionnaires de s’opposer et d’empêcher les activités contre-révolutionnaires entreprises en violation de la démocratie et du respect de la loi.

Chapitre 7
La construction du socialisme

Pour que le peuple canadien exerce réellement son pouvoir sur la vie collective du pays, il doit contrôler l’économie du Canada. La démocratie exige, par conséquent, l’instauration du socialisme, c’est-à-dire la propriété collective des machines, des matières premières et des autres moyens de production servant à maintenir et à améliorer la vie.

Le socialisme dans notre pays se développera selon les orientations établies par la classe ouvrière et par ses alliés. Il aura des caractéristiques uniques et reflètera l’histoire, le niveau actuel de développement et les traditions sociales, riches et diversifiées du Canada. Le socialisme suivra son propre rythme et aura son propre contenu, basé sur un développement économique planifié, équilibré et proportionné au travers d’un contrôle public des moyens de production. Il n’existe ni modèle universel du socialisme ni calendrier de développement pré-établi à suivre en cette matière.

Mais le socialisme ne sera pas réinventé à partir de zéro. Il faudra tenir compte des importantes leçons positives et négatives tirées des expériences de construction du socialisme réalisées dans un grand nombre de pays au cours du précédent siècle. Les leçons jugées appropriées devront être appliquées avec créativité à la construction du socialisme au Canada.

Malgré les reculs survenus dans le processus révolutionnaire, nous nous trouvons dans la période historique de transition du capitalisme au socialisme au niveau mondial, processus dans lequel la classe ouvrière joue un rôle central et croissant dans l’accomplissement des transformations démocratiques, progressistes et révolutionnaires.

L’expérience soviétique

Il est particulièrement important de faire le bilan des expériences de développement du socialisme en Union soviétique, premier État ouvrier au monde, et d’en tirer quelques leçons pour comprendre les causes du renversement du socialisme et de la restauration du capitalisme après plus de soixante-dix années. Un tel bilan exige une réflexion et des discussions des plus approfondies pour deux raisons. La première est que la compréhension des importantes réalisations du peuple soviétique et des causes externes et internes de son grave échec pourra nous aider à édifier le socialisme en évitant la répétition des mêmes erreurs. La seconde raison est que l’effondrement du socialisme en Union soviétique sert d’arme idéologique puissante au capitalisme monopoliste pour convaincre les travailleurs, les travailleurs et les progressistes que le socialisme ne fonctionne pas. En niant le fait que le socialisme est l’option révolutionnaire capable de remplacer le capitalisme, le grand capital essaie de décourager le peuple travailleur, d’affaiblir ses luttes de classe et de l’amener à s’accommoder de l’ordre capitaliste dominant.

Nous rejetons l’opinion bourgeoise selon laquelle le socialisme est voué à l’échec et qu’il constitue une piètre et impraticable solution de remplacement au capitalisme. Le socialisme a été affaibli et finalement écrasé en URSS (et dans les autres pays autrefois socialistes) en raison d’une combinaison complexe de circonstances et de contradictions internes et externes étroitement reliées entre elles et qui devait ultimement entraîner la défaite du socialisme et la victoire temporaire de la contre-révolution.

La victoire, en octobre 1917, de la révolution socialiste russe constitua une véritable aube nouvelle pour le développement social de l’humanité. Pour la première fois dans l’histoire, des travailleurs et des travailleuses édifiaient une nouvelle société exempte d’exploitation et d’oppression. L’Union soviétique réalisa un grand nombre de réussites sociales en éliminant le chômage, l’analphabétisme, la famine, le problème des sans abris et le profond sentiment d’aliénation qu’avait les gens ordinaires. En Union soviétique, le socialisme transforma un pays économiquement et culturellement “arriéré” en une des principales puissances mondiales et réalisa d’importants progrès culturels et scientifiques.

Ces réalisations furent d’autant plus remarquables que les pressions de l’impérialisme contre l’URSS furent incessantes tout au long de son histoire. À deux reprises, dans le cadre de leurs efforts implacables pour écraser le socialisme, des puissances impérialistes lancèrent des invasions militaires directes (le Canada a participé à la première d’entre elles). Ces puissances appliquèrent de dures sanctions économiques et déclenchèrent une course aux armements nucléaires extrêmement coûteuse et dangereuse afin de saigner l’URSS, tout en poursuivant une guerre idéologique et de propagande prolongée et en ayant ouvertement recours à des actes de sabotage et des activités subversives.

Sur le plan international, l’Union soviétique joua un rôle décisif dans la défaite du fascisme européen au cours de la Deuxième Guerre mondiale, défendit la cause de la décolonisation, appuya les mouvements de libération dans tout le tiers monde et fournit une aide vitale aux États nés des suites de la décolonisation. Sa politique de paix contribua à restreindre, sans toutefois y mettre fin, la tendance de l’impérialisme à procéder à des agressions militaires.

Le socialisme fut également profitable pour la classe ouvrière des pays capitalistes avancés parce qu’il augmenta considérablement les pressions exercées sur les classes dominantes pour que celles-ci accordent d’importantes concessions aux masses laborieuses sous différentes formes : droits des travailleurs, semaine de quarante heures, assurance-chômage, droits de la femme, soins de santé, éducation publique et pensions.

Les causes internes de la crise et de la défaite du socialisme en Union soviétique ne découlent pas de la nature du socialisme. Elles ont plutôt comme source une déformation, allant jusqu’à un rejet pur et simple de la théorie et de la pratique socialistes. Ces déviations étaient en partie dues aux conditions extrêmement difficiles dans lesquelles le socialisme était en train de se bâtir.

La Russie pré-révolutionnaire était en expansion, mais sa croissance était chaotique et son économie sous-développée. Sa population était majoritairement paysanne et sa classe ouvrière relativement petite. La pauvreté et l’analphabétisme sévissaient. La Première Guerre mondiale et la guerre civile qui s’en suivit, avaient aggravé la situation de la jeune république soviétique. De plus, en raison de l’hostilité acharnée de l’impérialisme (entre autres celui de l’Allemagne nazie, qui envahit l’URSS en 1941), il fallait réaliser la modernisation de l’industrie à un rythme effréné.

Compte tenu de ces conditions objectives adverses, le gouvernement soviétique avait dû accélérer la transformation socialiste de la vie économique et sociale en sautant plusieurs étapes de transition nécessaires à la construction du socialisme. N’aurait été de ces pressions, l’Union soviétique auraient sans doute pu adopter un développement plus équilibré. Une des graves erreurs alors commises fut de priver les syndicats soviétiques de leur rôle d’organisme indépendant d’autodéfense des travailleurs et des travailleuses.

Dans ces conditions, le Parti communiste de l’Union soviétique fut obligée d’assumer le rôle dirigeant de la classe ouvrière dans sa totalité. La classe ouvrière soviétique avait été considérablement malmenée et décimée par deux guerres terriblement destructrices menées en sol soviétique. Pour remplacer les cadres morts au combat et combler les postes administratifs nouveaux, des travailleurs sans expérience furent recrutés à la campagne. Cela explique en partie, mais ne justifie pas, la manière selon laquelle les fonctions du Parti avaient, de façon croissante, été fusionnées avec les fonctions de l’État, particulièrement au sein de l’appareil administratif-bureaucratique, qui avait dû se développer pour centraliser et contrôler étroitement les ressources rares et épuisées du pays. Ces difficiles conditions ne justifient pas, non plus, les graves violations de la légalité socialiste, les purges et les crimes commis contre des personnes innocentes.

La planification centrale de l’économie permit pendant plusieurs décennies de réaliser d’importants succès économique. Ce n’est pas la planification, en tant que telle, qui a empêché les autorités des pays socialistes de remporter la révolution scientifique et technologique mais bien les attitudes rigides et étouffantes ainsi qu’une multitude d’autres déformations des principes d’édification du socialisme, combinées aux pressions impérialistes externes.

Avec le temps, l’URSS et les autres pays socialistes développèrent un dangereux retard sur les pays capitalistes développés quant au taux de productivité du travail et quant au niveau de vie matérielle et cela eut, en définitive, des conséquences déstabilisatrices.

Le Parti, lui-même, s’était intégré davantage à l’administration de l’État. Le rôle des Soviets, qui étaient des conseils populaires de direction, élus par la population, était devenu formel. Les méthodes de direction populaires authentiques, ouvertes à la critique, avaient été remplacées par du bureaucratisme et de l’autoritarisme. Avec le temps, les liens politiques entre le Parti et la classe ouvrière, et le peuple dans son ensemble, furent affaiblis d’autant. La démocratie interne au Parti s’était également détériorée, favorisant du même coup le développement du carriérisme et de l’opportunisme au sein du Parti.

De grands progrès furent réalisés en matière de condition féminine en URSS, particulièrement au travail. Mais certains obstacles sexistes, qui faisaient obstacles à l’émancipation de la femme , furent néanmoins tolérés au lieu d’être combattus.

Tous ces éléments négatifs, qui reflétait une dégénérescence du rôle central de la démocratie dans l’édification d’un État ouvrier, eurent comme conséquence de freiner l’épanouissement du rôle politique dirigeant de la classe ouvrière et de ses alliés dans la transformation et la construction d’une nouvelle société socialiste. Les atteintes à la démocratie et à la légalité socialistes furent un facteur crucial dans la diminution de la participation du peuple dans les affaires du gouvernement et de l’État ce qui eut pour conséquence le retour d’un certain degré de cynisme et d’aliénation sociale.

Une ossification dogmatique avait aussi affecté le travail théorique, sapant toujours davantage le dynamisme du Parti et empêchant l’analyse exacte des conditions et des problèmes concrets de l’édification du socialisme. Cela conduisit à de graves erreurs théoriques : évaluation erronée de la situation internationale, sous-estimation de la capacité de régénération du capitalisme, proclamation hâtive de l’irréversibilité des progrès socialistes, confiance exagérée dans l’équilibre des forces militaires entre le socialisme et le capitalisme. Cela provoqua également d’autres erreurs, accompagnées d’un manque de compréhension face à une série de problèmes. Ainsi, on décréta que la question nationale avait été complètement réglée et que le socialisme avait tout simplement éliminé la nécessité de se préoccuper de l’écologie. La mise au ban des débats publics et des discussions au sein du Parti autour de ces questions entraîna à son tour d’autres effets négatifs, autant sur le plan des politiques intérieures qu’extérieures des pays socialistes. La conséquence la plus grave de la stagnation de la théorie marxiste-léniniste se refléta sur le Parti lui-même, ainsi que sur sa capacité à identifier et à combattre la montée de l’idéologie bourgeoise, réformiste et ouvertement contre-révolutionnaire, autant en son sein qu’en dehors de ses rangs.

Ce sont ces facteurs négatifs, internes et externes, qui permirent aux forces opportunistes et contre-révolutionnaires existant au sein du Parti de prendre le dessus et, finalement, de causer l’effondrement de l’Union soviétique et des autres États socialistes d’Europe. Depuis l’effondrement du socialisme dans ces pays, la classe ouvrière de ces pays fait face à des privatisations massives, au vol de la propriété sociale, à un chômage massif, à la pauvreté, à la détérioration de l’éducation, des soins de santé et des autres droits sociaux, et à l’augmentation du crime organisé, de la corruption et de la haine ethnique et raciale.

La construction du socialisme et de l’État socialiste au Canada

Le socialisme au Canada sera construit dans des conditions différentes de celles de l’ex-Union soviétique et des autres pays qui ont lutté pour édifier une société socialiste : il sera bâti sur des bases économiques et techniques hautement développées, avec une classe ouvrière hautement formée et éduquée, avec une infrastructure développée, avec des ressources naturelles abondanteset une variété d’industries secondaires et tertiaires. Ces conditions, combinées aux leçons tirées des expériences socialistes antérieures positives et négatives, faciliteront la lutte pour l’édification du socialisme au Canada.

L’édification du socialisme exigera l’établissement d’un État de type nouveau, socialiste, et dirigé par la classe ouvrière et ses alliés. Un État socialiste est essentiel pour planifier et organiser la production et la distribution, pour briser le pouvoir de la classe capitaliste, approfondir et étendre la démocratie de façon à orienter le pouvoir créatif de la classe ouvrière vers l’édification d’une société nouvelle et socialiste, et ainsi empêcher la restauration contre-révolutionnaire du capitalisme.

Nombreux sont les faits historiques qui prouvent que les forces réactionnaires capitalistes ne céderont pas de leur gré leur pouvoir et leurs privilèges. Ils essaieront de freiner le processus démocratique. Le danger de violence capitaliste contre l’État socialiste et contre la volonté exprimée par la majorité du peuple est inévitable : il ne doit pas être sous-estimé, car les conséquences seraient extrêmement graves. La classe ouvrière et ses alliés, après avoir instauré le pouvoir socialiste, seront justifiés d’utiliser le pouvoir et l’autorité de l’État pour protéger la volonté démocratique de la majorité contre la minorité, qui essaiera par tous les moyens de reprendre sa position dominante perdue. La nature des lois et des mesures décrétées pour protéger le pouvoir de la classe ouvrière dépendra du degré de résistance que les éléments capitalistes réactionnaires opposeront à l’ordre public socialiste.

Une transition pacifique vers le socialisme serait certes souhaitable. Mais cela dépendra d’abord du rapport de forces existant à ce moment, et pas seulement des désirs du peuple. Pour résister et mettre fin à la violence des capitalistes et de la réaction politique, il sera crucial de développer l’unité maximale et l’unicité des visées du peuple, la participation unie et la plus large possible des secteurs de la classe ouvrière à la lutte politique. Cela nécessitera également le développement d’une unité avec les petits producteurs (fermiers, pêcheurs et artisans) et les couches moyennes de la population. La classe ouvrière doit être prête à utiliser toutes les formes de lutte pour combattre la résistance inévitable du capital au progrès social.

Pour la première fois dans l’histoire du Canada, la majorité du peuple dirigera le pays et instaurera une véritable démocratie. La dictature du capital sur le travail, c’est-à-dire le gouvernement de la minorité sur la majorité, sera abolie et remplacée par la démocratie socialiste, qui fera en sorte que le pouvoir politique sera assumé par la classe ouvrière et par ses alliés. Pour la première fois, ce seront les intérêts du peuple qui prévaudront dans notre vie économique, politique et culturelle.

Quelle que soit la forme qu’il assumera, l’État socialiste représentera, dans son essence de classe, le pouvoir de la classe ouvrière. Marx s’y référait en utilisant l’expression “dictature du prolétariat”. En termes pratiques, le pouvoir d’État sera exercé par la grande majorité de la population canadienne sur la minorité capitaliste d’autrefois.

La transformation socialiste

La vie politique de l’État socialiste sera profondément plus démocratique que tout ce qui aura été réalisable sous le capitalisme. Des millions de travailleurs et de travailleuses participeront aux affaires du pays.

Pour réaliser la plus large unité possible en vue de l’édification d’un Canada socialiste, notre parti propose une alliance, autour d’un programme commun, de tous les partis politiques et de toutes les organisations populaires qui reconnaissent la nécessité d’une transformation sociale révolutionnaire et le rôle dirigeant que doit jouer la classe ouvrière.

Bien qu’il soit impossible de connaître avec certitude la forme exacte que prendra un Canada socialiste, notre parti prévoit qu’un État socialiste aura les caractéristiques suivantes :

Notre parti propose la formation d’un gouvernement multi-partis comprenant les forces politiques qui sont d’accord avec la réalisation et la construction d’une société socialiste. Dans un tel gouvernement multi-partis, tous les partis voulant participer à la construction du socialisme pourront apporter leur contribution, et les partis d’opposition pourront également y apporter une contribution positive à condition de respecter les lois et la Constitution socialistes.

Quoique le capitalisme crée les conditions préalables au socialisme, ce dernier ne se développera pas spontanément et devra conséquemment être édifié au moyen d’une lutte prolongée du nouveau contre l’ancien. Dès son instauration, l’État ouvrier entreprendra d’organiser et de diriger, étape par étape, la transition du Canada vers le socialisme.

Il est difficile de prévoir quelles seront les étapes de ce processus historique et si ce dernier ne comprendra que des avancées et jamais de retraites. Le rythme d’édification du socialisme dépendra de la lutte de classe menée par la classe ouvrière et le peuple en général, de la volonté démocratique de ceux-ci, ainsi que du niveau de résistance qu’exerceront les classes réactionnaires. Le contexte international aura également un impact.

Le gouvernement socialiste devra remplacer l’ancien État capitaliste par un nouvel État socialiste. Afin de réorganiser l’économie et la société en général, il aura le devoir d’exécuter la Constitution et la législation de la République socialiste du Canada, de maintenir le pouvoir populaire, de protéger la propriété socialiste ainsi que les droits et la propriété personnelle des personnes.

La liberté de parole, de presse, d’association et d’assemblée sera garantie par la Constitution. La classe ouvrière et ses organisations auront les médias à leur disposition. Il y aura séparation entre les Églises et l’État , de même qu’entre les Églises et l’école. Les personnes auront le droit d’avoir, de pratiquer et de préconiser des opinions religieuses ou non-religieuses. Les droits civils fondamentaux, y compris l’interdiction d’arrestation et d’actions policières arbitraires, l’accès de tous les citoyens et citoyennes aux tribunaux, le droit à l’habeas corpus et au procès devant jury seront enchâssés dans la législation et dans la Constitution. Le pouvoir judiciaire défendra la Constitution et la législation de l’État socialiste et protégera les droits des personnes, y compris le droit à la vie privée.

Le gouvernement socialiste décrétera la propriété sociale des secteurs financier et industriel de l’économie, des terres, des ressources naturelles, des transports et des communications.

Le fonctionnement de l’économie exigera, pendant un certain temps, que de petites et de moyennes entreprises non-monopolistes continuent de fonctionner, sous une variété de formes de propriété et de production, dans le cadre d’un plan économique général selon les conditions établies par le gouvernement socialiste. En plus des entreprises d’État et des entreprises privée, il y aura des coopératives de producteurs et de consommateurs, et, si les conditions le permettent, des entreprises mixtes, c’est-à-dire à capitaux d’État et privés.

La propriété privée de biens personnels, y compris le droit de posséder une maison, un chalet, des économies, un fonds de pensions et des polices d’assurances, sera garantie. Le peuple décidera, à la lumière des circonstances, de toute compensation à verser aux grands capitalistes pour les propriétés qui leur auront été expropriées.

La planification socialiste de l’économie, l’utilisation des derniers progrès scientifiques et technologiques et le fait de compter sur les capacités créatrices des travailleurs et des travailleuses permettront de garantir le plein emploi et la fin des disparités régionales à travers le Canada. Les programmes sociaux seront graduellement étendus de façon à garantir davantage de biens et de services de consommation privée qui, pour le moment, doivent être achetés dans la société capitaliste. Le rôle du marché dans la société diminuera graduellement, par conséquent, pour être remplacé par une production pour l’usage. Les avantages découlant des nouvelles technologies et des taux de productivité plus élevés serviront à réduire la durée du travail et à alléger les tâches physiques, permettant aux travailleurs et aux travailleuses de consacrer plus de temps à des activités culturelles et à des loisirs épanouissants.

La production sera planifiée pour répondre aux besoins matériels et culturels grandissants de la population, tout en mettant fin et en renversant la tendance à la dégradation de l’environnement et aux ravages causés par le capitalisme. Les besoins des personnes et de l’environnement de la planète seront respectés. Des stratégies de développement seront choisies de façon à réduire le plus possible l’épuisement des ressources. La production peut être planifiée de façon à satisfaire les besoins de la population sans que l’on soit obligé de promouvoir pour autant la surconsommation, un phénomène étroitement lié à la recherche du profit et qui existe aujourd’hui en même temps que se développe sur une large échelle la pauvreté dans le monde. Une économie socialiste créera les conditions pour mettre en place des politiques permettant une utilisation prudente et efficace des ressources naturelles et une gestion planifiée de l’environnement. La vigilance restera néanmoins nécessaire.

En supprimant le lourd tribut extorqué par la classe des capitalistes sous la forme de profits, de loyers, d’intérêts et de spéculations parasitaires, et en éliminant le terrible gaspillage qu’entraînent la production militaire et les guerres, les crises économiques, la surproduction, l’obsolescence planifiée de marchandises vendues aux consommateurs, le chômage, la rivalité acharnée, la publicité compétitive, entre autres, l’État socialiste mettra à la disposition de la société d’immenses ressources actuellement gaspillées.

Sous le socialisme, la création de richesse sociale n’aura qu’un seul objectif : servir les intérêts du peuple en élevant le niveau de vie, en améliorant et en étendant les services sociaux et en libérant les forces culturelles pour l’instant étouffées par la domination du grand capital.

Sécurité, liberté et progrès humain

Une fois instauré, le socialisme garantira par la loi le droit à l’emploi pour tous et toutes. Les salaires seront payés selon la quantité et la qualité du travail réalisé et le niveau de compétence exigé.

Étant donné que l’industrie appartiendra aux masses laborieuses, la bourgeoisie disparaîtra en tant que classe. Les conditions seront ainsi créées pour mettre fin au conflit entre le travail et le capital. De nouveaux rapports sociaux, de nature socialiste, s’établiront, selon lesquels les intérêts des travailleurs et des travailleuses, des ingénieurs, des scientifiques et des administrateurs seront harmonisés.

De concert avec les activités de l’État populaire révolutionnaire, la démocratie comptera toujours davantage sur les réalisations des institutions populaires non gouvernementales. Sous le socialisme, non seulement les syndicats auront les droits dont ils ont besoin pour fonctionner dans une économie capitaliste, c’est-à-dire le libre droit de syndiquer, de négocier et de faire la grève, mais ils participeront également à la gestion de l’État et joueront un rôle actif dans la gestion du processus de production ainsi qu’au sein des organismes de planification sur les lieux de travail, au niveau régional, provincial et de tout le pays. Les droits des travailleurs et des travailleuses seront garantis par la Constitution. Les syndicats concluront des conventions collectives avec l’industrie socialiste; les salaires pourront ainsi être progressivement augmentés et il en sera de même pour la réduction dans la durée du temps de travail, ainsi que l’amélioration des conditions de travail. Ils auront le pouvoir, appuyés par les tribunaux, de faire respecter les lois sur la santé et la sécurité, d’administrer les mesures de sécurité sociale et de santé, ainsi que de superviser les mesures garantissant la sécurité mentale et physique des travailleurs et des travailleuses.

L’État garantira aux personnes, possédant des fermes, des concessions sur les terres qu’ils cultivent. Elles seront libérées du fardeau de la dette imposée par les monopoles financiers et industriels. Les coopératives de commercialisation faciliteront les échanges entre la ville et la campagne et les économies d’échelle. Les économies d’échelle sont des économies réalisées en profitant de l’avantage qu'il y a, toutes choses égales, à produire à grande échelle, en grandes quantités. Là où de telles économies sont possibles, grâce au regroupement de petites fermes en coopératives de production, l’État socialiste encouragera ce processus en offrant, entre autres choses, des prêts abordables.

L’État socialiste encouragera le développement des sciences et des technologies. Il mettra sur pied des programmes accessibles et complets en matière de sport amateur et d’exercices physiques. Il favorisera une culture démocratique populaire. L’État stimulera le processus de création et jettera les bases pour l’épanouissement des arts. La liberté d’expression artistique sera garanti par la Constitution.

Les conditions matérielles permettant de mettre totalement fin à l’oppression de la femme seront développées sous le socialisme. La société socialiste accordera à leur juste valeur toutes les contributions sociales et économiques de la femme de façon à assurer l’égalité des sexes en matière de travail payé et non payé, et à faire en sorte que l’égalité des sexes s’instaure dans tous les domaines de la vie. Le socialisme fera disparaître la pauvreté. La responsabilité des soins aux enfants, aux malades et aux personnes âgées ne doit pas retomber uniquement sur les femmes mais sur tous les adultes, et des services à l’enfance doivent être disponibles pour tous les travailleurs et toutes les travailleuses. L’égalité des sexes exige également des mesures de tolérance zéro face à toute forme de violence faite aux femmes. L’engagement ferme de développer la solidarité entre les hommes et les femmes est lié à la construction et au maintien d’un Canada socialiste. L’éradication de l’inégalité des sexes est cruciale pour en finir avec le capitalisme et parvenir à un stade supérieur de l’histoire de l’humanité.

Une société socialiste protégera les droits des enfants et des jeunes. Un système d’éducation public, pleinement démocratisé et gratuit à tous les niveaux, offrira à toute personne la possibilité d’étudier. Les droits de scolarité et le matériel scolaire seront gratuits, et les étudiants qui fréquenteront les institutions universitaires recevront des allocations. Des programmes de formation en entreprise seront disponibles pour les jeunes.

Le peuple sera libéré du grand fardeau de l’insécurité. Des services sociaux à tous les niveaux répondront aux besoins des enfants, des adultes et des personnes âgées. Dans un Canada socialiste, il n’y aura plus de sans abris, de personnes souffrant de faim ou manquant de soins de santé. La nouvelle législation familiale remplacera le concept patriarcal privilégiant le noyau familial hétérosexuel en reconnaissant différentes formes de famille et d’orientation sexuelle.

Le socialisme créera les conditions permettant de résoudre, de façon fondamentale et profondément démocratique, la question nationale. La Constitution du Canada socialiste, fermement basé sur le principe du droit des nations à disposer d’elles-mêmes, garantira l’union volontaire de nations libres et égales. Les droits des minorités nationales et des groupes ethniques, qui sont essentiels, seront garantis par la Constitution.

Un Canada socialiste devra corriger les injustices infligées aux peuples aborigènes au cours de l’histoire, tout en leur fournissant de l’aide dans tous les domaines leur permettant de mettre en œuvre leurs aspirations nationales. Les peuples aborigènes connaîtront l’égalité totale dans tous les aspects de la vie lorsque le racisme et la discrimination existant à leur égard soient éliminés. La propriété coopérative et publique permettra aux communautés aborigènes de mettre fin à l’exploitation de classe. L’aide économique et les autres formes d’assistance seront nécessaires pour que les peuples aborigènes puissent protéger et développer leur langue, leur culture et leurs valeurs. Les droits aborigènes seront expressément enchâssés dans la Constitution socialiste.

De façon générale, les droits collectifs seront protégés et améliorés de façon à garantir les droits individuels et fondamentaux de tous et toutes. Le droit à la participation dans les prises de décisions démocratiques devra particulièrement être protégé, ainsi que le droit à la dissension.

La Constitution déclarera que tous les pouvoirs émanent du peuple et sont exercés à tous les niveaux de gouvernements par ses représentants et ses représentantes élus-es. Le droit des électeurs et des électrices de révoquer les élus-es, le droit d’accès à l’information et le droit de présenter des pétitions et de critiquer le gouvernement ou n’importe quel organisme relevant de l’État, doivent prévaloir. Les masses populaires participeront à l’administration du Canada au sein d’organismes élus de gouvernement, des syndicats, des comités d’usines, des fermes, des organisations communautaires et professionnelles, d’une nouvelle manière, plus démocratique que jamais. Une armée du peuple et une milice populaire devront être constituées pour sauvegarder la loi et l’ordre socialistes et pour défendre le pays.

Les relations du Canada avec les autres pays seront régies selon les principes d’égalité, de paix, d’amitié, de diplomatie sans accords secrets, d’échanges culturels, scientifiques et commerciaux basés sur des conditions mutuellement profitables.

Il sera illégal de pratiquer ou de préconiser des mauvais traitements ou de la discrimination basés sur l’origine nationale, ethnique ou aborigène, sur le sexe, la couleur, un handicap, l’orientation sexuelle ou la religion.

Le socialisme créera de nouveaux rapports sociaux et économiques basés sur l’égalité. L’exploitation d’une classe de personnes par une autre sera abolie, ce qui constitue la condition essentielle pour l’édification d’une société nouvelle dans laquelle les droits de la personne seront garantis.

Le socialisme ne se limitera pas à changer radicalement les institutions fondamentales de la société. Avec le temps, le socialisme transformera aussi et entièrement la nature des relations quotidiennes des personnes entre elles. Il mettra en valeur la capacité des êtres humains d’utiliser leur intelligence pratique et d’offrir leur solidarité généreuse, comme ils l’ont toujours fait dans une certaine mesure, même dans les conditions les plus adverses. Le peuple gérera, toujours davantage et plus directement, ses affaires d’une façon collective. Comme l’affirme Marx, le travail deviendra “non seulement un moyen de vivre mais le principal besoin de la vie”. Sur le plan social, les personnes deviendront graduellement moins passives et moins compétitives, toujours plus critiques et plus coopératives.

Un peuple nouveau naîtra, libéré de l’intolérance et des préjugés, élevé dans un climat humain et fraternel. La communauté socialiste se caractérisera par son travail créatif, réalisé pour le bien de la société et de la personne. Elle jettera les bases de la société communiste, dont l’humanité rêve depuis des siècles : une société sans classe, basée sur l’abondance de la richesse matérielle et spirituelle, dans laquelle l’État dépérira et chaque personne contribuera selon ses capacités et recevra selon ses besoins.

Chapitre 8
Le Parti communiste

La mission historique de la classe ouvrière et du Parti communiste consiste à diriger le Canada du capitalisme au socialisme et finalement à accéder au communisme. Pour réaliser cet objectif élevé, la classe ouvrière et le Parti doivent également lutter pour empêcher le déclenchement d’une guerre mondiale et pour protéger l’environnement de la destruction.

Le Parti communiste lutte pour devenir le principal parti de la classe ouvrière, de toutes les personnes qui travaillent de leurs mains et de leur cerveau. Il est issu de la classe ouvrière et constitue le détachement politique organisé de cette classe. Le Parti n’a pas d’autres intérêts que ceux de la classe ouvrière dans son ensemble.

La vision du monde du Parti communiste est basée sur le marxisme-léninisme, qui incarne la théorie du socialisme scientifique mise en évidence par Karl Marx, Friedrich Engels et Lénine. Le marxisme-léninisme n’est pas un dogme : c’est une théorie vivante en constant développement, un outil d’analyse et un guide pour l’action. Il incorpore l’expérience concentrée de toutes les luttes de la classe ouvrière, aussi bien au Canada que partout à travers le monde. Plus de 150 années se sont écoulées depuis la publication du “Manifeste du Parti communiste”, période au cours de laquelle le marxisme-léninisme s’est affirmé comme étant la théorie et la pratique du socialisme.

Dans les lieux de travail, les travailleurs et les travailleuses mènent un combat économique quotidien pour des conditions de travail et des salaires meilleurs. Or ce n’est pas des lieux de travail que naissent spontanément la théorie et la pratique socialistes. Le Parti communiste, par son travail, réalise la fusion entre le socialisme scientifique et la lutte de classe, et développe ainsi la conscience politique et socialiste des travailleurs et des travailleuses, la conscience de leur mission historique en tant que classe.

Le Parti communiste vise à ce que la classe ouvrière s’approprie la vision marxiste-léniniste du monde. Il défend les principes marxistes-léninistes contre les tentatives de les rejeter ou de les déformer. La science du marxisme-léninisme, et le Parti qui l’incarne, sont essentiels pour la réalisation du pouvoir politique de la classe ouvrière, sa consolidation et la construction du socialisme.

Les communistes luttent pour jouer un rôle actif et déclencheur relativement aux luttes quotidiennes du peuple pour la défense de son niveau de vie et pour la satisfaction de ses besoins matériels, sociaux et culturels.

Le Parti vise à jouer un rôle dirigeant auprès de la majorité de la classe ouvrière en faisant la promotion de ses politiques lors des luttes menées par les travailleurs et les travailleuses pour la satisfaction de leurs besoins immédiats. Il souligne en même temps les leçons devant être tirées de ces luttes. Il intervient sur la scène publique et lutte pour l’unité de la classe ouvrière.

Le Parti communiste cherche constamment à étendre son influence publique et à gagner dans ses rangs les membres de la classe ouvrière, des fermiers, des intellectuels, des étudiants, des femmes et des jeunes qui sont les plus avancés politiquement et les plus dévoués. Le Parti communiste est présent à la fois sur la scène électorale et au sein des luttes extraparlementaires.

Le Parti mène la lutte pour défendre l’idéologie de la classe ouvrière contre l’idéologie capitaliste et contre le social-réformisme qui défend l’ordre capitaliste. Il combat à la fois l’opportunisme de droite et celui de gauche, ainsi que le dogmatisme, le sectarisme, le chauvinisme, le nationalisme bourgeois, l’anarchisme et l’aventurisme. Il coopère avec les organisations de la classe ouvrière dans la lutte commune pour les besoins du peuple. Dans les débats et les discussions démocratiques, le Parti communiste essaie de convaincre les personnes qui suivent les leaders sociaux-réformistes de la justesse du socialisme scientifique.

Le Parti communiste cherche à unir, au sein d’un seul parti, toutes les personnes qui luttent pour le socialisme sur la base du marxisme-léninisme.

Le Parti communiste prend positions sur toutes les questions qui concernent le peuple. Il défend celui-ci ainsi que les droits de toutes les nations au sein du Canada. Il défend les intérêts fondamentaux de la classe ouvrière et des masses laborieuses dans leur ensemble, qui constituent la grande majorité des Canadiens et des Canadiennes. Il défend la souveraineté du Canada. Il défend le droit des femmes et lutte pour la pleine égalité de la femme dans la société.

Le Parti lutte pour établir dans ses rangs des rapports basés sur les principes et sur l’éthique communistes. Il lutte contre toute manifestation de sexisme, de racisme, de discrimination et d’intolérance qui pourrait apparaître dans ses rangs. Il lutte en tout temps pour que règne et se développe la démocratie au sein du Parti, et protège les droits constitutionnels de tous ses membres.

Le Parti communiste est voué à la promotion du progrès démocratique, la défense des droits démocratiques et juridiques du peuple contre les attaques réactionnaires. Il se bat en même temps pour étendre ceux-ci. Le Parti communiste n’est pas un parti qui fomente des coups d’État ou des conspirations. Il s’oppose aux actes individuels de terrorisme ainsi qu’aux personnes qui voudraient remplacer la nécessité d’un travail patient d’éducation et d’organisation des masses par des phrases pseudo-révolutionnaires creuses et par des appels irresponsables à des actions sans égard à la situation actuelle.

Le Parti communiste s’appuie sur les traditions de tous ceux et celles qui se sont battues pour les droits démocratiques et pour l’indépendance du Canada. Il incarne les rêves et les aspirations des innombrables héros des luttes des travailleurs et des travailleuses au Canada.

Le Parti communiste travaille pour l’avancement politique des ouvriers, des ouvrières et de toutes les personnes qui oeuvrent dans les domaine de la pêche, de l’agriculture, ainsi que des couches moyennes de la population. Au cours d’une lutte conséquente pour la démocratie, la majorité du peuple, par ses propres actions unifiées et par sa volonté politique, sous la direction de la classe ouvrière, pourra réaliser des progrès importants. Le Parti communiste œuvre au resserrement des liens de coopération entre toutes les forces ouvrières et démocratiques, pour qu’une nouvelle majorité lutte pour le changement et le progrès social par l’instauration d’un gouvernement populaire, ouvrant ainsi des perspectives pour d’autres transformations révolutionnaires et pour la victoire du socialisme.

Les communistes luttent pour renforcer l’unité d’action avec toutes les forces ouvrières, progressistes et démocratiques. Le Parti communiste cherche à coopérer avec d’autres organisations au sein des mouvements ouvrier et démocratiques et travaille à développer de larges coalitions, alliances et regroupements de front uni pour défendre et promouvoir les intérêts de la classe ouvrière et les droits sociaux, économiques et démocratiques du peuple. L’établissement d’alliances augmente la force matérielle des travailleurs et des travailleuses et montre que l’oppression particulière subie par un groupe n’est qu’une des différentes formes d’oppression du capitalisme sur l’ensemble de la classe ouvrière. Les alliances mettent en évidence les relations entre les classes et entre ces différents, ainsi qu’entre ceux-ci et l’État. Ces alliances aident le peuple travailleur à riposter aux autres formes d’oppression capitaliste. Elles favorise l’apprentissage des méthodes pour travailler avec ces autres classes et groupes de la société. En d’autres termes, ces alliances aident à créer la base pour que la classe ouvrière puisse plus tard mieux jouer son rôle de direction.

Simultanément, le Parti communiste maintient son indépendance idéologique, politique et organisationnelle. Il explique ouvertement son programme au peuple, et prône la nécessité et la pertinence actuelle d’une transformation socialiste.

Le Parti communiste s’oppose au chauvinisme “de grande nation” ainsi qu’au nationalisme étroit en matière de pensée politique, économique, culturelle et sociale. Il lutte pour une unité solide entre tous les peuples vivant au Canada, sur la base de l’égalité et du respect intégraux des droits nationaux. Il favorise la coopération et l’amitié entre les gens, indépendamment de leur origine, et reconnaît à tous et toutes le droit de protéger et développer leurs traditions nationales.

Les communistes ont en commun avec les premiers démocrates radicaux et les pionniers des luttes ouvrières le fait d’être internationalistes. Ils affirment que les travailleurs et les travailleuses, à travers le monde, partagent les mêmes intérêts fondamentaux. La lutte pour faire progresser les intérêts de la classe ouvrière et du peuple en général et la défense de la souveraineté de ce pays sont des éléments inséparables de l’internationalisme prolétarien, c’est-à-dire de la solidarité de la classe ouvrière de tous les pays contre la domination impérialiste et pour l’établissement de la paix dans le monde.

Un des principes directeurs de l’internationalisme prolétarien est le respect de l’égalité et de la souveraineté de toutes les nations, petites ou grandes.

Le devoir des travailleurs et des travailleuses de notre pays est de lutter contre l’exploitation des peuples d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique par l’impérialisme canadien. La lutte conjointe contre l’impérialisme des États-Unis et pour la libération nationale et sociale exige, dans le cas des Amériques, une solidarité particulière entre les masses laborieuses du Canada, des États-Unis, de Cuba socialiste, de toute l’Amérique latine et des Caraïbes.

Les communistes luttent pour l’émancipation de toute l’humanité et la fin de l’exploitation capitaliste, du pillage colonial, de la guerre impérialiste, de la pauvreté et de l’ignorance. Le Parti communiste travaille à convaincre la classe ouvrière au Canada de la nécessité d’être solidaire avec les travailleurs et les travailleuses de tous les pays qui essaient de se libérer de la domination impérialiste et qui luttent pour construire le socialisme.

Conformément à sa vision marxiste-léniniste du monde, le Parti communiste étudie et tire des leçons des expériences des mouvements de la classe ouvrière des autres pays, tout en tenant compte des conditions spécifiques et des traditions populaires d’ici. Il entretient et développe d’étroites relations avec d’autres partis communistes et d’autres Partis des travailleurs sur la base de la solidarité, de l’indépendance, de la pleine égalité et de la non-ingérence. Il travaille en vue de l’unité politique et idéologique du mouvement communiste mondial.

Le centralisme démocratique, principe organisationnel du Parti, assure, d’une part, la participation de tous ses membres à la discussion démocratique, à la prise de décision et à l’élection de tous les comités de direction, et, d’autre part, une direction collective centrale au niveau de l’action et des décisions qui lient tous ses membres. Le centralisme démocratique est basé sur la critique et l’autocritique, ainsi que sur la reconnaissance publique des erreurs commises dans le but de tirer des leçons de celles-ci afin d’améliorer le travail du Parti.

L’évolution de la situation au Canada nous conduit, par une voie difficile mais inexorable, vers le remplacement du capitalisme par le socialisme. En luttant pour ce changement fondamental, les communistes expriment en fait les idéaux d’un grand nombre de personnes qui vivent au Canada et qui aspirent à un nouvel ordre social, humain et libéré de l’exploitation et de l’oppression.

Le Parti communiste honore et encourage les plus hautes qualités morales des travailleurs et des travailleuses, leur dévouement pour la cause de la libération socialiste, la cause de la liberté et du bonheur humain. Il cherche à cultiver cette éthique humaniste au sein des masses laborieuses.

Pour toutes ces raisons, le Parti communiste est le détachement le plus avancé de la classe ouvrière, luttant continuellement pour en devenir l’avant-garde.

Depuis la fondation de leur parti, en 1921, les communistes brandissent avec détermination la bannière de la paix, de l’indépendance du Canada, de la démocratie et du socialisme. Ils ont toujours appuyé les luttes de la classe ouvrière et des fermiers pour une vie meilleure, et ont souvent assumé un rôle dirigeant dans le cadre de ces luttes.

Tel est le programme des communiste au Canada.

Le Parti communiste invite toutes les personnes qui sont d’accord avec ce programme, qui sont prêtes à l’adopter comme le leur et à lutter pour sa réalisation, à devenir membre du Parti.

Adhérez au Parti communiste!

Travailleurs, travailleuses et peuples opprimés de tous les pays, unissez-vous!