2/02/2000

Discours Octobre-Che

Monsieur le consul de Cuba
Monsieur le consul de la République bolivarienne du Venezuela
Mesdames et Messieurs
Camarades et amis

Au nom du Parti communiste du Québec et du Parti communiste du Canada, je vous salue et je vous remercie de participer avec nous à cette célébration à la fois de la Révolution d’octobre 1917 ainsi qu’à la mémoire de ce grand héros de la révolution cubaine que fut Ernesto « Che » Guevara.

Voilà quelques années déjà que nous organisons cette activité à la mémoire du Che. Mais cette année, c’est aussi le 90ième anniversaire de la révolution d’octobre 1917 en Russie, et nous tenions à souligner l’évènement. D’ailleurs, notre parti va organiser des assemblées semblables dans d’autres villes du pays, notamment à Vancouver, Winnipeg et Toronto.

D’autres partis communistes à travers le monde feront sans doute de même, tel qu’il fut proposé par KKE, le Parti communiste grec, lors de son dernier congrès tenu à Athènes en 2005.

Le KKE a alors suggéré que les partis communistes devraient accorder une importance particulière à souligner les moments historiques et les anniversaires qui ont marqué les luttes de la classe ouvrière et du mouvement communiste, et de façon générale, les luttes d’émancipation des peuples ( le 1er mai, l’anniversaire de la révolution d’Octobre, de la défaite du fascisme le 9 mai 1945, de la bataille de Stalingrad, de la révolution cubaine, etc.), non seulement pour contrer la réécriture que les impérialistes font de l’histoire mais aussi comme étant une opportunité de soulever des questions contemporaines des luttes de la classe ouvrière et des peuples.

L’un des principaux objectifs de cette proposition est de travailler au développement des relations entre les partis communistes dans le but de mettre sur pied un pôle communiste international. Dans la mesure de nos moyens, nous souhaitons participer à des activités et à des actions coordonnées sur le plan international entre les partis communistes afin de contribuer au renforcement des liens entre eux, à travers le monde et en particulier en Amérique.

Entrons maintenant dans le vif du sujet : la révolution d’Octobre fut sans nul doute l’évènement le plus important du 20e siècle, l’évènement qui a influencé et qui influence encore aujourd’hui, le plus notre vie à tous.

La révolution d’Octobre fut la première révolution socialiste victorieuse. La classe ouvrière soviétique a réussi à vaincre la contre-révolution et l’intervention impérialiste, à se maintenir au pouvoir pendant des décennies et à édifier le socialisme.

Ce qui avait été jusqu’alors une bonne idée devenait une réalité concrète. L’existence de l’URSS était la preuve vivante que la classe ouvrière de chaque pays pouvait mettre fin au système capitaliste et aux privilèges de la bourgeoisie et pouvait instaurer un ordre nouveau, sans exploitation et sans oppression.

Lénine a écrit : « Nous avons entamé cette tâche. Mais la question la plus essentielle n’est pas de savoir exactement quand, après combien de temps, les prolétaires de chaque nation termineront cette tâche. L’essentiel, c’est d’avoir rompu la glace, d’avoir ouvert la route, d’en avoir balisé le parcours ».

En effet, dans la foulée de la révolution d’Octobre se développa un puissant mouvement communiste à travers le monde, organisé au sein de la Troisième Internationale communiste (1919-1943). Le rapport de force entre la classe capitaliste et la classe ouvrière à travers le monde était en train de se renverser en faveur de la classe ouvrière.

Les capitalistes du monde entier vouaient une haine farouche à l’URSS qui était un exemple menaçant pour leurs privilèges. Aussi ne reculèrent-ils devant rien pour essayer de détruire l’URSS. Ils utilisèrent tous les moyens économiques, militaires, politiques et idéologiques à leur disposition pour l’écraser.

Ainsi, après que leurs armées eurent échoué dans leur tentative de remettre le tsar sur son trône, ils entreprirent la plus vaste campagne de calomnies et de désinformation que l’humanité ait connue, campagne qui perdure encore aujourd’hui, afin de dénigrer le socialisme et d’empêcher les ouvriers et les ouvrières de joindre le mouvement.

Un bon exemple de cette désinformation est à propos du nombre de prisonniers durant l’époque de Staline. Ainsi parmi les plus délirants mensonges se trouve le prix Nobel Soljenitsyne qui prétend qu’il aurait eu 60 millions de morts dans les « goulags », les camps de travail.
Or depuis qu’il est possible d’avoir accès aux archives secrète du KGB nous savons maintenant qu’au plus fort de la période précédent l’attaque nazie, pendant que l’URSS subissait alors énormément de subversion de la part des pays impérialistes et en particulier des nazis, il y avait eu au maximum 2,5 millions de prisonniers, incluant environ 454 000 d’entre eux pour des motifs politiques. Cela représentait à l’époque 2,4% de la population adulte.

Évidemment, même si on est loin des élucubrations de l’anticommuniste Soljenitsyne, c’est quand même beaucoup de monde et cela démontre certainement l’existence de difficultés. Mais si on compare avec les Etats-Unis, première puissance mondiale, qui, elle, n’est pas menacée d’agression militaire par aucun autre pays, mais qui avait malgré tout en 1996 5,5 millions de prisonniers, soit 2,8% de sa population adulte, on peut prendre la mesure de la désinformation et de la propagande anti-communiste.

Mais la vérité est têtue. Pendant la crise des années 30, alors que le capitalisme s’effondrait et que les masses laborieuses étaient vouées à une misère extrême, l’URSS au contraire voyait son économie se développer pour le plus grand bénéfice du peuple soviétique. La propagande capitaliste ne parvenait donc pas à endiguer le développement fulgurant du mouvement communiste.

Prenons l’exemple de notre parti au Canada. Il a été fondé en 1921. Évidemment, il était au départ une petite organisation, peu influente. Mais lorsque survint la grande crise économique en 1929, le parti se développa de façon très importante. Il entreprit de faire signer à travers le pays une pétition réclamant un régime d’assurance-chômage. La pétition qui fut massivement signée, fut déposée au gouvernement conservateur de l’époque. Effrayé par ce mouvement, le gouvernement fit arrêter et emprisonner la plupart des dirigeants du Parti qu’il accusa de sédition. Plutôt que de répondre favorablement aux revendications, il fit au contraire mettre sur pied des dizaines de camps de concentrations, surveillés par l’armée, où furent parqués les chômeurs célibataires, afin d’empêcher qu’ils vagabondent de villes en villes et sèment la révolte.
Mais la révolte eu lieu tout de même. En 1935, sous la direction du Parti communiste, les chômeurs sortirent des camps, et en utilisant les trains de marchandises, passaient de villes en villes pour mobiliser encore plus de chômeurs dans une « grande marche » vers la capitale, Ottawa. La manifestation fut réprimée dans le sang, mais le mouvement ne pouvait plus être arrêté. Le gouvernement fut battu aux élections peu après et le nouveau gouvernement libéral n’eut d’autre choix que de promettre d’établir un programme d’assurance-chômage.
Cette année-là, le premier mai 1935, près de 250 000 personnes ont manifesté sous les bannières du Parti communiste dans différentes villes à travers le Canada.

Une situation semblable existait dans tout les pays. Lorsqu’elles étaient incapables de répondre aux besoins et aux revendications des masses laborieuses de leurs pays, les capitalistes utilisèrent des méthodes répressives, voire la terreur fasciste ouverte pour se maintenir au pouvoir. Ils firent tout en leur pouvoir pour détourner la fureur nazie contre l’URSS espérant qu’elle soit détruite.

C’est ainsi que l’URSS a dû subir la plus brutale agression qu’un pays ait pu connaître dans toute l’histoire de l’humanité. Les nazis y ont tués plus de vingt millions de personnes, et ce, avec la passivité complice des Alliés. Mais le courage du peuple soviétique, le courage des mouvements de résistance anti-fasciste, dirigés par les partis communistes, permirent de libérer l’humanité du nazisme. Voilà une contribution marquante de la révolution d’Octobre dont nous jouissons tous encore aujourd’hui.

Il se constitua après la guerre un puissant camp socialiste qui modifia considérablement le rapport de force entre le socialisme et le capitalisme. La révolution d’Octobre avait eu une répercussion favorable sur les mouvements d’opposition au colonialisme. Mais la force de ces mouvements de libérations fut décuplée après la Deuxième Guerre mondiale, permettant à de nombreux pays de conquérir leur indépendance nationale, de mettre fin au colonialisme et, à plusieurs parmi eux, de rejoindre le camp socialiste.

Dans un tel contexte, la bourgeoisie dans les pays capitalistes n’eut d’autre choix que de céder finalement à bon nombre des revendications ouvrières afin de calmer la ferveur révolutionnaire. C’est ainsi que dans la plupart des pays occidentaux furent institués des services publics de santé et d’éducation, gratuits ou presque, des régimes de pensions de vieillesse, de sécurité sociale et de revenu contre le chômage. La législation du travail fut modifiée pour reconnaître des droits syndicaux et en même temps, encadrer les luttes ouvrières.

Ces acquis sociaux augmentèrent considérablement pendant plusieurs années le niveau de vie des travailleurs et des travailleuses dans tous les pays impérialistes. Malheureusement, cela permit aussi aux forces réformistes de laisser croire à bon nombre que le capitalisme pouvait être réformé et devenir vivable. En dénigrant le socialisme et en réprimant les communistes, la bourgeoisie a réussi dans ces pays à faire oublier à bon nombre de travailleurs et de travailleuses l’origine et la cause de ces acquis sociaux.

Mais, depuis la fin de l’URSS et du camp socialiste, dans le contexte de ce qu’on appelle «la mondialisation», la bourgeoisie arrache un après l’autre ces acquis de la classe ouvrière et cherche revenir en arrière dans un capitalisme triomphant et sauvage.

Mais la bourgeoisie continue d’avoir peur et continue sa propagande mensongère contre le communisme. Ainsi, elle est effrayée au plus au point par Cuba et par le Venezuela.
Elle aurait espéré que Cuba s’effondre aussi avec les autre pays socialistes, mais il n’en fut rien. Au contraire, Cuba, malgré les difficultés engendrées par la disparition du camp socialiste, a relevé le défi et a maintenu le socialisme et son indépendance nationale, confirmant son statut d’exemple pour la classe ouvrière et les peuples partout à travers le monde.

En 1962, Fidel Castro disait : « Qu’est-ce qui se cache derrière la haine des Yankees envers la révolution cubaine ? - C’est la peur qui les unit et qui les pousse. C’est la peur qui explique ce qu’ils font. Non pas la peur de la révolution cubaine. Mais la peur de la révolution latino-américaine… C’est la peur que les peuples exploités du continent arrachent les armes à leurs oppresseurs et se déclarent, comme Cuba, peuple libre d’Amérique. »

N’est-ce pas une préfiguration de la révolution bolivarienne ? Voilà que le Venezuela sous la direction du président Hugo Chavez veut adopter lui aussi la voie socialiste. Il devient lui aussi une force d’exemple qui fait peur aux impérialistes. C’est pour cette raison que les Etats-Unis alimentent la subversion contre-révolutionnaire au Venezuela.

Mais ce que les impérialistes oublient comme le dit Fidel Castro c’est que « la marche ascendante de l’humanité ne peut pas et ne sera pas arrêtée. Les forces qui animent le peuple, qui est le véritable constructeur de l’histoire, sont déterminées par les conditions matérielles de son existence et par son aspiration à des buts supérieurs de bien-être et de liberté. Ces forces naissent quand les progrès de l’homme dans le domaine de la science, de la technique et de la culture le rendent possible. Elles sont supérieures à la volonté des oligarchies dominantes et à la terreur qu’elles déchaînent »

La vie elle-même créa les conditions de la révolution socialiste. Comme l’a dit Lénine, c’est lorsque les conditions suivantes sont réunies au même moment que peut vaincre la révolution: « 1) L’incapacité des classes dirigeantes à maintenir leur pouvoir sous une forme inchangée (…) C'est seulement lorsque "ceux d'en bas" ne veulent plus et que "ceux d'en haut" ne peuvent plus continuer de vivre à l'ancienne manière, c'est alors seulement que la révolution peut triompher 2) Une détérioration plus grande que d’ordinaire, dans les privations et la misère des classes opprimées. 3) Pour les raisons énoncées ci-dessus, une augmentation importante de l’activité des masses qui, dans des temps de ‘paix’, permettraient qu’on les spolie en toute quiétude (…). » Mais ces conditions trouve leur source dans les contradictions fondamentales du système capitaliste, dans l’exploitation capitaliste elle-même.

La révolution d’Octobre a aussi confirmé que c’est la classe ouvrière qui joue le rôle d’avant-garde de la révolution parce qu’elle est la parfaite antithèse de la bourgeoisie. Encore une fois, comme le dit Fidel, « …la paysannerie est une classe qui a besoin de la direction révolutionnaire et politique de la classe ouvrière et des intellectuels révolutionnaires. Sans elle, elle ne pourra se lancer toute seule dans la lutte et remporter la victoire.
Dans les conditions historiques actuelles de l’Amérique latine, la bourgeoisie nationale ne peut pas diriger la lutte féodale et anti-impérialiste… parce qu’elle est paralysée par la crainte de la révolution sociale et effrayée par la clameur des masses exploitées…

Le rapport de force actuel dans le monde et le mouvement universel de libérations des peuples coloniaux et dépendants montrent leur vraie mission à la classe ouvrière et aux intellectuels révolutionnaires de l’Amérique latine : celle de se placer résolument à l’avant-garde de la lutte contre l’impérialisme et le féodalisme. »

La révolution d’Octobre a aussi confirmé la théorie de Lénine à l’effet que la révolution éclate d’abord dans le pays qui constitue le maillon faible au sein du système impérialiste. Dans des conditions de développement économique et politique asymétrique, ce qui constitue une loi absolue du capitalisme, il existe une possibilité de victoire pour la révolution socialiste dans un petit nombre de pays et même dans un seul pays pris à part. Le développement du socialisme en URSS pendant des décennies et la mise sur pied du camp socialiste après la deuxième guerre mondiale a battu en brèche les thèses de Trotsky qui toute sa vie durant n’a cessé de prédire l’effondrement imminent du socialisme.

Octobre a démontré aussi la nécessité d’une direction révolutionnaire organisée, disciplinée, et inspirée par une théorie scientifique lui permettant de faire une lecture juste de la réalité sociale et des enjeux de la révolution. Cette organisation, c’est le parti communiste et son idéologie c’est le marxisme- léninisme. « La théorie de la révolution socialiste a été forgée durant la lutte incessante contre l’idéologie bourgeoise et contre les diverses théories réformistes et opportunistes. Elle a établi scientifiquement pourquoi la condition de la classe ouvrière ne peut changer radicalement via une lutte pour des réformes. » disent nos camarades du KKE.

La défaite du socialisme en URSS et dans les pays d’Europe de l’Est nous donne aussi une autre leçon. C’est que, contrairement aux thèses qui ont eu cours en URSS peu après la constitution du camp socialiste, tant que le capitalisme subsistera dans le monde, il sera possible que la bourgeoisie se reconstitue, sous une forme nouvelle, même infiltrée au sein de l’appareil d’État socialiste et s’apprêtant à faire la contre-révolution pour rétablir le capitalisme.

Pour lutter contre cette néfaste tendance, il est nécessaire de consolider le pouvoir de la classe ouvrière, c’est-à-dire en faisant en sorte que la classe ouvrière soit de plus en plus éduquée, impliquée et mobilisée par le parti communiste et contrôle elle-même tous les rouages de l’administration et de l’État socialiste.

Camarades, la Révolution d’Octobre a sonné le glas du capitalisme. Pour ce système pourrissant, c’était le début de la fin. Encore aujourd’hui, nous nous situons dans ce début de la fin. Le socialisme a reculé temporairement en URSS mais la révolution débutée en Octobre 1917 continue, elle. 90 années, c’est bien court à l’échelle de l’histoire. Les révolutions qui s’en viennent vont bénéficier grandement de cette première expérience. À n’en pas douter le 21ième siècle sera celui de la libération de l’humanité entière de toute exploitation, de toute oppression.

Vive la révolution d’Octobre
Vive la révolution cubaine
Vive la révolution bolivarienne
Vive le socialisme
Vive le Marxisme-léninisme
Vive le Parti communiste du Québec et vive le Parti communiste du Canada

Aucun commentaire: