11/09/2000

RÉSOLUTION POLITIQUE ADOPTÉE AU XVième CONGRÈS DU PCQ (Suite1)

Rapport politique

La situation internationale


Depuis notre dernier congrès en juin 2002, les événements parmi les plus importants sur le plan international ont été mis en scène par nos voisins au sud : prenant prétexte de la guerre au terrorisme depuis l’attaque des tours du World Trade Center, ils ont livré une guerre à l’Afghanistan et ensuite à l’Irak, menacent d’attaquer la Corée du Nord et l’Iran, pays qualifiés avec Cuba, d’axe du mal, soutiennent la guerre sans merci qu’Israël livre au peuple palestinien et ont soutenu l’État sioniste dans son attaque contre le Liban durant l’été 2006, qui a résulté dans une destruction importante du pays. Les USA mènent aussi des opérations de basse intensité ou de déstabilisation contre des pays comme Cuba, le Venezuela, ou encore contre les luttes de libération telles que menées par les FARC en Colombie ou le Parti communiste des Philippines. La volonté d’hégémonie américaine n’a pour ainsi dire, plus de limite. Déterminée à briser une tendance multipolaire qui se développait dans le monde, la grande puissance impérialiste américaine compte sur sa supériorité sur le plan militaire pour s’assurer de la domination planétaire et prend les moyens en conséquence.

L’URSS et le bloc socialiste ayant disparus et n’étant plus en mesure de faire contre-poids la situation est propice pour que de grands blocs impérialistes se forment et se concurrencent. En particulier, La volonté clairement affichée de l’Europe de constituer sa propre armée, d’adopter une politique monétaire commune et d’élaborer une politique étrangère indépendante est un exemple de regroupement qui vise à concurrencer l’hégémonie américaine.

Le Japon et la Chine en Asie constituent aussi des rivaux que les États-Unis visent à contenir. La Chine notamment est une puissance économique en émergence. Sa croissance économique est unique dans le monde. C’est le pays où le niveau vie général de sa population a le plus progressé dans le monde d’un point vu économique, malgré un accroissement des écarts de richesse. La Chine constitue un marché immense que convoitent tous les impérialistes. La Chine a aussi une importante capacité militaire. Elle peut concurrencer jusqu’à un certain point l’hégémonie américaine, du moins en Asie.

La Maison Blanche dirigée par des éléments ultra-réactionnaires et d’extrême-droite, continue de militariser les affaires internationales. Rappelons que les USA ont actuellement plus de 700 bases militaires à l’extérieur de leurs frontières dans environ 130 pays. Cette militarisation va de pair avec le déclin de cette puissance sur le plan économique. Pour contrer ce déclin et maintenir sa position dominante, le capital étatsunien est anxieux de trouver de nouveaux marchés et de nouveaux débouchés pour des investissements générant de meilleurs rendements. Il se sert du prétexte de guerre au terrorisme pour envahir des pays aux ressources stratégiques mais cela trompe de moins en moins de gens au fur et à mesure que les véritables intentions étatsuniennes font surface.

En particulier, l’offensive militaire étasunienne vise de nos jours à garder le contrôle des ressources pétrolières au Moyen-Orient. Aidés du Canada et d’Israël, les États-Unis peuvent y soutenir trois fronts, en Irak, en Afghanistan, et maintenant au Liban, plongeant presque tout le monde arabe en état de guerre.


La résistance

Au mépris des règles internationales le rouleau compresseur avance. Mais une fois passé, il fait face à la résistance des peuples. L’occupation de l’Iraq coûte très cher en perte de soldats aux USA. Comme naguère durant la guerre du Vietnam, de plus en plus de militaires déchantent et questionnent leurs propres rôles. Il en va ainsi aussi dans la population américaine.

De plus en plus l’opposition aux visées belliqueuses des USA se développe au coeur des pays avancés ainsi que dans l’antre même du monstre. En effet, des millions de personnes ont manifesté partout dans le monde mais surtout dans les pays avancés contre la guerre de Bush et consorts en Irak. Au Canada près d’un million de personnes auraient marché pour la paix avant l’attaque de l’Iraq en 2003, empêchant le gouvernement d’alors, les libéraux de Jean Chrétien d’appuyer ouvertement leurs amis de l’Empire étatsunien.

Cependant, les Libéraux, aussi bien sous Chrétien que durant le gouvernement minoritaire de Paul Martin ensuite se sont hypocritement et discrètement engagés en Afghanistan en soutien aux États-Unis. La porte était donc ouverte pour permettre aujourd’hui au gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Harper d’aller plus loin en y prenant le commandement des opérations militaires et en augmentant considérablement les investissements en troupes et en argent.

C’est au Québec que les manifestations d’opposition à la guerre ont été les plus importantes. Ainsi, à Montréal, des manifestations de 10 000 et 15 000 personnes d’abord ont été un prélude à la plus imposante manifestation de l’histoire de notre pays avec environ 150 000 personnes défilant dans les rues. Des milliers d’autres ont pris part à cet événement en région.

En pleine campagne électorale provinciale de 2003, même les trois principaux chefs des partis politiques bourgeois arboraient alors le ruban blanc. La coalition qui a organisé cette mobilisation, « Échec à la guerre », liée à des coalitions équivalentes aux États-Unis, regroupait des centrales syndicales, des Églises, le mouvement communautaire, bref, ce qu’on appelle souvent la société civile en général. Le PCQ fut une figure de proue de ce mouvement au niveau national et un de nos membres en fut un des principaux instigateurs.

Cependant, l’opposition à l’implication du Canada en Iraq fut beaucoup plus importante que celle de son intervention en Afghanistan. Dans ce cas (au Québec), plusieurs forces progressistes ont adopté des positions hésitantes (syndicats, Québec solidaire, etc.) voire opportunistes, souhaitant que le Canada joue un rôle de défenseur de la civilisation et de la démocratie en ignorant sa nature fondamentale de puissance impérialiste.


Le Québec en terre d’Amérique

Bien que le projet de Zone de Libre Échange des Amériques (ZLÉA) soit tombé du fait de n’avoir pu se constituer dans les délais prévus, pour le plus grand bien de la souveraineté des pays de l’hémisphère, l’ALÉNA, lui, continue de faire des ravages.

La fin formelle de la ZLÉA n’a pas pour autant définitivement sauvé les pays du sud et du centre de l’Amérique de la catastrophe appréhendée. Les États-Unis ne baissent pas pavillon et continue malgré tout de négocier avec les pays des accords bilatéraux pour compenser ce qu’ils ne peuvent obtenir globalement. De plus, la domination impérialiste sur les pays d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale a des effets désastreux: au nom de la concurrence, les salaires tombent ou stagnent; les privatisations sauvages ont lieu; les services publics, l’éducation et la santé sont de moins en moins couverts par l’état; la condition de vie ouvrière devient de plus en plus misérable. Les gouvernements locaux sont aux prises avec des dettes insurmontables et les mesures d’ajustement du FMI contribuent à la pauvreté des peuples. Les pressions sont fortes et certains pays craquent: l’Argentine s’est économiquement désintégrée laissant son lot d’indigence; le Pérou a adopté des mesures de privatisation qui ont fait descendre les travailleurs dans la rue. Mais partout les résistances s’organisent.

Ces résistances prennent diverses formes : le mouvement des "piqueteros" en Argentine; le blocage de routes en Bolivie et la révolte populaire; la grève du secteur de la santé au Salvador; la guérilla colombienne toujours active en Colombie; les traditionnelles marches du 1er mai rassemblant des centaines de milliers de personnes à Cuba; le Mouvement des Sans Terre et le Forum Social Mondial de Porto Allegre au Brésil; la déconfiture du coup d’état fomenté par les États-Unis au Venezuela par l’appui du peuple à son président et à sa constitution, ainsi que des centaines d’autres actions de tous genres.

La donne géo-politique de l’Amérique a aussi bien changé : le renforcement du MERCOSUR; le gain par la gauche de la direction de plusieurs pays (Brésil, Venezuela, Uruguay, Bolivie…) et le développement d’une coopération et d’une intégration économique régionale (à laquelle s’ajoute l’Argentine) ; l’un des premiers gestes posés par le nouveau président urugayen, Tabaré Vásquez , fut de renouer les relations diplomatiques avec Cuba ; le renoncement à suivre docilement les mesures du FMI et de la banque mondiale comme en Argentine, tout cela fait de l’Amérique latine le lieu d’un bouillonnement extraordinaire. Tout cela entrave, à des degrés divers, les capacités des États-Unis de piller encore plus les richesses de ces pays.

Les luttes d’Amérique latine ont toujours eu beaucoup d’écho au Québec. Des liens étroits se tissent dans les milieux progressistes et plusieurs comités de solidarité internationale axent leurs priorités sur cet endroit du monde en premier lieu. Les luttes et les expériences de ces camarades de notre terre nous inspirent. Leur résistance contre la domination des États-Unis qui considèrent toujours le reste de l’Amérique comme sa propriété doit être encouragée fortement.

Le PCQ et plusieurs de ses membres ont au cours des dernières années tissé des liens avec plusieurs communistes de ces pays, notamment du Brésil, de Cuba, de la Colombie, du Chili et du Salvador. Notre journal, «Le point communiste» d’abord, qui devint «La Voix du peuple» ensuite et «Clarté» aujourd’hui, a souvent fait écho à notre travail.

Encore plus, des camarades, dont plusieurs sont issus originellement de ces pays, ont travaillé d’arrache-pied à mettre en place différents fronts unis ici même au Québec sur différents sujets. Nous n’en nommerons que quelques-uns : la coalition Échec à la guerre; un comité de surveillance pour les élections au Salvador; la Table de Concertation de Solidarité Québec-Cuba (TCSQ-C); nous sommes impliqués dans le FMLN Montréal, à radio centre-ville section espagnole; nous avons tenté de mettre sur pied un front anti-impérialiste pour tous les groupe d’Amérique latine; nous travaillons à l’Association québécoise des amis de Cuba (AQAC), et d’autres.

Les actions pilotées par les communistes et leurs alliés ont été nombreuses : par exemple, l’idée d’une journée de grève à l’échelle du continent contre la ZLÉA que nous avons lancée lors du sommet des peuples à Québec sera reprise par les congrès de FTQ et du CTC. Nous avons nous-mêmes piloté et travaillé avec des déléguée du CTC pour soumettre cette résolution de grève continentale lors d’une conférence internationale contre la ZLÉA tenue à la Havane en novembre 2002, regroupant la majeure partie des mouvements syndicaux des Amériques. Cette proposition fut largement adoptée. Malheureusement, une certaine absence de volonté des directions syndicales, surtout en Amérique du Nord, ne permettra pas de réaliser le mandat.

Nous avons par contre contribué pour la CONSULTA, consultation populaire continentale contre la ZLÉA, qui sera un succès de mobilisation ; nous avons participé à une ligne de piquetage contre la venue du bateau chilien à Québec, à des lignes de piquetage pour Cuba organiser par la TCSQ-C ; nous avons eu une implication électorale auprès de la communauté Uruguayenne de Montréal, ainsi que dans la venue d’Aleïda Guevara au Québec. Parmi nos succès à mentionner, soulignons l’organisation depuis maintenant trois ans d’une commémoration de l’œuvre de Che Guevara.


L’appui à Cuba

Comme toujours, le PCQ s’est fait un devoir de soutenir Cuba depuis le dernier congrès. Les attaques que lui font subir l’administration américaine se sont nettement amplifiées depuis qu’elle est dirigée par G.W.Bush, notamment par l’encouragement d’activités terroristes, de piraterie et de subversion sur le territoire cubain. La condamnation totalement injuste à de lourdes peines d’emprisonnement aux Etats-Unis de cinq patriotes cubains qui ont voulu dénoncer des complots terroristes qu’on y ourdissait contre leur pays ne peut laisser aucun doute quant à l’implication des autorités américaines dans ces activités criminelles.

Forcée de se défendre contre ces activités d’agression qui s’amplifiaient, Cuba a dû affronter une levée de bouclier parmi des intellectuels soi-disant amis en Amérique ainsi qu’en Europe qui n’ont pas apprécié les moyens pris par Cuba, et qui critiquaient sa politique d’un point de vue abstrait et petit-bourgeois.

Nous du PCQ voyons les choses autrement. Après la défaite du socialisme en Russie et en Europe de l’Est, Cuba par son exemple joue un rôle dirigeant pour la révolution socialiste internationale. La résistance de Cuba a dans les faits empêché la défaite du socialisme même si celui-ci a subit des revers momentanés dans certains pays. Dans ce sens Cuba socialiste est plus que la conquête du peuple cubain, elle est aussi une conquête de l’ensemble de la classe ouvrière internationale au dépend du capitalisme, l’une de ses plus précieuses conquêtes en fait. Voilà pourquoi Cuba enrage tant l’impérialisme américain car tant que le socialisme existera à Cuba, c’est le capitalisme qui sera défait. Voilà pourquoi les communistes du monde entier ont le devoir de défendre Cuba contre toute attaque.


La coopération au sein du mouvement communiste international

Lors de notre dernier congrès, nous entérinions la décision du comité central du Parti de travailler à une plus étroite collaboration entre les partis communistes à travers le monde. Cette idée de reconstituer un pôle communiste international, en établissant une coordination des partis communistes afin d’élaborer des objectifs et des actions communs, afin d’affronter l’impérialisme et de promouvoir la nécessité du socialisme comme étant la seule véritable alternative au capitalisme fut particulièrement promue par le Parti communiste de Grèce avec lequel nous avons depuis longtemps des relations privilégiées.

Nos camarades ont tenu leur 17ième congrès à Athènes en février 2005 et ont adopté une importante résolution concernant cette question. Notamment, après avoir fait état du fait que certains pas en avant ont été réalisés durant la dernière période, pas qui ont permit de donner une meilleure réponse contre les agressions impérialistes en Afghanistan et en Iraq. Mais des faiblesses importantes se font jour :

« En dépit de ces pas en avant, le Mouvement communiste international reste organisationnellement et idéologiquement éclaté ; il demeure en état de crise. La lutte entre les points de vue communistes et révolutionnaires d’une part et les points de vue réformistes et opportunistes de l’autre part continue à l’intérieur de ses rangs. Le conflit entre la ligne de « résistance-rupture » et la ligne d’ « adaptation-assimilation » avec le système impérialiste continue. Au centre de cette lutte sont : la pertinence de nos jours du marxisme-léninisme ; le développement de notre théorie de la période de transition au socialisme dans les conditions d’ une victoire temporaire de la contre-révolution ; le caractère du parti communiste ; le caractère de l’impérialisme ; la relation entre la lutte au niveau national et international ; la politique d’alliances ; l’attitude à l’égard de la social-démocratie ; la position des communistes dans les mouvements de masse ; leur position en relation avec la crise capitaliste, les contradictions inter-impérialistes et les guerres ; la politique à l’égard des syndicats régionaux et internationaux au sein de l’état impérialiste ; le rôle historique de la classe ouvrière ; les loi de la révolution socialiste et de la construction du socialisme ; l’internationalisme prolétarien.»

A cet égard le KKE entend multiplier les échanges internationaux de façon à poursuivre ce qui est commencé mais aussi développer les échanges de vues sur le plan de la théorie et élaborer des plans d’action concrets sur des objectifs communs. Le KKE suggère que les partis communistes devraient accorder une importance particulière à souligner les moments historiques et les anniversaires qui ont marqué la lutte de la classe ouvrière et du mouvement communiste, et de façon générale, la lutte d’émancipation des peuples ( le 1er mai, anniversaire de la révolution d’Octobre, de la défaite du fascisme le 9 mai 1945, la bataille de Stalingrad, etc.), non seulement pour contrer la réécriture que les impérialistes font de l’histoire mais aussi comme une opportunité de soulever des questions contemporaines des luttes de la classe ouvrière et des peuples.

Nous partageons les vues du KKE et nous entendons contribuer à ces tâches du meilleur de nos moyens.


La Politique canadienne

Le scandale des commandites et les luttes intestines pour la succession de Jean Chrétien ont fini par avoir raison des Libéraux et ont permis l’élection d’un gouvernement conservateur minoritaire en début de 2006.

Les libéraux ont réussit le tour de force de perdre une majorité plus que confortable à mi-mandat en se mettant les pieds dans les plats eux-mêmes. Le tout a débuté avec le scandale de Jean Chrétien qui aurait favorisé des subventions pour un ami dans sa circonscription de Shawinigan. Puis vint ensuite la course larvée et pas toujours très propre à la chefferie. Par ailleurs, Paul Martin a voulu se débarrasser d’éléments de son parti plus à gauche comme Sheila Copps qui en retour dévoila les positions très à droite du chef. Les révélations sur le scandale des commandites sortant au fur et à mesure, en pleine élection de surcroît, vint donner le coup de massue tant espéré par les partis d’opposition.

Les Réformistes d’extrême-droite avaient fusionnés avec les Progressistes-conservateurs plus modérés pour pouvoir unir dans un seul parti (nommé désormais Parti Conservateur du Canada et utilisant les initiales PCC) les forces de la droite canadienne pour être capable de battre les Libéraux.

Mais les canadiens restent craintifs à l’égard des politiques de la droite : des prises de positions ultra-réactionnaires de plusieurs leurs candidats ou de leurs députés, prises de position souvent tolérées sinon sanctionnées par le chef Harper, tel que la question des mariages gais, le droit à l’avortement, l’appui à Bush et à la guerre des étoiles, appui à l’invasion américaine en Irak, etc, bref des positions de droite radicales. Malgré la corruption des Libéraux, les canadiens ont dans un premier temps quand même réélu un gouvernement libéral, mais minoritaire. Mais l’enquête du juge Gomery sur le scandale des commandites a été leur coup de grâce : les conservateurs, bien que minoritaires à leur tour, ont fini par être élus.

Les concessions temporaires accordées par les libéraux sur plusieurs questions ont déplu au plus haut point les milieux d'affaires d'extrême droite, qui ont jeté leur dévolu sur les conservateurs et ont exercé de fortes pressions pour que les élections aient lieu plus tôt.

Au cours de la campagne électorale, dès que les libéraux ont commencé à vaciller, les monopoles ont transféré leur appui de façon décisive aux conservateurs partout à travers le Canada, y compris au Québec. Ce transfert d'appui, associé à l'absence d'une classe ouvrière puissante et unie et d'une alternative démocratique, a crée les conditions permettant une victoire conservatrice, bien que celle-ci n'a pas été aussi décisive que le souhaitaient les monopoles.

La campagne des conservateurs, étroitement réglée dans les moindres détails, a tiré profit du désir généralisé de "changement" tout en cachant le véritable programme conservateur. Malgré ces facteurs, le pourcentage des votes populaires aux conservateurs n'a pas augmenté de beaucoup, n'atteignant que 36,5%. La plupart des centres urbains ont rejeté les conservateurs. Les gains inattendus des conservateurs au Québec sont dus à la promesse de Harper que le Québec nommerait un représentant à l'UNESCO et dans des institutions semblables, promesse qui a suscité le vote de libéraux mécontents et de partisans/es instables du Bloc québécois. Mais dans l'ensemble, les résultats électoraux n'accordent nullement à Harper quelque mandat clair lui permettant d'opérer un tournant à droite

Le transfert d’appuis de la bourgeoisie vers les conservateurs a aussi influencé la campagne du NPD qui a opéré un virage à droite sur plusieurs questions. Par exemple, le chef Layton semble avoir accepté de tolérer les cliniques privées de santé; il n'a pas promis d'accroître les impôts des grandes entreprises et des nantis; il a appuyé le projet de loi chauvin sur la clarté référendaire qui refuse au Québec le droit à l'autodétermination; il a même appuyé l'augmentation des dépenses militaire canadienne en Afghanistan et il a fourni un appui opportuniste à la campagne de droite en faveur de la "ligne dure" en matière de violence par armes à feu et de criminalité juvénile.

Au cours de la campagne, la direction du NPD a adopté comme stratégie de concentrer ses attaques contre les libéraux de Martin dans le but de leur soutirer le maximum d’électeurs et n'ont pas fait grande chose pour alerter l'électorat des dangers que représentent les conservateurs.

Au Québec, le Bloc québécois lui aussi a concentré ses attaques contre les Libéraux qui sont ses principaux rivaux. Lui non plus n’a pas cherché à mobiliser l’opinion contre les politiques de droite des conservateurs. Il fut surpris par la percée conservatrice à ses dépens dans la région de Québec.

De son côté, mouvement syndical s’en est tenu à sa politique trade-unioniste. Ainsi, le Congrès du travail du Canada, au cours de la dernière campagne électorale, s'est limité à des "questions de travail". La collaboration de classe et le syndicalisme d'affaire au plus haut niveau conduisent à se replier en adoptant une attitude de passivité politique.

Dès leur arrivée au pouvoir, les conservateurs se sont conduit comme s’ils étaient majoritaires, prétendant qu’ils avaient un mandat de droite de la population. Harper est immédiatement allé rencontrer G.W. Bush. Il régla à rabais le litige sur le bois d’œuvre et il accepta d’impliquer davantage le Canada en Afghanistan. Par la suite il appuya sans aucune réserve l’attaque d’Israël contre le Liban.

Par la suite, le gouvernement Harper refuse de respecter les engagements du Canada par rapport au protocole de Kyoto concernant la réduction d’émission de gaz à effet de serre, adoptant une attitude semblable au gouvernement de Bush aux Etats-Unis. Il essaie aussi de criminaliser la question des jeunes contrevenants, adoptant une approche axée sur la répression plutôt que sur la réhabilitation. Bien qu’Harper heurte de plein fouet l’approche québécoise sur ces questions, le gouvernement Charest au Québec lui démontre beaucoup de sympathie. En effet, Charest espère (et compte là-dessus pour redorer son image avant les prochaines élections au Québec) qu’Harper fasse aux provinces des concessions significatives en vue de régler la fameuse question du déséquilibre fiscal entre les provinces et le gouvernement fédéral.

Dernièrement, la situation de faiblesse des Conservateurs comme des Libéraux, surtout au Québec, dans le contexte d’un gouvernement minoritaire et d’une élection à court terme, les a amenés à modifier leurs positions quant à la reconnaissance du Québec en tant que nation distincte. Par pur opportunisme et motivés uniquement par la nécessité de gagner des votes au Québec, c’est sans conviction que la grande majorité des députés des partis fédéralistes ont adopté au Parlement, une motion présentée par le gouvernement, reconnaissant le Québec en tant que nation au sein d’un Canada uni.

La confusion que l’annonce de cette motion a créé dans les rangs des nationalistes québécois (au départ, le Bloc québécois annonçait même qu’il voterait contre) témoigne de son importance en dépit de son caractère formel et symbolique. La motion ne fait qu’admettre la réalité, mais une réalité qui était niée fermement par les fédéralistes canadiens depuis le début de la Confédération en 1867. Elle représente donc un progrès historique dans le sens que le gouvernement fédéral canadien reconnaît pour la première fois la question nationale québécoise. Mais cependant, le gouvernement Harper, comme les Libéraux ou le NPD, n’y proposent aucune réponse décente et continuent de promouvoir essentiellement le statu quo du fédéralisme canadien, que notre camarade Stanley B. Ryerson qualifiait de « Unequal union », parce qu’il réduit les pouvoirs du Québec à celui d’une simple province parmi dix. En même temps, les Premières Nations, la nation métis, la nation Innuit, la nation acadienne, et les minorités nationales ne sont toujours pas reconnues

Il importe que les travailleurs-euses de toutes les nations au Canada s’unissent afin de se concerter pour combattre les politiques néo-libérales qui nous touchent de plein fouet. Par exemple, dans la lutte pour la défense de services publics de santé, la Coalition Solidarité-Santé au Québec travaille étroitement depuis plusieurs années avec la coalition canadienne sur la santé. La Coalition Solidarité-Santé est une coalition d’organisations nationales québécoises dont sont membres les centrales syndicales et une multitude d’organisations populaires. Elle fut ces dernières années la bête noire du gouvernement du Québec qui s’était lancé dans une réforme majeure de la Santé, et elle a eu le mérite, dans une large mesure, de contribuer de façon majeure à dévoiler la nature néo-libérale du PQ (Rappelons que le PCQ fut impliqué directement dans le travail de la coalition, via un de nos camarades qui fut même membre de l’exécutif de la coalition de 2001 à 2003).

Sur la question des services publics de santé au Canada, rappelons que le rapport Romanow avait pris acte de la volonté de toute la population à travers le Canada de maintenir et de développer des services publics de santé adéquats et universels. Or le camp de la bourgeoisie à ce chapitre plaide au contraire pour la décentralisation et le respect des compétences provinciales. Le gouvernement fédéral de Jean Chrétien, d’ordinaire centralisateur, refusa hypocritement de mettre au pas les provinces délinquantes comme l’Alberta où le premier ministre Ralph Klein est en campagne pour privatiser les services publics de santé. Au Québec, la privatisation est aussi clairement au programme de Jean Charest. Curieusement, les nationalistes québécois invoquent allègrement les pouvoirs provinciaux conférés par l’Acte de l’Amérique du Nord britannique pour s’opposer aux services publics de santé sous couvert de s’opposer au pouvoir fédéral de dépenser. La loi canadienne sur la santé dont ils contestent vivement les obligations, reste un obstacle à leurs visées marchandes. Or, il est un fait connu que dès qu’une percée majeure du secteur privé se produira dans une province, les autres devront prendre le pas, sous peine de sanctions économiques sévères en vertu de l’article 11 de l’ALÉNA. C’est pourquoi la question des services de santé, qui est une des cible numéro un des politiques néolibérales, exige absolument le développement de l’unité de la classe ouvrière à travers le Canada.

A cet égard, le comité central du parti a adopté à son dernier plénum de février 2005 de lancer une campagne sur la question des services de santé à travers le Canada. Dans la foulée de cette campagne, le PCQ a lancé «l’opération Bethune». Nous avons publié un numéro spécial de Clarté à grand tirage et nous avons organisé une assemblée publique où le chef de notre parti a pris la parole. Malheureusement, la mobilisation fut modeste à cause d’éléments circonstantiels. Néanmoins, nous avons profité de la campagne électorale fédérale pour faire valoir nos positions sur cette question centrale.

Cependant, cette lutte importante reste toujours au programme puisque le gouvernement du Québec en en train d’adopter le projet de loi 33 qui, sous prétexte de répondre à l’arrêt de la Cour Suprême dans l’affaire Chaouli, introduit en douce les bases d’une privatisation des services de santé sur une large échelle.

L’unité des travailleurs-euses des nations au Canada se manifeste dans d’autres luttes. Par exemple, soulignons la lutte contre le vol de la caisse de l’assurance-emploi par le gouvernement fédéral. Soulignons aussi que les gains que l’Alliance de la Fonction Publique du Canada a fait pour ses membres à l’égard de l’équité salariale, autant ceux du Canada que du Québec, a ouvert la voie aux syndicats québécois en leur permettant de se servir de cette percée canadienne dans la jurisprudence pour relancer de plus belle le dossier. On a également l’habitude de se concerter au niveau syndical où plusieurs gros syndicats FTQ sont présents à travers le Canada via leur affiliation au CTC. Des liens unissent aussi la fédération canadienne des infirmières et la FIIQ.


Changement de gouvernance au Québec

Les derniers temps de gouvernance du PQ nous a dévoilé un parti usé par le pouvoir qui n’avait plus la cote dans la population. La santé, l’éducation, les chicanes constitutionnelles ont miné la popularité du PQ. Encore plus, le renforcement du courant néo-libéral, personnifié par des individus comme Joseph Facal discréditait complètement l’image social-démocrate dont certains aiment se draper. Vis à vis la stagnation--voire la baisse--dans les sondages, la montée de l’ADQ pendant cette période alluma la sonnette d’alarme de plusieurs. La bourgeoisie, de son côté, s’accommoderait plutôt bien de la venue d’un parti conservateur de droite au Québec.

La campagne électorale de 2003

La campagne électorale se déroula en même temps que les étatsuniens envahirent l’Irak. Les projecteurs se sont braqués sur ces événements et la campagne électorale prit du temps à vraiment démarrer. Finalement, elle ne démarra pas vraiment et les Québécois élirent le parti Libéral qui promit de sauver la santé; de redessiner un État moribond et de baisser les impôts.

La mobilisation populaire contre l’ADQ isola celle-ci et recentra la campagne sur des enjeux sociaux et populaires. Les centrales syndicales appelèrent à ne pas voter ADQ. Option citoyenne mit les programmes politiques commentés des différents partis politiques sur son site. Le PQ et le Parti Libéral se mirent à critiquer à leur tour l’ADQ sur leurs positions les plus à droite. L’UFP n’avait pas un an d’existence et s’est quand même lancée dans la course avec peu de moyens.

Après un débat électoral gagné par Jean Charest, le photo-finish électoral nous montre alors un parti Libéral fortement majoritaire, élu sur la base de baisser les impôts; de financer adéquatement la santé; de mettre fin aux généreuses subventions pour l’entreprise privée et pour une modernisation de l’état. L’absence de choix électoral crédible a permis à Jean Charest de faire élire son équipe par défaut, sous le thème «Nous sommes prêts». On ignorait encore qu’ils voulaient dire «prêts à tout pour le Capital».

Très bas dans les sondages, le PQ a été sur la défensive tout le long de la campagne. Évidemment, c’est sans doute le bilan que les électeurs ont fait des deux mandats du PQ qui a nuit le plus au PQ.

Un système électoral qui assure le pouvoir de la bourgeoisie

Nous vivons en théorie dans un pays démocratique. Toute personne majeure sauf exception a droit de vote. Et la majorité de la population est composée de travailleuses et de travailleurs qui ont objectivement intérêt à élire un gouvernement de gauche. Pourtant ce n’est pas ce qui arrive.

Aussi bien au fédéral qu’au provincial, nous avons pu voir que la bourgeoisie crée elle-même, à grand frais, une alternative politique à ses gouvernements néo-libéraux: des partis de droite extrême, populistes C’est ce qui explique la création des Conservateurs au Canada et la montée fulgurante de l’ADQ juste avant les élections au Québec. Cela force la partie la plus consciente de la population à voter contre le pire scénario et à réélire les néo-libéraux. La bourgeoisie y gagne ainsi à tous les coups. La population travailleuse n’a pas vraiment l’occasion de voter pour une alternative représentant directement ses intérêts, sous peine de courir le risque de laisser passer la droite extrême.

La lutte pour un véritable système électoral proportionnel est donc une lutte cruciale pour la démocratie.

« Nous sommes prêts! »

Dès le début de leur mandat les libéraux au Québec se délient de leurs promesses pour appliquer grosso modo le programme adéquiste.. Celui-ci, très à droite menace les services publics et une panoplie de lois anti-ouvrières est en préparation. La première mesure anti-ouvrière consistera à augmenter les frais de garderie à 7 dollars. Le patronat jubile, les paroles de Jean Charest et de Monique Jérôme-Forget "sont de la musique à ses oreilles". À l’automne 2003 se précise peu à peu les projets de lois qui étaient rangés dans les cartons des libéraux jusque là. Début novembre 2003, la CSN convoque péremptoirement son Conseil Confédéral et tous ses salarié-e-s sur les projets de loi à venir, ceux-ci devant être adopter d’ici la Noël. Le Conseil Confédéral adopte un plan de mobilisation qui ira en crescendo ayant son point culminant en décembre avec une journée de "perturbation nationale" autant que possible en intersyndicale.

En réponse à cette invitation, l’exécutif de la FTQ soumet à son conseil général une recommandation refusant de participer au plan d’action de la CSN. Ce sont les syndicats militants, comme les Cols- bleus de Montréal qui renverse cette position.

Le projet de loi 25 sur la reconfiguration et la fusion des établissements de santé, la loi 31 sur une refonte du code du travail ajoutant plus de souplesse aux employeurs voulant utiliser de la sous-traitance et la loi 30 sur la fusion forcée des syndicats dans la santé et les services sociaux sont déposés en chambre. Le gouvernement attaque donc de front, dans la première année de son mandat, le mouvement syndical. Un prélude de son attitude pour les négociations des conventions collectives qui s’en viennent avec ses 400 000 salarié-e-s des secteurs publics et para-publics?

Fin novembre, une manifestation CSN attire 40 000 personnes sur la colline parlementaire. Le 11 décembre, la CSQ, ne voulant ne pas être en reste, entre dans la partie. La FTQ, se réajuste et décide de prendre le devant de la scène en allant plus loin en bloquant les routes et les principaux ports. À la CSN, des actions de perturbations moins spectaculaires se déroulent comme prévu et avec succès dans la plupart des établissements.


Autopsie d’une grève politique manquée

Dans la foulée des actions du 11 décembre, le président de la FTQ, Henri Massé, invoque la possibilité d’une grève générale et le vice-président de la CSN, Roger Valois, emploi les mots "attaque nucléaire" en riposte aux lois des Libéraux. Finalement, les lois sont adoptées sous le bâillon à l’assemblée nationale avant Noël comme prévu.

Mais l’appel de Massé ne restera pas lettre morte. Curieusement ce sont des syndicats CSN qui prendront le relais de l’appel du président de la FTQ et feront voter par leurs assemblées générales des mandats de débrayage. Après que les syndicats de l’hôpital Notre-Dame et de l’hôpital Louis-Hippolyte-Lafontaine eurent lancé le mouvement, près d’une dizaine de gros syndicats du secteur de la santé en tout prendront l’initiative avant tout mot d’ordre de se prononcer pour une grève générale politique.

De retour en conseil fédéral en février 2004 la direction de la CSN se fait critiquer pour un laisser-aller au niveau de l’action depuis la reprise après le temps des Fêtes. Bon prince, l’exécutif de la CSN refait ses devoirs et soumet, au printemps 2004, une résolution demandant que tous les syndicats rejoignent ceux qui l’avaient déjà fait en votant une journée de grève générale en intersyndicale. Inquiets, les directions des fédérations et des conseils centraux se demandent si la base les suivra dans cette aventure de grève politique. Surprise, le mot d’ordre passe bien et la réponse enthousiasme même les plus sceptiques. Plus de 1 000 syndicats représentant 200 000 syndiqué-e-s, du secteur public et du secteur privé et dans tous les secteurs économiques, se prononcent pour la grève politique de 24 heures, une première dans l’histoire du Québec.

Prévue dans le plan d’action CSN, la traditionnelle manifestation du 1er mai attire 100 000 personnes contre les mesures Charest (la plus grosse à ce jour pour un 1er mai au Québec). La rivalité entre la FTQ et la CSN pour apparaître comme la plus puissante organisation et assumer le leadership de la contestation a servie d’émulation pour mobilisation. Mais la FTQ refuse de s’engager clairement en faveur de la grève de 24 heures.

La CSQ, dont le membership (plus de 100 000 membres) est composé presqu’exclusivement d’employés-es du secteur public et, par conséquent tous impliqués dans le renouvellement de leurs conventions collectives, annoncera, quant à elle, qu’elle se joint au mouvement, ainsi que la plupart des organisations syndicales indépendantes du secteur public au Québec.

Pendant ce temps à la FTQ, le président Massé pourfend la CSN et annonce qu’il n’est pas du voyage si le gouvernement libéral ne fait pas d’autres lois anti-ouvrières. Malgré tout, certains syndicats à la FTQ, particulièrement ceux impliqués dans les négociations du secteur public, travaillent à l’interne pour que l’appel initial de Massé traverse la centrale. Peine perdue, Massé contient la grogne. Il réussit à amener son organisation à participer à des sommets régionaux de concertation organisés par le gouvernement dans le but de désamorcer la mobilisation. Il y signe même un pacte de solidarité avec le gouvernement qui enterre toute volonté de grève de la part de la FTQ. La trahison est totale et absolue. Massé ira même par la suite jusqu’à critiquer publiquement et vertement les actions et la grève générale que le mouvement étudiant entreprend contre la décision du ministre de l’éducation de transformer 103 millions de dollars de bourses en prêts aux étudiants au début de 2005. Les étudiants quant à eux répliqueront en allant même protester devant les bureaux de la FTQ.

Contrairement à son habitude, la CSN refuse de participer à ces sommets considérant qu’il s’agissait de pièges improvisés et malhonnêtes, et organisa plutôt des manifestations devant les établissements qui recevaient ces réunions.

Mais devant le refus explicite de la FTQ de se joindre au mouvement de grève politique, le reste du mouvement syndical, et, en particulier la CSN, abandonna finalement l’idée (les syndicats avaient voté pour la grève politique à la condition que toutes les centrales syndicales, FTQ, CSN et CSQ y participent).

Plusieurs croient que position de la direction de la FTQ tient au fait que bien qu’elle représente certains syndicats dans le secteur public, elle est d’autre part particulièrement présente dans les secteurs de la sous-traitance. D’ailleurs, son Fonds de Solidarité s’est déclaré prêts à investir dans la sous-traitance. La direction de la FTQ a sacrifié, pour des raisons corporatistes et sectaires, les intérêts premiers de la classe ouvrière. Dans les faits la direction de la FTQ était opposée dès le début à toute action politique contre le gouvernement. C’est pour ne pas être dépassé par sa propre base que Massé a été obligé de tenir un discours à la fois radical mais ambivalent. Son objectif était de se maintenir au gouvernail pour s’assurer de faire échouer le mouvement.

Au congrès de la FTQ à la fin de l’automne 2004, il n’y eut aucune intervention en faveur d’une grève politique. L’affaire fut passée complètement sous silence. Le syndicat des cols bleus, d’habitude protestataire, venait de se faire décréter une convention collective à la baisse de façon majeure par un arbitre et avait besoin du soutien de la direction de la FTQ. Bref, rien ne fut tenté, même pas par le PCQ. En effet, bien que le comité exécutif national eusse adopté qu’un appel à la grève générale fusse lancé au congrès via un tract ou via notre journal «La voix du peuple», il n’en fut malheureusement rien. L’opération avait été délibérément saboté par les renégats Parizeau et Klépock qui refusaient de déplaire à la direction de la FTQ sous prétexte que quelques locaux de la FTQ contribuaient au financement du journal «La voix du peuple».


La négociation du secteur public

La direction de la CSN, comme toutes les autres organisations syndicales, se replia donc sur la négociation des conventions collectives du secteur public. Là-dessus, la FTQ était aussi du voyage. Il se forma même un front commun. Mais à cause des votes forcés d’allégeance exigés par la loi 30, celui-ci restait très formel et plutôt inopérant dans l’action.

À la base dans plusieurs syndicats du secteur public, surtout à la CSN, la trahison de la direction de la FTQ est considérée sans nuances comme la trahison de toutes les organisations syndicales. Cette situation a provoqué une démobilisation des syndicats pour la négociation de leur propre convention, parce qu’ils considéraient que le retrait du mot d’ordre de grève politique de 24 heures disposait en même temps de tout plan d’action spécifique pour la négociation.

Pour s’assurer de semer la division et d’empêcher la mise sur pied d’un véritable Front commun, le gouvernement étendit l’application des votes d’allégeance sur près de deux années. Il refusa systématiquement de négocier, pour finalement annoncer qu’il décrèterait les conventions collectives avant la fin de 2005. Au printemps 2005, d’ailleurs, la CSQ quitta le front commun pour rechercher un règlement rapide. Elle réussit presqu’à conclure un règlement à rabais avant l’été 2005, mais finalement échoua. Cependant les concessions consenties par la CSQ marquaient définitivement le cadre possible de règlement.

Imposant le bâillon encore une fois à la fin de la session parlementaire, le gouvernement Charest adopta la loi 142 qui, tout en retirant le droit de grève légale, décréta les conditions de salaires et de travail de ses employés-es, notamment une convention de plus de 6 ans, un gel de salaire de deux ans et quatre autres années avec des hausses en dessous du niveau de l’inflation et en particulier, avec des reculs majeurs concernant les droits syndicaux (libérations syndicales, frais d’arbitrage, etc.). Le tout est assorti d’amendes et de sanctions extrêmement sévères pour réprimer la moindre protestation.

Pire, le gouvernement décréta pour la FSSS de la CSN des conditions inférieures à ce qu’il avait accordé aux autres organisations syndicales, avec pour objectif de la punir d’avoir trop voulu protester. Il alla jusqu’à intervenir auprès des membres de la CSN en leur distribuant un dépliant les encourageant à quitter cette centrale syndicale.


Un reflux important des luttes syndicales


Pendant les trois premières années du règne de Charest, il y a eu un certain regain dans les luttes syndicales au Québec et dans la dureté des conflits. La dureté des conflits s’est surtout traduite par une grande longévité des grèves et lock-out--plusieurs années dans le cas des travailleurs de chez "Cargill" à Baie Comeau et "Radio-Nord" en Abitibi. On cherche à faire pourrir les conflits, à décourager les travailleurs et à les affamer. Nous ne mentionnerons ici que quelques exemples de batailles et parmi les plus grosses : Vidéotron; les cols bleus de Montréal et les employé d’entretien de la STCUM; les techniciens et téléphonistes de chez Bell Canada; l’aluminerie de Bécancour; la bataille des travailleurs de l’Alcan et de l’usine de la Consol de Port Alfred au Saguenay-Lac Saint-Jean durement touché par les fermetures; le renouvellement de la convention dans le secteur de l’hôtellerie; la Société des Alcool du Québec.

Mais, incapable de véritablement s’unir et d’avoir pu mener une riposte politique unifiée contre l’offensive anti-ouvrière du gouvernement, le mouvement syndical risque maintenant d’en payer un fort prix. Même les luttes isolées habituelles pour des contrats sont au plus bas et ne produisent pas de résultats extraordinaires. Or, le taux de chômage est au plus bas depuis des années en dépit de certaines fermetures et délocalisations vers des pays où la main d’œuvre est meilleur marché. Les conditions objectives ne sont pas défavorables pour revendiquer.

Pourtant, pour les trois premiers trimestres de 2006, il n’y a eu que 35 conflits de travail au Québec dont 7 ont débuté l’année précédente. Seulement 4 291 travailleurs ont été touchés, comparé à 120 615 en 2005. Si cette tendance se maintient d’ici la fin de l’année, ce qui risque fort d’être le cas puisqu’il ne reste présentement que 7 conflits impliquant 772 personnes, 2006 va gagner le titre de «l’année de la paix industrielle».

Le pire, c’est que cette tendance risque de se maintenir relativement longtemps, puisque 75% des conventions collectives négociées en 2005 ont une durée moyenne de plus de 56 mois. Les hausses de salaires qui y sont négociés sont légèrement inférieures à celles négociées dans le cadre des conventions de moins de 36 mois.

Mais dans l’ensemble, les hausses de salaires négociées (ou décrétées) en 2004 étaient de 2,3% et en 2005, de 2,4%. En termes réels, cela correspond à un gel absolu des salaires en 2004 et à une légère hausse de 0,2% en 2005. 0,2% pour les syndiqués, alors on peut imaginer le sort des non syndiqués qui représentent 60% de la main d’œuvre.

Il y a aussi les syndicats de la santé et des services sociaux qui doivent négocier le gros de leur convention collective au niveau local en vertu de la loi 30. Rappelons que si les parties ne peuvent arriver à un accord dans un certain délai, un arbitre vient décréter la convention en choisissant le projet qui est le moins coûteux. Le droit de grève est aboli pour ces négociations locales. Les centrales syndicales n’ont entrepris aucune coordination de ces négociations ni ne font aucune tentative de mobilisation en appui, de telle sorte que le risque est grand de voir se créer des disparités importantes entre les établissements dans les conditions de travail décrétées par les arbitres. Notons que la FSSS de la CSN vient de se voir accordée la levée de sa punition et pourra jouir maintenant des mêmes conditions que les autres organisations syndicales, notamment en ce qui concerne les libérations syndicales et les frais d’arbitrage.

Par ailleurs, la CSN a bien tenté de tenir des assemblées politiques dans les différentes régions du Québec afin de mobiliser contre le gouvernement en place. Or, jusqu’à présent, la mobilisation fut décevante. D’autre part, l’objectif n’est pas clairement exprimé, mais il pourrait être de canaliser le mécontentement vers un appui au PQ. Certaines prises de positions de la direction de la centrale indiquent qu’elle n’envisage pas de risquer d’appuyer un parti de gauche tant qu’un mode de scrutin proportionnel n’aura pas cours. Il s’agira donc de voter de façon «utile» pour le PQ afin de battre les Libéraux.


Les libéraux dans l’eau chaude

Tous au long de cette bataille rangée entre les syndicats et le gouvernement, la société civile restante ne s’est pas fait prier pour prendre position. Le Conseil du Patronat du Québec en liesse préféra modérer son enthousiasme pour ne pas attiser le feu. La mise sur pied de la coalition "J’ai jamais voté pour ça" souda la position syndicale avec les groupes populaires également attaqués par une dure réforme du l’assistance sociale, des garderies à 7 dollars et par une menace de retrait des subventions au logement.

Les sondages sont catastrophiques pour le gouvernement libéral, son niveau de popularité se situe généralement en bas de 40 % et plus souvent qu’autrement près du 30%. Les gaffes de cet automne sur le délicat dossier du Suroît couplé à des hausses de tarif d’Hydro-Québec; à la gaffe de Pierre Reid sur le financement des écoles juives et aux tergiversations entourant la localisation du futur CHUM ne sont rien pour aider. Encore dernièrement, le cafouillis honteux autour de la privatisation du Mont Orford en faveur d’amis du Premier Ministre a fait perdre encore des plumes aux Libéraux.

Bien que ralentis, il est illusoire de penser que les Libéraux en resteront là : les projets PPP et les baisses d’impôts, se traduisant inexorablement par une baisse des services, nous placent dans une situation ou l’unité intersyndicale et populaire est toujours souhaitable.

Victimes de leur propre turpitude, les libéraux n’ont finalement pas vraiment besoin de l’opposition en chambre pour démontrer leurs erreurs de jugement et leurs positions droitières. Heureusement, car ce n’est pas là que l’opposition s’est manifestée avec la plus grande conséquence.

Blessé par sa défaite électorale, le PQ a connu une grande période de repli sur lui-même. Période de réflexion sur son orientation : doit-il se camper à droite ou est-il la véritable gauche? Ouverture à un club SPQ-libre (syndicalistes et progressistes du Québec libre); course larvée à la chefferie et démission de Bernard Landry; course à la chefferie ou la gauche est battue à plate couture et élection d’un chef néo-libéral, André Boisclair.

Dès qu’il se retrouve à la direction du PQ, Boisclair annonce qu’il refusera d’abroger les lois anti-ouvrières adoptées par les Libéraux, incluant les décrets de la loi 142. Après n’avoir eu que le mot souveraineté dans la bouche après son élection pendant des mois, voilà qu’il prend ses distances du programme, notamment sur le moment de la tenue d’un référendum, à l’approche des élections. Finalement, il refuse dernièrement de se rallier à une résolution de son conseil national à l’effet de nationaliser l’énergie éolienne et fait profession de foi pour l’entreprise privée, au grand dam de SPQ-libre

De son côté, l’ADQ ressort laminée de la campagne de 2003. Elle perd tous ses députés après avoir mené dans les sondages. Elle réussira à faire élire quelques nouveaux députés dans la région de la Beauce. Cependant, elle profite un peu plus tard lors d’une élection partielle de la mobilisation de l’extrême-droite contre le retrait du permis de diffusion d’une station de radio locale par le CRTC. De façon assez surprenante, ce geste du CRTC permettra à l’extrême-droite de réussir au nom de la liberté d’expression de mobiliser 50 000 personnes dans une manifestation à Québec et plusieurs milliers ensuite à Ottawa. Plus tard, lors des dernières élections fédérales, cette mobilisation semble avoir profité aux conservateurs.


Le front uni de la gauche politique


Du côté de l’UFP, malgré l’appel de la direction à sa base (ayant prévu le coup) de ne pas se décourager au lendemain des élections d’avril 2003, le réveil fut quand même brutal. L’UFP n’obtint de justesse que 1% des voix, malgré une couverture médiatique plus importante que d’habitude, surtout dans les journaux de quartiers.

Dès avant l’élection provinciale de 1998, le PCQ-PCC s’était activement impliqué dans un processus devant conduire à un front uni électoral des forces de gauche. Nous nous appuyions en cela sur notre programme qui propose la construction d’alliances démocratiques populaires, anti-monopolistes et anti-impérialistes, ainsi que sur la position historique de notre parti de construire un parti fédéré de masse. Nous avions d’abord rallié en bloc les éléments nationalistes du PCQ qui avaient scissionné du PCC au début des années 90, pour ne former ainsi qu’un seul PCQ, lié au PCC et appuyant son programme. Nous avions ensuite activement entrepris des démarches de rapprochement auprès du Parti de la Démocratie Socialiste (auparavant le NPD-Québec) d’abord, ensuite du Rassemblement pour une Alternative Progressiste et finalement du Parti Vert du Québec. Nous avions appuyé l’initiative personnelle de Paul Cliche de se porter candidat lors d’une élection partielle dans le comté de Mercier sur la base d’être appuyé d’un large front uni des partis politiques de la gauche. Ce sont les résultats plus qu’appréciables de cette élection qui convaincront finalement la majorité des forces du RAP, le PDS et nous d’aller de l’avant et de mettre sur pied l’Union des Forces Progressistes. Cela fut même l’objet de la résolution principale adopter par notre dernier congrès (XIVième).

L’alliance de trois partis--RAP, PCQ, PDS--au congrès de fondation de l’UFP de juin 2002 visait à offrir aux Québécois un parti de gauche crédible, "des urnes et de la rue", en alternative aux partis bourgeois. La plate forme politique d’alors correspondait bien à un "programme minimum" de réformes axées sur les revendications syndicales et populaires du moment. Les grands thèmes : mondialisation néo-libérale, environnement/agriculture, vie démocratique, services publics / santé / éducation / famille, femmes, travail, régions, premières nations, fiscalité, immigration et question nationale et leur articulation par des revendications concrètes plaçait l’UFP sur un terrain résolument à gauche, exactement ou nous voulions qu’elle soit.

Tout en conservant notre propre point de vue sur la question nationale, à savoir que nous ne favorisons pas la souveraineté du Québec, nous du PCQ avions accepté de nous rallier à la position souverainiste de la majorité, à la condition que le projet de souveraineté serve le projet d’émancipation sociale qui était la priorité. Ne pas se rallier aurait signifié évidemment, que le PCQ se serait exclu de l’UFP, d’une part, et ce faisant, aurait d’autre part laissé triompher les courants nationalistes les plus étroits qui voient dans la souveraineté du Québec en elle-même l’accomplissement de la libération.

Ainsi l’UFP adopta notre proposition de compromis. En lien avec son programme, la résolution sur la question nationale distanciait les nationalistes purs et durs pour faire place à la question sociale qui prend ici la place prépondérante qui lui est due : "Les différentes composantes de l’UFP reconnaissent l’importance de la question nationale québécoise. L’UFP ne forme pas un bloc monolithique sur cette question ; la diversité de points de vue est un reflet de ce qui se passe dans l’ensemble de la gauche et des milieux progressistes québécois. Tous et toutes, au sein de l’UFP, s’accordent à dire que la solution à cette question nécessitera l’obtention de la souveraineté pour le peuple québécois. Ils s’entendent pour souligner le fait que la question nationale est liée à l’émancipation sociale.
- L’UFP propose l’indépendance nationale en favorisant l’émancipation sociale, l’équité et la justice sociale pour tous et toutes. L’indépendance n’est pas une fin en soi pour ceux et celles qui en font la promotion, mais un moyen pour réaliser notre projet de société. La souveraineté populaire s’exercera par la création de l’Assemblée constituante. Que le Québec organise l’élection d’une Assemblée constituante chargée de rédiger et de proposer au peuple, par référendum, une Constitution pour un Québec progressiste, républicain et démocratique.
- L’UFP appuie une conception moderne de la nation, définie comme étant la communauté humaine vivant au Québec, ayant le français comme langue officielle de communication dans les institutions et au travail, partageant un ensemble de lois et de conventions sociales, et riche de sa diversité culturelle.
- L’UFP reconnaît le droit à l’autodétermination des peuples aborigènes jusqu’à y compris leur indépendance."

La fusion de l’UFP avec Option citoyenne pour fonder Québec solidaire marque un progrès remarquable et historique de la gauche au Québec et dans lequel nous sommes comme PCQ pleinement impliqués, malgré les tentatives qui furent entreprises pour nous en exclure. Soulignons que les principales attaques contre nous furent le fait du renégat Parizeau qui avait mis en place les premiers jalons de sa campagne contre le PCQ alors qu’il occupait les fonctions de chef et de représentant du PCQ au sein de l’UFP.

Les luttes que nous avons menées au sein de l’UFP devront être continuées au sein de Québec Solidaire qui sera inévitablement traversé par des luttes de lignes: la volonté de faire des gains électoraux rapidement, la recherche de crédibilité, la tendance à donner la prépondérance à la souveraineté du Québec plutôt qu’au socialisme ou même la tendance à faire de la souveraineté du Québec la pierre d’achoppement de tout progrès social, tout ça comporte des risques considérables de dérapage vers la droite. En fait cela risque de nous ramener à un « PQ » du début des années 70. Or ce que nous percevons de notre point de vue comme un risque pourrait bien être pour d’autres l’accomplissement de leurs objectifs:
« C’est ce qui c’est fait en 1968, lors de la constitution du Parti Québécois. Depuis, il y a toujours dans le parti diverses tendances, celle plus « dure » issue du R.I.N., celle plus évolutive issue du mouvement Souveraineté- Association, puis aussi celles qui mettent le social avant le national, et l’inverse. Mais toutes ces tendances estiment que le changement s’obtiendra par la prise de conscience des Québécois eux-mêmes, dans le respect des institutions et sans recours à la violence….En fait, l’idée d’un parti « indépendantiste » qui serait en même temps dans la mouvance d’une social-démocratie à la scandinave (ce qui est le maximum de « progressisme » pour une gauche sérieuse en contexte nord-américain) tout cela répondait à de longues nostalgies et à des aspirations profondes. »
(René Lévesque, La passion du Québec, Éd. Québec-Amérique, 1978)
Or même à l’époque où il fut le plus réformiste, le PQ n’a jamais été autre chose qu’un parti bourgeois et il n’a jamais été un parti anti-monopoliste et anti-impérialiste.

Québec solidaire, en dépit de sa jeunesse, pourrait peut-être même recueillir un appui non-négligeable autour de 5 à 10 % sur le plan électoral si on se fie aux sondages. Il est possible que se soit finalement beaucoup moins, les électeurs décidant ultimement de battre les Libéraux, trop dommageables. Il est possible qu’il faille être beaucoup plus patient pour construire une véritable alternative de gauche. Ce qui est certain, c’est qu’il ne faut pas céder à l’impatience et défendre nos principes. C’est une chose sur laquelle le PCQ a l’intention d’être particulièrement vigilant.

À l’interne

Personne n’ignore dans le Parti que nous avons traversé une crise majeure. La scission qui en a résulté a presque’anéanti le travail que nous avions accompli depuis le dernier congrès.

Tous conviennent que la crise a surgit d’abord au niveau de la direction qui n’a pas bien assumer son rôle. En particulier, la direction n’a pas été capable de jouer son rôle de coordination. Elle a été incapable de mobiliser les membres et les cellules à travers un plan de travail déterminé pour réaliser les objectifs fixés par le congrès.

Cela n’a pas empêché que se fassent des réalisations importantes. Notons par exemple :

-Le rôle joué par le PCQ pour construire l’UFP.
-Notre contribution au mouvement pour la paix et contre la guerre en Afghanistan et en Iraq.
-Nos contributions pour promouvoir le mot d’ordre de grève générale dans le mouvement syndical.
-Nos contributions dans la lutte pour les services publics de santé.
-Nos campagnes électorales
-Le boycottage de McDonald
-La campagne pour un férié le 1er mai
-La soirée pour commémorer la grève de la United Aircraft
-Les soirées pour célébrer Che Guevara
-Le travail de soutien à Cuba
-La campagne d’abonnement de la Voix du Peuple
-Le développement du Parti dans la région de Québec
-Le Congrès du PCC à Montréal
-L’organisation de cortèges dans les manifestations et d’assemblées lors du 1er mai par exemple.
-Les activités du Club-vidéo.

Cependant, ces contributions étaient souvent le fait de l’initiative d’individus ou de quelques individus dans leur coin. Il y a eu de la difficulté à y impliquer l’ensemble du parti, à collectiviser et à partager les tâches.

La direction du Parti a été incapable de formuler un plan de travail concret. Le mieux qu’elle a réussi à faire fut d’aligner de nombreux objectifs sans faire une véritable analyse de notre capacité réelle de les réaliser. Face aux innombrables tâches que la vie met sur notre route, la production du journal fut délaissée pendant de longs moments. C’est autour de cette question que les contradictions se sont d’abord aiguisées entre le chef et le reste de l’exécutif.

Le style de direction qui fut exercé en fut un d’extrême centralisation des tâches, mais aussi des pouvoirs dans les mains du chef du parti, avec un exécutif ayant surtout une fonction formelle d’adopter et d’entériner les mandats. En moyenne l’exécutif, ne se réunissait qu’une vingtaine d’heures par année sur convocation du chef qui était seul maître d’œuvre de l’ordre du jour. Au-delà des individus qui composaient la direction, il y a eu une problématique dans notre conception des rapports entre le chef et le reste de l’exécutif qu’il faut revoir.

Un autre problème majeur fut le manque de cloisonnement des instances et de l’exécutif en particulier. Le bavardage contre des camarades afin de les calomnier ou de porter atteinte à leur réputation, et ce dans le but de les neutraliser en tant qu’adversaires potentiels fut semble-t-il une pratique courante.

Finalement, nous avons connu des transgressions graves des règles du centralisme démocratique commises par le chef, dans le but d’éliminer ses adversaires et d’imposer ses propres vues.

Ce fut le cas autour de la question de la souveraineté du Québec dont la promotion fut ouvertement faite en dépit de la position du Parti. Dans le cours des débats des dernières semaines précédant le congrès, le chef a ouvertement proclamé être appuyé par une majorité de nouveaux membres qui seraient souverainistes, alors que les conditions d’adhésion au Parti exigeaient d’appuyer le programme qui lui s’opposent au mot d’ordre de souveraineté.

Il est clair que Parizeau et consorts avaient constitué une fraction ayant sa propre discipline et sa ligne anti-parti. La chose est devenue claire lors du congrès-bidon d’avril 2005.

L’objectif de Parizeau au départ était d’obtenir du PCC une autorité complète sur la conduite du PCQ, tout en demeurant rémunéré par le PCC. Devant le refus du PCC de se laisser ainsi manipuler, il préféra alors déclarer rapidement la scission et lança ses attaques politiques contre le PCC et le PCQ. Cela était un plan B prévu d’avance.

La ligne politique de Parizeau est essentiellement l’opportunisme de droite. L’abandon des principes marxistes sur la question nationale, sur la notion de dictature du prolétariat (à Cuba), sur la notion de démocratie bourgeoise, sur la question de la lutte armée qu’il répudie complètement, etc, lui sert selon lui à devenir plus populaire auprès des forces réformistes et des directions syndicales. Pour lui la défense de nos principes c’est du gauchisme. En fait, Parizeau et consorts lancèrent leur attaque à fond de train contre le soi-disant gauchisme des membres de la direction qui demeuraient fidèles au programme du Parti pour couvrir leur propre virage opportuniste de droite. Le rapport politique personnel que Parizeau a soumis finalement au congrès-bidon d’avril 2005 ne rapporte aucun fait tangible un tant soit peu en mesure de soutenir sa critique. Il s’agit d’un ramassis de généralités à propos du « gauchisme », qui aurait presque pu être écrit en Chine au milieu des années 70, par la tendance de Deng Xiaoping contre ceux qu’ils appelaient « la Bande des Quatre » après la mort de Mao Zédong. Certaines de ses commentaires laissent deviner de possibles remises en question de certains principes marxistes-léninistes, comme la notion de « parti d’avant-garde », par exemple, mais rien qui soit très précis. Comme il est propre à tout opportuniste, Parizeau avait évité avant et lors du congrès-bidon d’exposer clairement l’ensemble de ses remises en question du programme du Parti, évitant tout débat de principes. Même à propos de la question de l’indépendance du Québec, il fit tout en son pouvoir, notamment en expulsant ses opposants, pour éviter le débat de fond qui n’eut finalement jamais lieu.

Après le départ et l’expulsion des marxistes-léninistes lors du congrès-bidon, le groupe qui resta formait une sorte d’auberge espagnole ayant comme programme principal d’appuyer l’indépendance du Québec. Par la suite, il semble que le départ de Pierre Klépock du groupe de Parizeau y ait affaibli le courant euro-révisionniste qui semblait s’y développer, pour laisser toute la place au trotskisme qui finalement semble bien avoir pris le dessus. C’est ainsi que depuis leur deuxième congrès qui s’est tenu à l’été 2006 après que le Directeur général des élections leur eut accordé d’être détenteur de notre nom, ils ne se présentent plus eux-même en tant qu’organisation « marxiste-léniniste » mais comme organisation « marxiste » uniquement, puisque selon eux, la notion de « marxisme-léninisme » serait une invention attribuable à Staline.

Bref, il s’avère que les divergences entre nous, le véritable PCQ, et le groupe de Parizeau ne portent pas uniquement sur une seule question politique mais sur l’ensemble de la ligne idéologique et politique.

Après la scission, nous nous sommes rapidement réorganisés. Nous avons mis sur pied diverses commissions en appui aux mandats de l’exécutif, de façon à impliquer les camarades. Nous avons pu produire 7 numéros de Clarté ainsi que des tracts lors de la guerre au Liban. Nous nous somme impliqués dans la campagne électorale fédérale et avons présenté deux candidats. Nous avons organisé trois assemblées publiques, avons participé à l’organisation des manifestations pour la paix, Nous avons organisé un camp d’été et remis sur pied une organisation de jeunesse.


Conclusion


Nous avons bien l’intention de continuer le travail entrepris. Dans la mesure de nos forces, nous allons continuer de nous impliquer dans les divers milieux où nous avons travaillé ces dernières années. Notre Parti ne se développera pas en vase clos mais fortement impliqué dans la lutte des classes. À cet égard, nous avons même l’intention de consolider notre travail au sein du mouvement ouvrier en développant des cellules d’entreprise où certains de nos camarades travaillent.

Mais nous sommes un petit groupe au Québec. D’ailleurs, beaucoup d’énergie et de ressources investies ont été gaspillées dans le contexte de la crise provoquée par le renégat Parizeau. À cette étape de notre développement, notre priorité se doit d’être notre travail d’agitation et de propagande. Nous allons continuer à produire notre journal Clarté et nous voulons développer notre travail avec notre site web.

Nous devons aussi tirer des leçons de nos erreurs et rectifier notre travail. L’une de ces erreurs est certainement le laxisme dont nous avons fait preuve dans les critères de ralliement de nouveaux membres à l’époque où André Parizeau était le chef du Parti. Certes, ce dernier poursuivait sans doute des objectifs personnels, mais il était aussi motivé par le désir d’être une organisation avec beaucoup de moyens, capable d’influer sur le cours de la vie politique, ce qui en soi, n‘est pas injuste. D’où l’emphase qu’il mettait sur les aspects quantitatifs et organisationnels au détriment des aspects qualitatifs et idéologiques. Plusieurs rallièrent le Parti sans vraiment adhérer à son programme, ni à sa ligne politique et idéologique. En fait, loin de populariser le programme du parti, c’est Parizeau qui finit par épouser celui des gens qu’il ralliait. C’est l’illustration même de l’opportunisme.

Le parti que nous voulons construire n’est pas simplement un autre parti de la gauche mais le parti qui est nécessaire pour que la classe ouvrière soit un jour capable d’accomplir son œuvre historique révolutionnaire, c’est-à-dire d’éliminer le système d’exploitation capitaliste et de construire une nouvelle société sans exploitation et sans oppression, le socialisme. Pour y arriver, il faut réunir un certains nombre de conditions, dont la première est d’assurer que le Parti se développe sur de solide assises idéologiques et politiques, adhère fermement à la théorie marxiste-léniniste.

C’est pourquoi nous avons l’intention non seulement de nous assurer que nos futurs membres adhèrent bien à notre programme, mais reçoivent aussi un solide formation marxiste-léniniste, pour devenir les cadres de la révolution. A cet égard nous avons bien l’intention d’organiser de façon régulières des cours et des formations théoriques sur le marxisme-léninisme, sur l’histoire du mouvement ouvrier, etc, et de mener la lutte contre les courants opportunistes.

Suite : Éléments de plan de travail adopté par le congrès

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